- Je ne te vois pas, mais je te sens, Royal, et tu es magnifique.
Putain de merde, il était bon. Entre ses mots et ce qu'il était en train de faire avec ses doigts, en plus du frottement incessant de son corps dans le mien, j'étais finie.
Je t'aime, Royal. Je t'aime assez pour vivre pour toi, me réveiller pour toi, vivre dans l'instant tant que tu y es avec moi. Je t'aime assez pour te donner tous les sales secrets, que j'ai et te dire toutes les chose horribles que j'ai faites, et comment ces choses ont laissé des traces dans mon âme. Je t'aime d'une façon qui me donne envie d'être plus que ce que j'ai jamais été, mais je t'aime aussi assez pour vouloir te protéger des choses quand je sais qu'elles vont te faire souffrir. Si tu m'aimes autant et que tu me fais assez confiance pour te cacher des choses pour l'éternité, alors on a peut-être une chance. Je sais que je te demande une chose impossible, mais c'est le seul moyen.
C'était un compliment assez grossier, mais c'en était un tout de même. J'avais déjà entendu ce genre de choses, mais venant de lui, ça ne sonnait pas comme des mots seulement destinés à faire tomber ma culotte. Ce n'était pas comme s'il avait besoin de mots pour faire cela de toute façon ; ma culotte était déjà à l'autre bout de la pièce.
Malgré mes bonnes intentions, le feu entre nous allait devenir incontrôlable et elle venait de craquer une allumette et de la jeter nonchalamment sur les braises.
Sa voix ensommeillée trahissait lourdement son accent, et m’a mise en garde :
– Les ennuis, c’est toujours très amusant… jusqu’à ce que ce ne soit plus drôle.
Il faut que tu laisses tomber les regrets, la culpabilité et les remords qui te tirent vers le bas, avant qu’ils ne t’écrasent.
Quand on se permettait de s’aimer soi-même et d’être aimé, c’était à ce moment-là que la vie commençait.
Les boules de billard se sont entrechoquées avec un clac bruyant et ont roulé sans but sur la table. Pas une seule, unie ou rayée, n’a atterri dans un trou. Je me suis appuyé lourdement sur la queue de billard posée par terre et j’ai fixé la table.
– Mec, tu n’es pas dedans.
C’était vrai, à tout point de vue. J’ai eu un petit rire et j’ai regardé mon meilleur ami de l’autre côté de la table, Jet Keller. Il n’était plus très souvent à Denver. En général, il partait transformer des jeunes groupes en stars, ou faire la rockstar lui-même. C’était l’un des rares soirs où il était en ville sans être collé à sa très jolie femme. Normalement, j’aurais été trop content de passer du temps entre potes avec Jet, mais comme il l’avait dit, je n’étais pas là.
J’ai tendu le bras derrière moi et j’ai pris la bouteille de Coors Light que j’avais laissée sur la table haute. Généralement la bière était la réponse à tous les problèmes de la vie, mais les choses qui tournaient dans ma tête, les choses qui m’empêchaient de dormir la nuit, même de grandes quantités de bière ne pouvaient pas les faire taire. J’ai déplacé mon poids en bougeant mes pieds et j’ai regardé Jet réussir quasi tous ses coups. Je ne comprenais pas comment il arrivait à se pencher sur la table et faire d’aussi bons points sans déchirer son pantalon.
- J'ai volé ton coeur, c'est ça ?
J'ai frotté ma joue sur le muscle dure comme la pierre qui faisait un coussin étonnamment confortable.
- J'ai volé le tien d'abord, Asa.
J'ai lassé mes yeux se fermer tandis qu'il continuait à me caresser et à passer sa main le long de ma colonne vertébrale.
- Tu ne peux pas voler quelque chose qui était à toi depuis le début, Red.
- Je t'ai acheté une maison, aujourd'hui.
La vérité de cette phrase était nette dans ma voix. Sa bouche s'est ouverte sur un petit cri de surprise.
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- Je pensais que j'allais entrer ici et menacer de te casser la gueule... Même avec une seule jambe. Je pensais que j'allais te dire à quel point tu étais débile de la laisser tomber, et que tu n'imagines pas ce que tu manques en empêchant une fille merveilleuse comme Royal de t'aimer.
Il a pris le verre plein de glaçons et a avalé une gorgée, puis a haussé les sourcils, son expression reflétant la mienne.
- Mais vu ta tête, je crois que tu sais déjà tout ça. Alors maintenant, j'ai envie de te demande pourquoi tu l'as fait.