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Critique de bdelhausse


Michèle Cotta et Robert Namias... deux grands noms du journalisme politique hexagonal. Un thriller politique à 4 mains par d'aussi grosses pointures. On se dit que l'on va se régaler. Eh bien, pas tout à fait.

C'est loin d'être inintéressant, mais cela brasse pas mal de lieux communs à 50 cents le kilo.

Vu que les auteurs se basent sur le réel, on peut jouer à Qui est Qui? à l'aise. C'est chouette. François Berlau, le président de la France, jeune, smart, un peu soupe au lait, ayant réuni la droite et la gauche en tapant au centre et en détruisant toutes les factions... Cela vous parle? le premier ministre, le président du Sénat, l'opposition... On reconnaît sans peine les acteurs (même moi qui suis Belge) de la politique française. Les auteurs doivent avoir eu peur des réactions de Marine, le leader de l'extrême-droite est un homme (d'ailleurs, peu de femmes de pouvoir dans ce roman co-écrit par une femme... de pouvoir, justement). Ce leader, tout homme qu'il soit, est quand même (dans son caractère) fort proche de Marine.

Bien sûr, Cotta et Namias ne peuvent avoir raison sur tout. On ne le leur demande pas, d'ailleurs (donc pas de Zemmour). On peut reconnaitre (quand même) un certain talent visionnaire lorsque les auteurs pronostiquent le leader de la droite extrême au pouvoir, un certain Lassri dans le livre, qui n'est pas sans évoquer un Eric Ciotti (même pédigrée). Ou quand ils donnent le président américain Jackson (doublure de Donald) perdant à sa réélection.

Le pitch est très court: le président du Sénat est abattu de trois balles dans le dos. Puis un journaliste est explosé dans sa voiture. Viennent ensuite des révélations qui conduisent le président de la France à la démission, couvert de honte... On ne va pas plus loin.

On est d'ailleurs, avec ces 3 éléments, fort loin dans le roman. Au-delà de la moitié, à l'aise. C'est un problème pour moi. Les auteurs ont assez mal équilibré leur roman. On s'ennuie ferme (je parle pour moi) dans la première moitié. Les auteurs décrivent les rouages des niveaux de pouvoir, des médias... mais c'est long et lent. Vers la page 110-120, on décolle un peu. C'est plus vif. Et en fait le roman démarre en ce qui me concerne vers les 3/4... c'est là que l'on voudrait que les auteurs se lâchent. Mais il restent fort sages.

Qui dit thriller politique dit "intrigues complexes à rallonge", "jeux de pouvoir", etc. Comme dans Ludlum ou Chesbro. Je ne suis pas fan des thrillers politiques, mais quand c'est bien foutu cela punche un max. La déstabilisation d'un état par un autre, c'est fascinant et angoissant. Ici, franchement, on est loin de Ludlum. Tout est raconté de loin (sauf quelques dialogues, plutôt bien ficelés, qui font encore plus regretter leur amère absence), de façon "omnisciente". Il y avait mieux à faire. Y compris dans la structure du roman, assez linéaire, et manquant clairement de suspense.

Le titre est un peu perturbant, car même si les fake news sont au coeur du roman, on est au-delà de ce que l'on entend par fake news. Autre point problématique, mais tellement révélateur d'un esprit "français": l'absence de l'Europe en tant qu'entité. Je suis un europophile convaincu et je ne pense pas qu'au vu des événements de politique-fiction décrits dans ce roman, l'Europe serait restée inactive.

Je m'en voudrais de clore sans mentionner le roman de Ribert Lindsey, "The Falcon and the Snowman", basé sur des faits réels et non traduit en français si je ne m'abuse, et qui a conduit au film "Le Jeu du Faucon" avec Timothy Hutton et Sean Penn. Fake news n'est pas sans évoquer ces manipulations visant la Sûreté de l'Etat. Dans le roman de Lindsey, on évoque le Chili d'Allende, ou la chute du gouvernement "travailliste" australien en 1975. Dans ce dernier cas, une partie des élites australiennes étaient de mèche. Cotta et Namias ne vont pas jusque là dans leur roman, présumant de la dignité et de la probité de la classe politique (et financière) française. Je ne m'aventurerais pas sur ce terrain. Mais je pense que sur base du scénario de Fake news, il y avait matière à édifier bien davantage le lecteur et lui faire réellement peur avec des fakes news... car les acquis démocratiques sont fragiles et peuvent être remis en question fort rapidement.
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