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Critique de migdal


migdal
03 septembre 2022
Si la mort n'oublie personne, l'humanité a appris progressivement qu'une société sans oubli est tyrannique et c'est pourquoi la prescription grave dans la loi les conditions dans lesquelles il n'est plus possible de juger un délit. Cette loi de l'oubli est, au même titre que l'interdiction de l'auto justice, un marqueur intangible du niveau de civilisation atteint.

Didier Daeninckx illustre avec l'histoire de Jean Ricouart, la tragédie d'un patriote pris dans l'engrenage de l'occupation en pays minier qui rejoint un groupe de résistants au printemps 1944, participe à deux actions clandestines, est arrêté par la milice, incarcéré, déporté en Allemagne, libéré par l'armée rouge, rentre en 1946 pour épouser Marie … et se retrouve inculpé en 1948 et condamné pour vol et complicité d'homicide.

En 1963, Lucien, leur fils, se noie pour fuir l'opprobre des collégiens pour qui il reste « le fils d'un assassin » … la population n'a rien oublié, rien appris des années noires et le poison de la rumeur assassine lentement et surement.

Vingt cinq ans plus tard, Marc Blingel, compagnon de jeu de Lucien Ricouart, prend le risque de rouvrir l'enquête sur les événements de 1944 et constate que Jean a été manipulé et exploité dans un règlement de comptes familial qui n'avait rien à voir avec l'occupation ou la résistance. Funeste révélation qui provoque un nouveau drame …

En 1963, comme en 1988, la mort emporte des victimes d'un passé qui n'a pas été oublié et, en fermant ce livre, le lecteur ne peut que s'interroger sur la culpabilité de Marc Blingel qui, en ne respectant pas le droit à l'oubli, provoque un séisme mortel.

Un fois encore, par une enquête policière, Didier Daeninckx, analyse finement une atmosphère, une époque, un milieu, une région, et pose une question juridique et philosophique d'une brulante actualité en nous rappelant que si la mort n'oublie personne, la justice doit oublier des coupables pour préserver la paix … vaste débat convenons en !
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