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EAN : 9782911939402
96 pages
Indigene (18/06/2002)
4.25/5   2 notes
Résumé :
Jamais encore n'avaient dialogué, comme ils le font dans cet ouvrage, des hommes et femmes médecine Navajo et des représentants de la médecine occidentale. Mais, plus surprenant encore, c'est que des peintures de sable aux titres aussi évocateurs que Femme Changeante, Porteurs des Quatre Directions, Garçon Goutte de Rosée... puissent favoriser pareille rencontre. Réalisées par les " médecins " Navajo dans le cadre de complexes cérémonies de guérison, elles incarnent... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique

"Car le rêve de Fred Stevens, c’était de voir ses oeuvres exposées dans un musée afin que d’autres puissent partager la culture Navajo." (9)

Ce catalogue d’exposition comporte de nombreuses illustrations, ce qui en fait sa richesse. Ce sont toutes de peintures de sable de Fred Stevens II, le premier hataalii à les avoir fixées sur support. Son style est porté par une grande clarté, un équilibre apaisant et une belle harmonie dans les couleurs, ce qui m’a donné envie de les reprendre en broderie. En faisant des recherches, je me suis rendue compte que ses peintures sèches comportaient beaucoup de gris et peu de bleu, ce qui est inhabituel. Peut-être un choix de l’Écureuil gris (qui était son surnom) pour transférer ce symbolisme du sol des hogans aux murs des musées en les désacralisant par des erreurs ou une neutralité volontaires.

"Vivre, c’est rencontrer la maladie mais c’est rencontrer aussi le pouvoir de guérir." (19)

On entend la voix de praticiens navajo, puis celle de ceux pratiquant la médecine occidentale. Parfois les deux se mêlent. Les textes sont surtout axés sur la guérison, la globalité des facteurs qui la soutiennent.

Une frustration naît du manque d’explications concernant le symbolisme des peintures. Sept Voies sont évoquées, mais surtout sous l’angle mythologique. Très peu d’un point de vue graphique.

"On ne survit pas dans le désert avec la raison seule. C’est une condition nécessaire : la déraison nous conduirait à l’abandon, à la défaite; mais pas suffisante : la raison ne saurait seuls combler le vide de l’espace, du temps. Que faire en effet une fois accomplies les tâches que la raison réclame ? Que faire quand rien n’est à faire, et que cette évidence s’étend sur toute une vie ? Méditer, axer son esprit sur les grands tracés de la nuit, faire de la connaissance un voyage intérieur, créer de la beauté, déployer sur des hectares de grandes peintures de sable..." (14)

Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Ce livre en format (23cm H. et 24 L.) est plein de prodigieuses reproductions de “mandala de sable” dit de “guérison” de la tradition médicinale des Dine'é*, ayant fait l'objet d'une exposition en juin 2002 à la Galerie des hospices, à Limoges
Le mandala de sable chez les Athabascans, est époustouflant ! Pratique des "Saints-hommes" ou “ hataamii ” (homme ou femme médecine), englobant la dimension spirituelle et holistique de l'humain, ces cérémonies avec leur support de symbolique incarnent l'état intérieur "hozho" qui surgit quand tout est à sa juste place. Hozho de nature féminine a son corollaire "Naayee" énergie mâle ; c'est de l'alchimie d'équilibre des deux que survient l'harmonie de l'ordonnance de toute chose.
Georges Canguilhem (philosophe et médecin Français du XXe) dans sa contribution explique qu'entendu en ce sens la vie saine de l'humain à travers les étapes de crises et de maladies, est une quête vers sa beauté intérieure (sa'ah naaghai bikeh hozho), et que les soins et la consolidation portent vers l'instauration d'un nouvel ordre du couple “hozho”/“Naayee”.
Voilà une approche toute autre que celle dont nous avons hélas trop l'habitude sociétale d'utilitarisme, de considérer comme systématiquement négative, car cela “dérange” le timing de la rentabilité, et que cela “dérange” tout court l'idée que nous nous faisons de notre vie !
« Vivre, c'est rencontrer la maladie, mais c'est rencontrer aussi le pouvoir de guérir », souligne l'anthropologue Navajo Harry Walters.
Quand à Lori Arviso Alvord (première femme chirurgien “Navajo”), elle nous confond d'admiration dans sa profonde éthique de praticienne, à tel point que cela devrait être inscrit dans le serment d'Hippocrate des médecins, quand bien même cela serait sous-entendu, mais sur le terrain cela se perd souvent derrière d'autres impératifs plus immédiats !
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* Athabascans, les Dineh (peuples). Ils furent dénommés péjorativement "navajo" par les colons espagnols au XVIIIe, ce terme signifiant "ceux qui ont des couteaux", en référence à ces tribus qui coupaient les liens qui attachaient les chevaux des envahisseurs, se les appropriant.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Il conviendrait que, sur le vivant, l'expérience médicale a forcément bien davantage de choses à dire que la vie monastique ou la mécanique des corps célestes ! La réponse est celle-ci : « L'organisme sain cherche moins à se maintenir dans son état et son milieu présents qu'à réaliser sa nature. Or cela exige que l'organisme, en affrontant des risques, accepte l'éventualité de réactions catastrophiques. L'homme sain ne se dérobe pas devant les problèmes que lui posent les bouleversements parfois subits de ses habitudes, même physiologiquement parlant ; il mesure sa santé à sa capacité de surmonter les crises organiques pour instaurer un nouvel ordre. »
La vie n'est pas conservation, repli, renoncement, mais réalisation, conquêtes, passages, constructions. Voilà ce qu'enseigne l'expérience médicale forte de cette évidence : la guérison n'est pas retour en arrière ; on ne retrouve jamais l'état antérieur de santé ; il faut non pas faire avec, comme on dit, mais s'enthousiasmer de cette idée car « guérir, c'est se donner de nouvelles normes de vie, parfois supérieures aux anciennes ». Il en découle « la priorité de l'infraction sur la régularité ». Celui qui ne tombe jamais malade, qui ne commet donc jamais d'infraction, ne serait-il pas tout simplement celui à qui l'occasion de tomber malade ne s'est jamais présentée, vivant comme il le fait dans la monotonie et l'uniformité ?
p. 54
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Lori Arviso Alvord ; (première femme chirurgien “Navajo”).
Même si, lorsque j'opère*, je me concentre sur un organe en particulier, j'essaie de ne jamais perdre de vue la personne entière — ses organes, sa raison, son esprit, l'harmonie de l'être entier.
« J'ouvre une personne
Je place mes mains à l'intérieur de son corps.
Je touche des lieux si privés que cette personne elle-même ne les a jamais vus. »
À l'hôpital de Gallup, j'ai appris à accéder au territoire le plus personnel qui existe au monde. De jour en jour, je faisais de plus en plus attention à ne pas manquer de respect à ce territoire. C'était un honneur d'avoir la confiance de mes patients Navajo. Que je me penche sur la membrane brillante qui enveloppe les muscles d'une personne ou sur le péritoine blanchâtre qui entoure d'un fin tissu certains organes et la cavité abdominale, ou que j'examine une vésicule biliaire ou un appendice enflés, j'éprouve, invariablement, un sentiment de respect et de vénération. Nous, chirurgiens, voyageons vers ces terres avec un visa spécial...
p. 41
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Dans la philosophie Navajo, tout a deux faces de même que dans l'univers deux forces sont en jeu. L'une a une nature douce ; c'est la beauté, la sensibilité, le calme. C'est le féminin. La femme préserve cette abondance. L'autre force en jeu possède une nature destructrice. On lui associe des termes comme agressivité, guerre, brutalité. C'est le masculin qui les incarne. Il y a du mal, et il faut l'utiliser en petite quantité mais l'utiliser quand même.
Hozho est féminin. Naayee est masculin. C'est ainsi que la nature est structurée. Le ciel est mâle : la foudre, le soleil, les tornades, les cyclones. La terre est du côté du féminin : elle est plus douce, moins rageuse, moins guerrière. Certes, il y a les tremblements de terre mais ils sont assez rares. Car la nature féminine possède aussi sa part de naayee, sa part d'agressivité, de destruction mais en petite quantité, de même que le masculin contient sa part de douceur mais en proportion moindre.
Ainsi vivons-nous dans un subtil dosage de beauté et de laideur. Mais il faut éviter de laisser naayee l'emporter. Nous avons notre part de naayee, les armes nucléaires c'est du naayee, mais à condition de les utiliser à titre de prévention, pas de céder à leur utilisation. On peut se servir du mal pour protéger la beauté et jamais l'utiliser en soi, pas le mal pour le mal.
p. 17
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Pour les Navajo, les êtres surnaturels, dans le sens conventionnel du terme, n'existent pas. Ils entre-tiennent des relations très variées avec des phénomènes humains qui ne sont pas visibles, y compris avec ce que les Occidentaux désignent sous le terme de “fantômes”. Mais dans l'esprit des Navajo, ces êtres sont des humains (ancêtres) qui ont pu, un jour, être visibles, mais qui ne le sont plus. De même, les Navajo n'ont pas de dieux. Ils ont ce qui a été traduit par cette expression d' « Êtres sacrés » (diyin dine'é) mais là encore, ceux-ci sont des individus qui ont un jour côtoyé les gens ordinaires (nihookaa dine'é) mais qui maintenant occupent de manière invisible les sites sacrés et autres parties éloignées de la terre Navajo. Il n'y a certainement pas, chez les Navajo, de dieu unique et primordial ou de grand Esprit qui serait la cause de tout. De même, il n'y a ni paradis ni enfer, et les récompenses d'une bonne vie sont dans sa longévité et sa beauté (sa'ah naaghai bikeh hozho). Une courte vie laide est une vie remplie de maux et de maladies. Aux yeux des Navajo, c'est la manifestation d'une vie qui n'aurait pas été suffisamment attentive à l'ordre local.
Chez les Navajo, la causalité est entre les mains des individus.
p. 45 et 46
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On parle de l'éclair, des flèches, des morsures de serpent... Encore faut-il s'entendre. Devant nous, un important homme médecine d'aujourd'hui, Sam Begay, interrogé par des médecins français, tint à pointer du doigt ce facteur de déclenchement de maladies graves, « la foudre ». Puis, devant les yeux ébahis de ses collègues occidentaux, il précisa que, par foudre, il entendait, bien sûr, jusqu'aux chocs et traumatismes psychologiques capables de frapper de façon fulgurante tout individu. Alors, le système immunitaire vacille, l'individu perd foi en lui-même. Le mal paraît s'attaquer aux sources mêmes de la vie. Comment comprendre que des peintures rares du Projectile soient réalisées après une « éclipse », sinon en considérant qu'une éclipse peut être le décès d'un être cher. N'est-ce pas une source de chaleur qui s'éteint ? Dans les témoignages dont nous disposons, on confirme qu'on fit appel à cette cérémonie pour une personne ayant par exemple perdu « l'ambition » de vivre.
p. 67 et 68

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« Hozho-Naayee »-Peintures de guérison des Indiens Navajo, Sylvie Crossman et J.-P. Barou, Indigène éditions © mai 2002
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