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Citations sur Hozho, peintures de guérison des Indiens Navajo (9)

Il conviendrait que, sur le vivant, l'expérience médicale a forcément bien davantage de choses à dire que la vie monastique ou la mécanique des corps célestes ! La réponse est celle-ci : « L'organisme sain cherche moins à se maintenir dans son état et son milieu présents qu'à réaliser sa nature. Or cela exige que l'organisme, en affrontant des risques, accepte l'éventualité de réactions catastrophiques. L'homme sain ne se dérobe pas devant les problèmes que lui posent les bouleversements parfois subits de ses habitudes, même physiologiquement parlant ; il mesure sa santé à sa capacité de surmonter les crises organiques pour instaurer un nouvel ordre. »
La vie n'est pas conservation, repli, renoncement, mais réalisation, conquêtes, passages, constructions. Voilà ce qu'enseigne l'expérience médicale forte de cette évidence : la guérison n'est pas retour en arrière ; on ne retrouve jamais l'état antérieur de santé ; il faut non pas faire avec, comme on dit, mais s'enthousiasmer de cette idée car « guérir, c'est se donner de nouvelles normes de vie, parfois supérieures aux anciennes ». Il en découle « la priorité de l'infraction sur la régularité ». Celui qui ne tombe jamais malade, qui ne commet donc jamais d'infraction, ne serait-il pas tout simplement celui à qui l'occasion de tomber malade ne s'est jamais présentée, vivant comme il le fait dans la monotonie et l'uniformité ?
p. 54
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Lori Arviso Alvord ; (première femme chirurgien “Navajo”).
Même si, lorsque j'opère*, je me concentre sur un organe en particulier, j'essaie de ne jamais perdre de vue la personne entière — ses organes, sa raison, son esprit, l'harmonie de l'être entier.
« J'ouvre une personne
Je place mes mains à l'intérieur de son corps.
Je touche des lieux si privés que cette personne elle-même ne les a jamais vus. »
À l'hôpital de Gallup, j'ai appris à accéder au territoire le plus personnel qui existe au monde. De jour en jour, je faisais de plus en plus attention à ne pas manquer de respect à ce territoire. C'était un honneur d'avoir la confiance de mes patients Navajo. Que je me penche sur la membrane brillante qui enveloppe les muscles d'une personne ou sur le péritoine blanchâtre qui entoure d'un fin tissu certains organes et la cavité abdominale, ou que j'examine une vésicule biliaire ou un appendice enflés, j'éprouve, invariablement, un sentiment de respect et de vénération. Nous, chirurgiens, voyageons vers ces terres avec un visa spécial...
p. 41
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On parle de l'éclair, des flèches, des morsures de serpent... Encore faut-il s'entendre. Devant nous, un important homme médecine d'aujourd'hui, Sam Begay, interrogé par des médecins français, tint à pointer du doigt ce facteur de déclenchement de maladies graves, « la foudre ». Puis, devant les yeux ébahis de ses collègues occidentaux, il précisa que, par foudre, il entendait, bien sûr, jusqu'aux chocs et traumatismes psychologiques capables de frapper de façon fulgurante tout individu. Alors, le système immunitaire vacille, l'individu perd foi en lui-même. Le mal paraît s'attaquer aux sources mêmes de la vie. Comment comprendre que des peintures rares du Projectile soient réalisées après une « éclipse », sinon en considérant qu'une éclipse peut être le décès d'un être cher. N'est-ce pas une source de chaleur qui s'éteint ? Dans les témoignages dont nous disposons, on confirme qu'on fit appel à cette cérémonie pour une personne ayant par exemple perdu « l'ambition » de vivre.
p. 67 et 68

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« Hozho-Naayee »-Peintures de guérison des Indiens Navajo, Sylvie Crossman et J.-P. Barou, Indigène éditions © mai 2002
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Pour les Navajo, les êtres surnaturels, dans le sens conventionnel du terme, n'existent pas. Ils entre-tiennent des relations très variées avec des phénomènes humains qui ne sont pas visibles, y compris avec ce que les Occidentaux désignent sous le terme de “fantômes”. Mais dans l'esprit des Navajo, ces êtres sont des humains (ancêtres) qui ont pu, un jour, être visibles, mais qui ne le sont plus. De même, les Navajo n'ont pas de dieux. Ils ont ce qui a été traduit par cette expression d' « Êtres sacrés » (diyin dine'é) mais là encore, ceux-ci sont des individus qui ont un jour côtoyé les gens ordinaires (nihookaa dine'é) mais qui maintenant occupent de manière invisible les sites sacrés et autres parties éloignées de la terre Navajo. Il n'y a certainement pas, chez les Navajo, de dieu unique et primordial ou de grand Esprit qui serait la cause de tout. De même, il n'y a ni paradis ni enfer, et les récompenses d'une bonne vie sont dans sa longévité et sa beauté (sa'ah naaghai bikeh hozho). Une courte vie laide est une vie remplie de maux et de maladies. Aux yeux des Navajo, c'est la manifestation d'une vie qui n'aurait pas été suffisamment attentive à l'ordre local.
