Citations sur Animae, tome 4 : Le rire de la hyène (12)
- Vous avez donc décidé de mettre au point une substance qui nous en couperait. J'ignore quel genre d'expérience vous avez mené sur eux, mais ça ne devait pas être joli joli.
Un sourire féroce lui traversa le visage.
- Nous leur retirions les parties du cerveau les unes après les autres et nous les mangions devant eux, gloussa-t-il. Sans anesthésie, mais sans les tuer non plus. Vous auriez dû voir l'expression dans leurs yeux, c'était grandiose.
l'opération était terminée et Wolf m'avait piqué mon rôle de dégommeuse de terroristes. Et mon sport quotidien alors?
Rex sembla un peu désappointé en voyant arriver un bol de croquettes.
— Ce sont mes préférées ! déclara Terry en levant un doigt vers le plafond. Je les ai prises exprès pour toi.
— Voyons, Terry ! s’exclama sa mère. Tu ne manges pas de croquettes !
Félix focalisa soudain toute son attention sur le découpage de la viande de Pic, qui se léchait les babines, un couvert dans chaque main, et Terry fit les gros yeux.
— Bien sûr que si ! J’ai goûté toutes les marques pour savoir lesquelles étaient les meilleures, pour que Rex soit content.
Élisabeth soupira, avec la mine de quelqu’un qui n’en croyait pas un mot. Nom d’un chat ! Ce garçon avait déjà du talent pour dire la vérité sans en avoir l’air !
Il rit et me serra dans ses bras. Je blottis mon nez tout froid dans son cou bien chaud.
— Eh ! s’exclama-t-il en se dégageant, hilare. Pas de ça !
— La truffe froide et humide, c’est signe de bonne santé, protestai-je en essayant de remettre mon nez contre sa peau.
— Ben voyons. Je vais te réchauffer, moi…
Je ne demandais que ça !
Je m’arrêtai devant la porte de l’atelier d’Arthur et frappai.
— Dégagez, bandes de gredins dégénérés ! tempêta une voix grinçante.
— Arrête, vieux schnock ! s’exclama la voix beaucoup plus jeune d’Arthur. C’est sûrement Lou !
— Je ne vois pas qui ça pourrait être d’autre, ajouta la voix pincée d’Isabelle.
Que faisaient-ils tous là ?
— Si c’est la petite, tu peux entrer, reprit la première voix. Sinon, allez au diable !
— Ne dites pas que mam’zelle Lou est une petite ! s’offusqua la voix de Benjamin.
— Ne vous en mêlez pas, le troufion ! On vous tolère juste parce que vous êtes le rat de laboratoire du gamin !
— Eh ! protesta la voix claire d’Agathe. Ne dites pas que le lieutenant est un rat !
Eh bien ! Ils étaient nombreux, là-dedans ! Et Mathurin supportait ça malgré son agoraphobie sévère ? Pas étonnant qu’il veuille nous laisser à la porte.
Je me tournai vers Joshua, rayonnante.
— Je peux entrer ! déclarai-je.
— J’entends ça. Quand j’arrive dans ce département, j’ai toujours l’impression d’atterrir sur une autre planète.
Il s'appelait Joshua et, pour le punir de s'être moqué de moi, je lui croquerais une oreille!
devais je lui révéler tout de suite qu'en tante que panthère, je n'avais que très peu de chances d'avoir un seul petit? Que je risquais plutôt de mettre au monde une portée entière?
Félix, le maître Lynx, nous attendait sur le palier. Sous sa forme humaine, bien entendu, celle d’un grand homme d’une quarantaine d’années au visage long et aux cheveux poivre et sel. Sa femme ignorait tout de sa véritable nature.
— Bienvenue chez nous, nous accueillit-il chaleureusement. Vous avez trouvé facilement ?
— Plutôt, oui, sourit Joshua en serrant la main tendue de mon semblable. Les explications d’Élisabeth étaient parfaites.
Je pris un air innocent. Le sourire narquois du Daïerwolf ne laissait guère de doute sur la crédibilité qu’il accordait à cette dernière affirmation. En même temps, Joshua ne pouvait pas clamer sur le palier que Rex et moi avions trouvé leur rue à l’odeur…
— Encore une minute, papa ! supplia la voix de Terry de l’intérieur de l’appartement.
Félix fit la moue et les prunelles vertes de Joshua s’enflammèrent de joie.
— Il n’est pas prêt ? devina-t-il.
— J’ai été envoyé pour vous ralentir, avoua notre hôte. Je vous sers l’apéro dans le couloir ?
— Depuis le temps que Terry nous parle de vous ! s’exclama Élisabeth en avançant pour nous embrasser. Je suis enchantée de faire votre connaissance. Vous savez, il a dévoré tout le manuel du code de la route en une nuit !
En une nuit ? Nom d’un chat ! Il fallait lui donner des choses plus intéressantes à lire, à ce malheureux petit !
— Mais-heu… bougonna le maître Chien. Tu racontes n’importe quoi, papa.
— Terry est amoureux ! chantonna Pic.
La présence de Félix rayonna dans l’inconscient collectif.
— Un jeune humain doit nier, Terry, l’avertit-il.
— Mais papa, c’est bête ! gémit-il.
— Oui, mais c’est comme ça.
— Pas du tout ! rugit donc le garçon.
Joshua et Élisabeth sourirent d’un air complice.
— Ah oui, conclut le jeune maître Chien. Tu avais raison.
Rex jappa en signe d’approbation et tout le monde se mit à rire.