Elle sourit. Car elle venait de comprendre, avec un mélange de tristesse et de mélancolie, qu’il valait mieux pleurer toutes les personnes merveilleuses qu’on perdait plutôt que de ne jamais les avoir connues.
C’est fatigant la colère. Ça fait mal, ça vide de toute énergie… et c’est inutile.
Longtemps j’ai cru qu’être heureux, c’était trouver une stabilité, vivre un bonheur sans tache, jamais troublé, jamais questionné. Ne pas faire de vagues. Finalement, j’ai compris qu’être heureux, ça peut être au contraire choisir de faire table rase du passé, perdre des gens pour prendre le risque d’en rencontrer d’autres. Être heureux, c’est quelque chose qu’on obtient quand on a eu le courage de tout envoyer balader et qu’on a pris le risque de tout recommencer à zéro. Être heureux, ce n’est pas la sérénité, le calme et le bonheur sans vagues. C’est au contraire être capable de tout faire voler en éclats, de tout remettre en question, toute sa vie si on le souhaite.
C’est une forme d’enfermement d’être amoureux. Je veux dire, t’as beau vouloir rester indépendant, faire tes propres choix, tu finis toujours par faire tes choix en fonction de l’autre.
Elle venait de comprendre, avec un mélange de tristesse et de mélancolie, qu’il valait mieux pleurer toutes les personnes merveilleuses qu’on perdait plutôt que de ne jamais les avoir connues.
Je pense toujours à Philippe et j'ai toujours mal quand je pense à lui. Mais c'est comme vivre avec une entorse à la cheville. Au début, on souffre énormément, puis la douleur devient plus diffuse, plus lointaine. On a toujours mal mais on n'y prête plus autant attention, on apprend à vivre avec. Au bout d'un certain temps, la douleur fait même partie du quotidien. Elle ne nous empêche pas de vivre. Elle est là, c'est comme ça, on n'y peut rien, mais c'est presque comme si on s'en moquait.
Pourquoi tu as peur qu’on t’aide ?
- Parce que quand on laisse les gens vous aider, après, on ne peut plus vivre sans eux.
Elle lissa le papier et commença à lire. C'était un poème d'une dizaine de lignes, recopié avec maladresse mais sans rature :
Nos racines ne sont pas dans notre enfance,
dans le sol natal, dans un lopin de terre,
dans la prairie enclose
où jouent les enfants de la maternelle.
Nos racines sont en chaque lieu que nous avons un jour traversé.
...
- C'est d'un poète estonien. Karl Ristikivi.
Parce que t’as jamais eu assez d’estime pour toi pour penser que tu pourrais être aimée toute entière d’une personne. T’as toujours cru que tu devais partager. Tu t’es toujours contentée des restes d’affection.
On dit que le temps efface les rancœurs. Ce n’est pas vrai. Chaque année qui passe, c’est encore pire.