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Critique de keisha


keisha
26 décembre 2014
Le billet de cathulu, suivi de la matérialisation du livre sur le présentoir de la bibli, et voilà une lecture qui ne doit surtout pas faire peur!
Récit, est-il précisé, et c'en est un. Je frémis à l'idée de ce que certains auteurs auraient pu écrire, autofiction nous voilà, pathos et compagnie.
Là, non.

Céline Curiol a effectivement souffert d'une dépression, en 2009, après deux pertes sur lesquelles elles ne s'appesantit pas.

"Les souvenirs de mon état d'esprit au cours de l'été 2009 ont été partiellement altérés. J'ai dû résister à la tentation de combler mes oublis, d'apposer des termes inexacts là où le doute persistait, de remplacer la mémoire par l'invention. Ai-je été capable de remonter aux sources de l'histoire sans que mes descriptions ne soient influencées par l'évolution qui a été la mienne? Malgré mon désir de faire preuve d'autant de justesse que possible, le texte qui suit ne peut être qu'un reflet partiel de ce que j'ai vécu. Avec le temps, mon souvenir des phases les plus sévères de la dépression s'est atténué grâce à cette capacité de normalisation, de rationalisation , cet équilibre émotionnel que le processus d'analyse m'a permis de regagner. En guérissant, j'ai oublié.
De la dépression, il est possible de sortir, comme d'un trou, comme d'un piège. Pour apprendre ensuite à demeurer vigilant. Je ne prétendrai pas avoir ici circonscrit le problème de la dépression. Ces pages sont le fruit d'une tentative de retour sur soi, qui m'a aidée et vous aidera peut-être à comprendre. Dans cette perspective s'est inscrite mon ambition : écrire le livre que j'aurais aimé lire lorsque ma vie en dépendait."

En plus d'une analyse fine et honnête des phases de sa dépression, et de la guérison, Céline Curiol offre des réflexions sur les phénomènes liés, neurologiques par exemple. Rien de trop compliqué, et j'ai retrouvé par exemple sans étonnement Siri Hustvedt, dont les essais aiment aborder ces sujets là (elle est d'ailleurs citée dans les remerciements). Notes et bibliographie à la fin sont une vraie mine aussi.

"Non, pardon, mais j'insiste, il me faut le récrire, rendez-vous compte : il m'était devenu impossible de lire."
"Ce fut bien l'évolution de mon rapport au temps qui amorça ma sortie de dépression."
"Les examens des personnes en dépression montrent de fait une modification de leur morphologie cérébrale. En raison de l'appauvrissement en noradrénaline et sérotonine, voire du dysfonctionnement des récepteurs neuronaux, le volume de l'hippocampe, structure cérébrale jouant un rôle important dans le stockage d'informations, se réduit." (je ne peux citer tout ce passage intéressant sur les problèmes de mémoire, ou de mémoire 'sélective')

Pour en finir avec ces citations un peu décousues (vous n'avez qu'à le lire, ce livre!), un appel -entre autres- à l'entourage du dépressif, en tout cas je l'ai vu ainsi:
"Mais je le répète aujourd'hui : de la dépression, personne ne se sort seul. Si la figure du héros solitaire ne manque pas d'attrait, il vient un moment où celui qui l'incarne perd jusqu'à la capacité mentale d'inventer le mythe qui le sauverait. Tôt ou tard, le héros, blessé, au bord de l'abîme, se doit d'être aidé même si sa mise négligée, sa tristesse et sa décadence inspirent avant tout le mépris."

Intelligence, pudeur, lucidité, servis par une écriture fluide pour une lecture indispensable.
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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