AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de jamiK


jamiK
15 février 2023
De Xavier Coste, J'avais vraiment trouvé l'adaptation de “1984” de George Orwell de très haut niveau. Il y avait une maturité graphique et narrative qui n'existait pas dans ses oeuvres antérieures. Je suis heureux de retrouver cette qualité dans “L'Homme à la tête de lion”. Il y a une agressivité sauvage dans le coup de crayon, tout en gardant un certain réalisme, la palette de couleurs joue sur les tons naturels, elle est très limité, une gamme d'ocres, quelques bleus, posée en couleur diluée ou en trames grossières pour accentuer le côté rétro. le blanc reste prédominant, pas de cadre pour les vignettes, les illustrations semblent libres de sortir de leurs cases… Ce qu'elle font de temps en temps, pour nous proposer des illustrations pleine page, ucomme une sorte de blast où les blanc disparaissent pour nous embarquer dans un lyrisme sauvage et brutal, avec l'animal, son emblême qui se confond alors avec le personnage lui-même. Pour moi, la beauté, c'est ça, du caractère qui ressort de l'image.


L'histoire se passe au début du XXe siècle, à une époque ou les “freaks” étaient à la mode dans les cirques, ces êtres aux malformations ou caractéristiques physiques très particulières. Hector est pourvu d'une pilosité qui le fait ressembler à un lion. On ne peut que penser au film de Tod Browning, “Freaks” (1932). On y retrouve d'ailleurs quelques membres du casting du film de Tod Browning, Schlitzie à la tête d'épingle, Johnny Eyck l'homme tronc, les soeurs Hilton, siamoises, et encore d'autres "freaks" réels. Ensuite, dans l'évolution du personnage, il y a un lien évident avec le film “Elephant Man” de David Lynch (1980). Hector Bribovski n'est pas non plus entièrement un personnage de fiction, il s'inspire d'un certain Stephen Bribovski ayant réellement existé. L'auteur en a changé le nom pour se permettre plus de liberté avec la réalité, et un destin encore différent.


Avec son graphisme rude et radical, on parvient à entrer dans ce monde cruel et ostracisant, dans cette époque difficile. Xavier Coste a créé un personnage au caractère en adéquation avec le thème, torturé entre l'envie de gagner convenablement sa vie financièrement, et la violence impudique et hypocrite de ce métier, et en conflit entre sa nature humaine, son envie de culture, face à son aspect sauvage et son caractère explosif.


L'histoire est bouleversante, d'une forte intensité, à l'image des deux films cités précédemment, Xavier Coste a su rythmer parfaitement son récit, y instaurer une tension dramatique et romanesque, pour nous troubler, nous toucher, nous émouvoir. Cette bande dessinée est dans la continuité de sa version de 1984, d'une grande force, magistrale. Bravo Monsieur Xavier Coste.
Commenter  J’apprécie          373



Ont apprécié cette critique (37)voir plus




{* *}