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Critique de florigny


Amanda Cross, première femme titulaire d'une chaire d'anglais à l'Université Columbia, est aussi une spécialiste de l'histoire de la condition des femmes dont les travaux sont toujours, hélas, à l'ordre du jour dans un monde arc-bouté sur ses croyances rétrogrades. J'ignore si cette piqûre de rappel est utile, mais je la fais en préambule de ce court avis sur Justice poétique, où elle met une nouvelle fois en scène et en selle, Kate Fansler, son héroïne fétiche, brillante universitaire à New-York, dans les années 70, après que le vent d'une révolte étudiante issue de Berkeley en pleine guerre du Vietnam, a nécessité une complète restructuration des universités américaines.


Kate, infiniment sympathique, est nommée présidente du jury d'une soutenance de thèse sur Wystan Hugh Auden, ce curieux poète qui a voyagé en Chine, s'est rendu en Espagne en 1937 pour y être ambulancier, ce qui n'était pas vraiment dans cette période troublée, un voyage d'agrément, et a contracté un mariage de convenance avec la fille lesbienne de Thomas Mann, lui-même homosexuel. Kate n'est pas n'importe qui, elle trimballe avec elle de belles idées humanistes et progressistes qu'elle n'abandonne jamais, même lorsqu'elle se retrouve bloquée dans les ascenseurs de son université, qui ne fonctionnent plus, faute de crédits, faute d'entretien, faute de tout.


Il y a bien un mort douteux dans ce roman, puisque nous sommes dans un polar, le pôvre collègue de Kate, décédé après avoir cru ingurgiter de l'aspirine. Mais l'intérêt n'est pas dans ce malheureux décès qui ne sert que de prétexte à Amanda Cross, pour livrer à ses lecteurs dans un exemplaire polar littéraire, une impeccable exégèse de l'oeuvre et de la vie d'Auden.


Je laisse la parole pour conclure à Claude Chabrol, qui a signé la courte préface de ce roman : “Mais, me direz-vous, tout cela n'est-il pas un peu snob ?” Sans doute. Mais Amanda Cross s'est elle-même posé la question : “Certains trouveront peut-être mes livres snobs. Mais j'ai décidé que c'était inévitable”. Sans doute s'en fout-elle éperdument, Claude Chabrol dixit pour mon plus grand plaisir, avec son humour et son cynisme salutaires qui n'ont pas été remplacés depuis son départ éternel.
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