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Critique de Fleitour


Voilà un essai subtil et percutant que nous livre Boris Cyrulnik. J'ai même le sentiment que cet essai est intelligemment tracé, lucide aussi, oh combien concret dans le méandre des idées toutes faites des croyances invérifiables, des gourous prêts à tous les maquillages pour vous séduire.


Vous l'avez entre les mains ce livre Ivres Paradis, Bonheurs héroïques, sa lecture est limpide, mais au détour d'une page Boris Cyrulnik, vous invite soit à la prudence, soit à l'expérimentation.

Ainsi grâce à Sans Famille d'Hector Malot, Rémi fut notre premier héros. Notre, car s'il fut le mien, il fut celui de Boris Cyrulnik, et celui de Jean-Paul Sartre, sur lequel dit-il, il a appris à lire. Je ne ferai pas de commentaires sur nos différents parcours, c'est juste pour reprendre les propos de Boris Cyrulnik, " j'avais besoin d'un mythe fondateur j'y ai cru, je l'ai aimé, page 9.". S'agissant de Sartre aucune allusion dans son livre "Les Mots" à un mythe fondateur.

Avec Boris Cyrulnik, c'est la nuance qui prime, " votre histoire est différente, nos pansements seront variés". Il ajoute plus loin en grandissant j'ai rencontré d'autres héros je les ai aimés eux aussi, un peu moins, j'en avais moins besoin. J'avais trouvé une famille.

De l'enfant à la culture, il complète le champ d'expression des héros," toutes les cultures ont besoin de héros puisqu'il n'y a pas d'histoire sans tragédies".
En balayant de multiples situations qui révèlent toutes des ambiguïtés dans ces comportements héroïques, théâtralisés, maquillées, idéalisés, l'observateur notamment de la tragédie hitlérienne, nous invite à beaucoup de lucidité.

Il est intéressant de voir que l'introduction du mot instinct, débouche aussi sur cette notion d'innée ou d'acquis, et peut légitimer l'existence de régimes totalitaires. Il y aurait donc les vrais héros et les constructions imaginaires favorisées par toutes ces théories racistes, liées peu ou prou à des déterminants génétiquement moins nobles ?

Ces avant-propos ouvrent sur le dernier chapitre, et sur notre capacité de dire non, non la mort, non à la dictature, non au conformisme. Nous admirons le héros qui sait dire non.

Indigné et lucide il faut le devenir, car il est bien difficile de dire non quand on s'oppose au plus grand nombre, notamment dans la situation du transgresseur, ces lanceurs d'alertes.

Pour moi c'est en abordant ce dernier chapitre de la résistance que l'on touche aux éléments les plus novateurs de cet essai.
Ces actes de résistance qui se sont réalisées dans la plus grande discrétion sont peut-être les plus éloquents, et les plus émouvants.

Je pense à ce policier, "voyant une petite fille isolée, la porte sur le trottoir à une femme qui assistait à la rafle et lui dit d'un air faussement fâché Madame pourriez tout de même vous occuper de votre enfant". "Une telle insoumission soudaine est heureusement pas exceptionnelle".

Ça me plaît beaucoup de penser que pour être un héros, ou réaliser un acte de résistance, il faut de l'intelligence, de la lucidité et de l'humilité.
Un livre à saisir, aux exemples saisissants.
A nous d'être guidé par cette vigilance.
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