Sous le prisme d'un détective improvisé, nommé joliment Ned Beaumont,
Dashiell Hammett pose minutieusement les jalons d'une intrigue policière, prenant soin de laisser des vides pour offrir au lecteur les plaisirs de l'incertitude. Ces nombreux non-dits accentuent l'atmosphère étrange du roman. Il n'y a aucune indication spatiale et temporelle, mis à part une excursion à New-York permettant de supposer que la ville servant de décor aux événements se situe plutôt vers la côte Est. Même absence d'indications pour le personnage central de l'intrigue, un certain Paul Madvig, sorte de grand manitou des affaires politico-financières de la ville. Là encore, le lecteur en est réduit à faire des suppositions. Ces lacunes font le charme de cette oeuvre, peut-être l'une des recettes du succès populaire de
Dashiell Hammett.
Même si
La clé de verre est d'un grand classicisme par sa forme et sa construction - on y retrouve tous les ingrédients propres au genre – l'auteur réussit à exposer, de manière anodine, les rouages d'un système dans lequel responsables politiques et grands mafieux n'hésitent pas à fouler au pied tout principe de morale pour pérenniser leurs sales affaires, et où même le héros n'est pas indemne de tout reproche.
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