C’est de l’amour virtuel. Ça commence par des clics et ça fini par des claque.
Anaïs se rappela soudainement le tableau Guernica de Picasso qu’elle avait vu lors d’un week-end à Madrid organisé par le lycée. La sensation de mal-être qu’elle avait éprouvée à la vue des femmes désarticulées qui pleuraient et hurlaient lui revint à l’esprit. Sans qu’elle en ait eu alors conscience, cette toile qui dénonçait le bombardement de la ville de Guernica pendant la guerre espagnole faisait écho à sa propre histoire familiale.
Elle sourit en repensant à ses souvenirs heureux. C’était le temps de l’innocence. L’époque où elle ne se rendait pas encore compte qu’elle ne reverrait plus jamais son arrière-grand-mère. La mort n’était alors qu’une réalité lointaine et impalpable. Comme elle aurait aimé garder ce regard naïf propre à l’enfance!
Elle était cartésienne et les horoscopes des magazines féminins ne représentaient pour elle qu’un vaste tissu de mensonges, mais elle connaissait cependant son ascendant et son numéro astral ; et il lui arrivait même de vérifier la compatibilité du signe astrologique de l’homme avec qui elle sortait. Un des traits paradoxaux de son caractère…
« Quel parfum ! Quel parfum ! » Ces seuls mots me rendaient rouge de plaisir ou peut-être de fierté. Je savais que c’était la fleur d’oranger qui me valait ce compliment. Les oranges, que mon père cultivait de génération en génération, étaient indispensables pour réaliser ma passion. À vrai dire, elles étaient mes fidèles complices chaque jour. Cette fameuse ensaïmada que mes clients savouraient si avidement était délicieusement enroulée comme un ruban d’une couleur dorée à faire pâlir le soleil, à peine embrumée d’un léger voile de sucre glace.
Lorsque mon esprit se troublait et que mes réflexions me donnaient une sensation d’étouffement, je sortais voir la mer. Je voulais m’isoler du bruit des pas et des grincements des portes de l’hôtel. Je trouvais rarement un soulagement, tourmentée par mes pensées, et pleurais souvent en cachette.
Le feu symbolise la purification et la rénovation de la vie, le triomphe du bien sur le mal.
Cette guerre était interminable. On faisait la queue pour une bouchée de pain. Il y avait les restrictions, les quarts de litre d’huile, de farine…
La vie remplaçait si vite la mort. Il y avait une sorte d’énergie contradictoire entre les naissances et les enterrements sur l’île. La douleur était encore trop vive pour pouvoir sourire. J’avais perdu ma meilleure amie, ma sœur de cœur.
À vrai dire, elle avait collectionné les dons Juans, les radins, les jaloux, les puérils, les menteurs, les psychorigides, les collectionneurs… de femmes. En bref, tous les profils à éviter. Désormais célibataire, elle éprouvait une grande sensation de liberté.