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Citations sur Mythes et dieux de l'Inde : Le polythéisme hindou (9)

La cause première doit être au-delà du nombre, autrement le nombre serait la cause première. Mais le nombre « un », bien qu'il ait des propriétés particulières, reste un nombre aussi bien que deux, ou trois, ou dix ou un million. Si « Dieu » est un, il n'est pas plus au-delà du nombre que s'il est deux, ou trois, ou dix, ou un million. Pourtant, bien qu'un million ne soit en aucune manière plus proche de l'infini que « un » ou « deux » ou « dix », il peut sembler l'être du point de vue limité de nos perceptions et nous avons peut-être une image mentale plus exacte du divin quand nous envisageons un nombre immense de dieux différents que lorsque nous cherchons leur unité, car, d'un certain point de vue le nombre « un » est le nombre le plus éloigné de l'infini.

« La nature de l'Illusion (Mâyâ) est [représentée par] le nombre un . »

Quand nous parlons de la forme manifestée d'un dieu unique, cela implique une confusion entre des ordres de choses différents. Dieu manifesté ne saurait être un. Par ailleurs le nombre « un » ne saurait s'appliquer à un aspect causal non manifesté. A aucun degré l'unité ne peut être considérée comme la cause de quelque chose puisque l'existence implique une relation et l'unité causale impliquerait une existence sans relation.

Bien que, dans sa forme manifestée, le divin soit nécessairement multiple, il ne saurait dans son essence être ni un ni plusieurs. Il ne peut donc être défini. Le divin est ce qui reste quand on nie la réalité de tout ce qui peut être perçu ou conçu. Il est neti, neti, « ni ceci, ni cela », rien que l'esprit puisse saisir ou les mots exprimer.

Nous ne pouvons dire qu'il est un, pourtant nous pouvons affirmer qu'il n'est pas un, pas deux, pas plusieurs. L'expression préférée par les védantistes est « pas deux ». C'est pourquoi un principe non duel fut décrit comme existant au-delà des formes de la divinité manifestée.

« Ce qui reste lorsque l'esprit réalise que le concept d'un « être vivant » ou celui d'un « être divin » sont de pures illusions et que les apparences perceptibles n'ont point de réalité, est [appelé] l'Immensité-non-duelle. » (Advaya-târaka Upanishad, 3.)

La non-dualité, nature du non-manifésté, ne peut exister sur le plan de la manifestation. Bien que la doctrine du non-dualisme représente un but vers lequel tendent nos efforts pour réaliser l'absolu, ce but reste pour nous toujours hors d'atteinte. Il est sur un plan différent de celui de l'existence et ne peut en aucun sens représenter une réalité du point de vue du manifesté. Nous ne saurions imaginer, nous ne saurions nommer, nous ne saurions décrire l'Immensité non duelle que l'on appelle le Brahman. C'est une pure abstraction qui ne peut être ni perçue, ni rendue propice et qui ne peut avoir aucun rapport avec une forme quelconque de rite, de religion, de morale ou d'expérience mystique.

Existence est synonyme de multiplicité. Ce qui n'est pas multiple n'existe pas. Nous pouvons imaginer un continu sous-jacent pénétrant toutes choses, mais il demeurera toujours sans forme, sans qualité, sans individualité. A partir de l'instant où nous imaginons une divinité personnifiée ou lui attribuons une qualité quelconque, cette divinité appartient au multiple et ne saurait être une, car il existe inévitablement une entité personnifiant la qualité contraire, une forme complémentaire de sa forme, d'autres dieux.

Chaque fois que nous concevons l'existence d'un dieu, que nous nous en faisons une image, que nous le vénérons ou le prions, ce dieu ne saurait être qu'un parmi d'autres.

Lorsque nous l'appelons l'unique, le seul, nous ne lui donnons pas une place plus élevée, nous restons seulement aveugles à d'autres réalités, nous ne nous approchons en rien de l'Immensité non duelle, du Brahman. En ce sens tout monothéisme écarte l'homme de la voie de la connaissance et de la réalisation métaphysique, remplaçant un effort pour comprendre la nature multiple du divin par un postulat simpliste et inexact.

Les dieux sont des entités symboliques utilisées pour représenter les forces dirigeantes dont chaque aspect des mondes visibles et invisibles semble devoir être issu. Les divinités doivent donc être conçues comme des énergies causales et transcendantes. Chacune de ces énergies se manifeste dans un aspect particulier de l'univers perceptible où, si nous commençons notre recherche en partant des aspects formels, chaque divinité apparaît comme une entité subtile qui préside au fonctionnement d'un aspect particulier de l'Univers.