Chez les Navajo, la causalité est entre les mains des individus.
p. 45 et 46
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Les Navajo n'excluent évidemment pas les causes ou les manifestations organiques. Mais ils pensent que les virus frappent plus facilement un être ébranlé dans sa beauté intérieure. Son immunité est affaiblie. Pour schématiser, nous aidons le virus à pénétrer et en recevant ces œuvres de beauté, en travaillant à reconquérir l'état de beauté/santé ou “hozho”, nous nous donnons les moyens de reconquérir pleinement un nouvel équilibre, de nous refaire une nouvelle santé.
p.28
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Les cérémonies mettent en scène l'histoire de la création, elles évoquent comment le monde s'est mis en place, comment les planètes, une fois placées, se sont mises à bouger dans l'univers et à se comporter selon un certain ordre. Elles ont interagi avec le ciel. Il en est jailli une force, une énergie. Tout ce qui est vivant s'accorde à ces lois naturelles, y est rattaché, tout se déroule selon des cycles. Il y a l'aube qui apparaît à l'est. Puis le jour, puis le crépuscule et la nuit. La lune aussi a quatre phases. Les tribulations de l'être humain, à travers le monde, ont formé sa conscience. Il a évolué, été confronté à ces forces, il a souffert quand il les a transgressées, la maladie est venue, il l'a surmontée. Il a rencontré des situations semblables à celles que nous rencontrons dans nos vies. Les cérémonies, c'est cela, la mise en scène de ces expériences.
Au centre, viennent les peintures de sable. Elles sont la mémoire de ces événements. Elles font advenir ces histoires. Elles nous permettent de nous mêler à ces événements.
p.18
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Dans la philosophie Navajo, tout a deux faces de même que dans l'univers deux forces sont en jeu. L'une a une nature douce ; c'est la beauté, la sensibilité, le calme. C'est le féminin. La femme préserve cette abondance. L'autre force en jeu possède une nature destructrice. On lui associe des termes comme agressivité, guerre, brutalité. C'est le masculin qui les incarne. Il y a du mal, et il faut l'utiliser en petite quantité mais l'utiliser quand même.
Hozho est féminin. Naayee est masculin. C'est ainsi que la nature est structurée. Le ciel est mâle : la foudre, le soleil, les tornades, les cyclones. La terre est du côté du féminin : elle est plus douce, moins rageuse, moins guerrière. Certes, il y a les tremblements de terre mais ils sont assez rares. Car la nature féminine possède aussi sa part de naayee, sa part d'agressivité, de destruction mais en petite quantité, de même que le masculin contient sa part de douceur mais en proportion moindre.
Ainsi vivons-nous dans un subtil dosage de beauté et de laideur. Mais il faut éviter de laisser naayee l'emporter. Nous avons notre part de naayee, les armes nucléaires c'est du naayee, mais à condition de les utiliser à titre de prévention, pas de céder à leur utilisation. On peut se servir du mal pour protéger la beauté et jamais l'utiliser en soi, pas le mal pour le mal.
p. 17
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Les Navajo font de la perte d'un état d'équilibre intérieur la cause première de nos maux. Leurs cérémonies vont et viennent entre l'état “d'hozho”et “naayee” et qui n'est pas tout à fait son contraire. La beauté — elle est loin d'être purement formelle — résulterait d'un état de tension entre l'ascension et la chute, l'équilibre et le chaos, et — qui sait ? — entre nos globules rouges et nos globules blancs, dans cette conquête quotidienne de notre vie qui est le propre du vivant et non de l'inerte. Entre la raison et l'insaisissable passion d'être, de connaître.
Selon Georges Canguilhem, tout à la fois grand médecin, philosophe et résistant, l'homme vérifie sa capacité de vivre, à celle de prendre le risque de tomber malade mais sans oublier de guérir et de se donner à lui-même de nouvelles normes de vie. Lui aussi semble tendre la main aux soins Navajo...
p. 15
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La « Voie de la Nuit »
Sa beauté est cruciale. Les dieux ne répondent qu'à l'appel de la beauté, de leur beauté...
p. 50
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