Je m’appelle Fatima Daas.
J’écris des histoires pour éviter de vivre la mienne.
Je recherche une stabilité.
Parce que c'est difficile d'être toujours à côté, à côté des autres, jamais avec eux, à côté de sa vie, à côté de la plaque.
L'hôpital c'est un peu comme la prison. Tu comptes le nombre de visiteurs.
J’ai longtemps pensé que les choses se ressentent plus qu’elles ne se montrent.
Je partais pour qu’on me retienne.
« Se rapprocher », c’est partir.
Partir : trahir, renoncer et quitter.
Elle a le regard fragile, pas sûr, pas certain, dur et délicat, doux.
Des yeux marron, presque noirs, ténébreux.
Elle oscille entre légèreté et sérieux.
Elle rit de tout, des autres et surtout d’elle-même.
Elle dit que le rire protège.
Parfois j'ai envie d'être moi. Dire ce que je pense. Mais les mots de mes parents m'envahissent.
Puis j'ai réalisé que prouver, démontrer, me rendre légitime, montrer ce que je valais n'était pas le lot des autres élèves qui étaient à l'intérieur, au chaud. Personne n'avait à argumenter pendant dix minutes, en t-shirt, dans le froid, pour prouver qu'il avait bien mériter un dix-sept sur vingt.