Déchirée

Le temps n’a jamais réellement effacé les blessures d’un passé trop troublant. Il les a parfois apaisées, parfois refermées lentement mais jamais il ne les a effacées. Tout le monde est dans le même panier face à cette torture qui se ressent jusqu’au fond des entrailles. Rien ne peut changer cela. L’impuissance terrasse toujours toutes les vaines tentatives pour avancer. Mettre un pied devant l’autre ne suffit pas à chaque fois.

Respirer, s'aérer. Notions si simples mais si importantes malgré tout. Beaucoup les négligeaient cependant, à un moment ou à un autre. Cet oubli conduisait à l'ennui, à l'enfermement dans un monde étouffant, un monde qui semblait pourtant auparavant si bien convenir. C'est là même que le déménagement devenait nécessaire, quand les pauses n'avaient pas été prises suffisamment régulièrement et que l'air devenait irrespirable.

Il peut arriver qu’on laisse des gens de côté parce qu’on pense ne pas pouvoir les concilier avec la vie que l’on désire. Mais c’est faux. On les laisse vraiment de côté parce qu’on a peur que nos décisions ne les déçoivent et que, ce jour-là, ce soit eux qui ne nous éloignent de leur vie. On ne fait pas toujours les bons choix. Seulement, parfois il est ensuite trop tard pour pouvoir revenir dessus.

Elle tenait à ses amis, elle ne pouvait le nier. Elle ne comptait que très peu de gens qui, ainsi, à ses côtés, savaient la comprendre, la dompter et l'apprécier. Ils pensaient, tout comme elle, que le rire était le meilleur des échappatoires quand rien n’allait. Pourtant, même si l'amitié savait déjouer bien des pièges de la vie, elle restait pourtant impuissante face aux effets du temps…

Admettre. Avouer que nous ne pouvons lutter contre ce qui nous entoure. Contre les autres, contre le monde. C’était une des plus grandes difficultés de la vie. Savoir parfois renoncer. Savoir que tout ne dépend pas que de nous, que les agissements des autres ont forcément des conséquences sur les nôtres, tout comme les nôtres ont des conséquences sur les leurs.