AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Tocca


J'hésite entre 0* ou 5* alors j'ai mis une note entre les deux.
Il y a quand même un énorme potentiel. Dans l'imaginaire déployé, les idées, les symboles, la profondeur de certains personnages, et surtout dans la forme, dans cette volonté de renouveler la littérature, de jouer avec la langue et les mots. Pour tout ça, le roman mériterait la note maximale, parce que cette richesse et cette innovation font du bien dans le paysage littéraire.
Oui mais.
Oui mais Alain Damasio a des défauts qui me dérangent beaucoup.
Le premier, c'est celui de s'écouter parler. On dit aux auteurs qu'il faut d'abord écrire pour eux-mêmes, pour se faire plaisir, avant de penser à leurs lecteurs. Mais là, on est au niveau masturbation littéraire. Dès qu'il y a une bonne idée à développer, il en rajoute des couches et des couches. Soit avec des chapitres totalement inutiles dans l'intrigue mais qui servent uniquement à amener des délires oulipiens (wahoo, trente pages avec des aveugles qui écrivent des textes en n'utilisant qu'une partie de l'alphabet !). Soit avec des longs monologues politiques / philosophiques (un quart des pages du roman, à la grosse, en particulier la fin où s'entassent plein de bouts de dialogues décousus entre des personnages indéterminés à travers lesquels l'auteur essaie de caser toutes les idées qu'il n'a pas réussi à répéter plus de dix fois dans le reste du bouquin). Soit en répétant inlassablement les mêmes scènes pour rabâcher entre deux actions ses convictions politiques (le BrightLife, Porquerolles, Marseille, ...)
Ses convictions politiques, justement. Ca me gène beaucoup, parce que je les partage en partie. Mais là, c'est amené de façon lourdingue et incohérente. Et on retrouve exactement les mêmes ressorts (voire le même scénario, à quelques nuances près) que dans la zone du dehors. Car il semble que l'auteur fasse passer la politique avant l'imaginaire. Et ce n'est pas ce que je recherche dans la littérature de fiction. Pas de cette manière là, en tous cas. J'aime quand c'est suggéré, et équilibré entre les points de vue. Là, on a juste des gentils anarchistes contre le méchant système politique capitaliste établi. Les communautés qui veulent s'autogérer et vantent l'action pacifique, mais qui deux pages plus loin sont en train de tuer du flic et de la milice parce que c'est des méchants pions d'un méchant système. Bon, sur quelques pourcents du roman, ça aurait pu passer, à la limite. Mais là, non, pas pour moi.
Voilà, à mes yeux, Damasio a d'excellentes idées, mais il en fait trop quand il s'agit de les développer. Et toute la beauté et la poésie qui pourrait se dégager de l'oeuvre se retrouve étouffée sous les redondances, les répétitions, les inutilités et les hors sujets. Et toute la réflexion qui pourrait naître dans l'esprit du lecteur se retrouve éteinte par la voix de l'auteur qui lui martèle ce qu'il doit penser.
Bref, une grosse déception, dans le sens où j'avais de belles attentes qui ont été froidement douchées.
Commenter  J’apprécie          130



Ont apprécié cette critique (11)voir plus




{* *}