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Critique de Lamifranz


« le porte-bonheur », publié en France en 1975, est un recueil de douze nouvelles, écrites tout au long de sa carrière, éditées pour la plupart dans des journaux, et recueillies ici en hommage à l'auteur. Celui-ci mourut quelques années plus tard, le 6 janvier 1981, à Montreux (Suisse) à l'âge de 84 ans. Ce recueil, et le roman « le Chant du Paradis » (écrit en 1975), constituent ses dernières productions littéraires.
D'une grande variété, ces petites histoires, ou contes, ont un point commun : le regard tour à tour ironique, amusé, compatissant de l'auteur sur ses contemporains ; et particulièrement sur certains – et certaines, que la vie a plus ou moins malmenés : un gamin des rues (Kitch, c'est lui le « porte-bonheur » qui donne son titre au premier récit, puis au recueil) ; des hommes et des femmes aux bord du gouffre, mais qu'un miracle vient sauver in extremis ; des êtres qui donnent tout pour leur prochain… et d'autres qui se déchirent à belles dents !
Certes il y a, chez Cronin, une espèce de christianisme social (tout jeune il a été confronté aux guerres de religion entre catholiques et protestants), et aussi une sorte de socialisme militant (il a connu très tôt les injustices criantes dans les mines du Pays de Galles), ce qui , chez certains lecteurs, crée un a priori d'auteur un peu dépassé, sentimental, fleur bleue… A priori, seulement : vous ne trouverez pas chez Cronin d'apologie d'une quelconque religion, ni idéologie, ni aucun prosélytisme. Seulement la preuve d'un grand humanisme, et d'une grande humanité. de la même façon, même si le style est un peu daté (son premier roman « le Chapelier et son château » date de 1931 !), vous ne trouverez pas chez Cronin ce côté cucul-gnangnan qu'on peut retrouver chez beaucoup d'autres auteurs : Cronin est un auteur réaliste, qui dresse un tableau peu flatteur de l'économie anglaise – et donc de la politique – dans les années 30, 40 et 50 (par la suite les romans, même s'ils sont toujours aussi intéressant, penchent plus vers le romanesque, et la critique sociale se fait plus discrète…
« le porte-bonheur » a aussi cet avantage, c'est de rappeler au détour d'une histoire certains personnages déjà croisés dans des romans antérieurs : Olwen Davies, l'infirmière au grand coeur, ressemble fort à Anna Lee l'héroïne de « Deux soeurs », et Martha Lang, la mère au coeur de pierre, est le sosie de Martha Stirling, la mère de Duncan dans « Les Années d'illusion » (Cronin n'a même pas pris la peine de changer le prénom !).
Toutes les nouvelles de ce recueil sont remarquables, mais il convient de faire une place particulière à la dernière « L'auberge de la belle étoile » (« The Innkeeper's wife », c'est-à-dire « La femme de l'aubergiste ») : il s'agit d'un conte de Noël, et pas n'importe lequel ; c'est l'histoire de la femme d'un aubergiste qui n'a plus de chambre pour deux clients. Au fait, précision importante : on est en l'an Zéro avant… euh je veux dire pendant Jésus-Christ, et les deux clients s'appellent Joseph et Marie.
Cette chronique a pour moi un parfum particulier : c'est la dernière que je fais pour cet auteur que j'aime beaucoup. J'ai épuisé les livres de ma bibliothèque le concernant, et, à moins de nouveautés concernant des livres pas encore traduits, ou les quelques rares dont je n'ai pas trouvé une édition courante, je n'aurai pas de sitôt le plaisir et le bonheur – et quelque part aussi le privilège – de chroniquer sur mon ami Archibald. Si sur les 23 chroniques que j'ai consacrées à Cronin, quelques-unes vous ont donné envie de mieux connaître ce merveilleux romanciers, j'en serai fort réjoui, parce que vraiment, il en vaut la peine !
So long, Archie
Et merci pour tout !
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