Il est vrai que ces aspects du divin qui, du point de vue de l'homme, semblent plus ou moins distants, peuvent, du point de vue du divin, apparaître comme les aspects divers d'une même essence. On les compare aux notes de la flûte dont la différence est la base même de la musique bien qu'elles puissent être envisagées comme de simples variations d'un même mouvement de l'air.

« C'est par un mouvement de l'air, en soi-même non différencié, que les différentes notes appelées do, ré, etc. sont produites au moyen des divers trous de la flûte. De même, c'est à partir d'un Soi suprême et non différencié que les divers états d'être semblent exister. » (Vishnu Purâna, 2, 14-32.)

Cependant, bien que les différentes notes puissent être envisagées comme de simples modalités de la vibration de l'air qui est une, il n'en demeure pas moins que c'est de leurs différences, de leurs rapports que naît la possibilité de la musique; l'unité de l'air, leur véhicule, n'apparaît plus alors que comme un facteur accidentel. De même, du point de vue de l'existence, c'est la multiplicité divine et non une unité divine qui est la source de l'univers. La possibilité de la connaissance ainsi que le moyen du retour de l'être créé à sa source, ont pour base inéluctable la multiplicité du divin. (pp. 24-28)
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Toutes les religions et leurs philosophies peuvent être envisagées comme des efforts pour découvrir la nature du monde perceptible — et de nous-mêmes qui le percevons — le processus de la manifestation et le but de la vie et de la mort, afin de nous permettre de trouver les moyens d'accomplir et d'aider notre destinée. Toutes les mythologies sont des manières de concevoir des états supérieurs ou transcendants de l'être, représentés comme des dieux et perçus à travers des symboles.
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Chaque phrase des Vedas peut être interprétée comme glorifiant directement ou indirectement la vie. Tous les dieux ont leur part d'existence. Les noms des divinités sont les noms de la vie.
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Il existe une profonde différence entre la notion du Soi ou âme, et l'entité formant l'individualité, le Moi. L'âme est un continu qui existe au-dedans et au-dehors de toutes choses. Le Moi ou individualité n'est qu'un noeud temporaire, un point particulier de la conscience où sont liées ensemble différentes facultés universelles. C'est un centre particulier formé en un point du Soi indéfini par la conjonction de divers courants, tout comme un objet est un groupe d'énergies liées ensemble en un point localisé de l'espace indéfini. Le Soi peut exister indépendamment de toute notion particularisée, sans pensée. Il n'en est pas de même du Moi, centre de la vibration qui est la pensée. (p. 45)
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Dans le stade final de la réalisation, le yogin ne perçoit rien d'autre que l'Immense présence emplissant toutes les formes apparentes. A ce stade, les rites extérieurs n'existent plus. Toutes les fonctions physiques et mentales sont devenues rituelles, c'est-à-dire ont cessé d'avoir un but autre que de soutenir le contact entre le yogin et l'objet de sa contemplation. Lorsque la vie elle-même devient un obstacle, un vestige attardé d'une existence déjà finie, le yogin a cessé, en pratique, d'être un être humain.


(Clôture de l'ouvrage p.572)
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Lorsque Shakti saisit Shiva, l'univers en est secoué. Elle est le pouvoir du désir, de la jouissance mais aussi celui de libération, car la libération des liens par lesquels la Nature nous enchaîne n'est pas possible par des méthodes négatives, mais exige un combat actif.
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Lorsque les contraires s'unissent, le déséquilibre, la tension qui fait naître les êtres, disparaît, et l'expérience du plaisir, de la joie en résulte. C'est pourquoi il est dit que l'état de stabilité permanente est un état de jouissance perpétuelle, de joie éternelle. Pour l'être vivant, c'est seulement dans l'union des contraires que l'état de bonheur apparaît. C'est seulement dans le bref instant où deux êtres en deviennent un seul, où le désir est pacifié, qu'un fragment du bonheur est ressenti. Cet état de joie est le plus proche que nous puissions connaître de l'état de libération.
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Chaque action, chaque mouvement, chaque impulsion met en branle une chaîne de réactions qui est théoriquement sans fin. Dans la mesure où la matière est illusoire, c'est l'action, sa forme le mouvement et sa nature l'énergie, qui sont réels et éternels. Nous trouvons l'action à la base de toutes les formes.
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L'être vivant et l'être cosmique n'existent que l'un par l'autre.
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