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Critique de marielouiseleontine


« Je suis à la misère ce que cinq heures du soir en hiver sont à l'obscurité: il fait noir mais ce n'est pas encore la nuit. »

La précarité de l'emploi, ce n'est pas un sujet nouveau, ni très gai, mais il est rarement abordé par les artistes, préférant proposer une image Instagramable de leur vie pleine de paillettes, cocktails et paradis tropicaux. Avant d'entrer dans le monde de l'édition, Franck Courtès fût photographe indépendant pendant une vingtaine d'années et n'avait pas à s'inquiéter de ses fins de mois. Après ce qu'il analyse maintenant être un burn-out, il a rangé ses appareils et a tiré un trait sur un métier générant de plus en plus d'humiliations et de déceptions.

(...) j'avais rencontré le rédacteur en chef. L'homme, plutôt sympathique, m'avait dit alors sans sourciller qu'en réalité certaines factures ne se perdaient pas, mais qu'il choisissait de ne pas les payer. Il réglait celles des grandes agences, avec qui il ne voulait pas se fâcher, mais pas des indépendants."

Ce récit égrène au fil des pages des anecdotes sur cette nouvelle vie, choisie et assumée, dans laquelle l'artiste qu'il était est devenu manoeuvre, gagnant ses quelques euros quotidiens à la force de ses bras afin de dégager du temps pour ce qui le fait dorénavant vibrer : l'écriture.
Via La Plateforme, réseau en ligne, fruit du néolibéralisme où la concurrence est rude, il trouve des travaux à exécuter, s'improvisant chauffeur, jardinier, bricoleur, mais surtout y laissant sa santé. Il raconte les sans-papiers, la pauvreté au quotidien, les souffrances endurées, le regard des autres, l'incompréhension de ses proches.
Sur La Plateforme, on n'est qu'un prénom, telle une fille de joie dans un bordel, on vend son corps pour des travaux, on charrie des sacs de gravas tel un forçat. Franck Courtès, c'est un peu Aubenas chez les hommes à tout faire sans le retour à la vie « normale ».

Ne vous méprenez pas, aucun misérabilisme dans ces pages, mais un rappel de la valeur réelle de l'argent et une formidable démonstration de la nécessité d'écrire, au-delà de tout.
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