Pas d’existence sans épreuves, pas d’affection sans abandon, pas de lien sans déchirure, pas de société sans solitude, la vie est un champ de bataille où naissent les héros qui meurent pour que l’on vive.
Quelques phrases bien tournées suffisent pour toucher le lecteur ou enflammer l'auditeur. Quand un auteur possède ce talent, ses mots gouvernent l'âme de ses lecteurs. C'est pour cette raison que les dictateurs courtisent les écrivains. Ceux qui acceptent de mettre leur talent au service du chef seront bichonnés. Ceux qui s'y opposent seront censurés, emprisonnés ou même assassinés.
Toute littérature totalitaire vise à émouvoir, non pas à développer le sens critique. Il faut galvaniser, enthousiasmer les foules pour les faire marcher comme un seul homme. Quand la raison les amène à douter, le feu intérieur les fait marcher et l'indignation désigne l'ennemi.
Quand un mi!ieu se désorganisé,les représentations culturelles ne sont plus partagées et les individus qui vivent dans ce groupe incohérent ne savent plus a quel saint se vouer. C'est alors que surgit un sauveur qui dit "Je sais d'où vient le mal, et je vais vous dire ce qu'il faut faire pour que le bien revienne." C'est donc au nom de la morale et pour sauver son groupe qu'un prophète de bonheur apporte le malheur.
Ce n'est pas difficile de faire fonctionner une société totalitaire : il suffit d'associer le panurgisme des foules avec une armée de petits fonctionnaires.
Un " yes man" dit toujours oui, tant il a peur de perdre l'affection des autres. C'est ainsi qu'on éprouve un intense apaisement en se soumettant à la doxa, cet ensemble d'opinions convenues qui nous évite de penser et nous aide à bêler au milieu du troupeau.
Ces situations héroïques mettent en scène en même thème : un enfant sans famille échappe à la mort par le p!us grand des miracles.C'est pourquoi, devenu adulte, il sait ce qu'il faut faire pour se transformer en sauveur, car il vient de la plèbe, du bas peup!e, des enfants abandonnés, même quand il est fils de roi. Le sauveur est initié puisqu'il a vu la mort et lui a échappé. Ceux qui souhaitent être sauvés n'ont qu'à se soumettre à celui qui sait comment vaincre la mort.
Le héros est un remède contre la faiblesse naturelle des enfants, la blessure relationnelle des adultes ou l'humiliation historique d'une nation. ( P. 20)
La mythomanie n'est pas un mensonge. C'est un récit protecteur qui répare celui qui raconte autant que ceux qui l'écoutent. Le mythomane a un public complice de son succès.
Les verbes qui vont à la main ne sont pas ceux qui viennent à la bouche. Un objet parlé n'a pas la même existence que le même objet quand il est écrit. Les paroles s'envolent, alors que les écrits donnent une impression de vérité matérielle. C'est pourquoi les romanciers sont plus porteurs d'idéologie que ce qu'ils veulent nous faire croire