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Critique de ninachevalier


Dantzig Charles - Dans un avion pour Caracas – Grasset – 303 pages.

Après s'être interrogé sur l'utilité des avions, Charles Dantzig nous embarque avec lui pour Caracas, sur les traces de son ami disparu: Xabi.
Pour nous divertir, le narrateur choisit de nous faire défiler la vie de « cet homme qui aimait les mots » tout en y entremêlant « mille vagabondages » et digressions. Il a conçu ce roman comme un patchwork, composé de bribes de conversations avec les parents de Xabi, des moments partagés avec lui, de confidences, de documents et non pas comme une biographie, genre à la mode que l'auteur semble désapprouver.
le narrateur revient sur leur rencontre à Venise ( qui aurait donné Venezuela) et leur attirance immédiate, « devenus amis sur-le-champ ». Il brosse le portrait de ce « philologue rieur, chaleureux ». Il explore l'impact de la notoriété dans le couple Xabi/Lucie, le comparant à Gala/Dali. Il tente de décortiquer le motif de leur rupture, ayant des versions contradictoires. Fallait-il l'imputer au fait que Lucie, lesbienne, a choisi de partir avec une présentatrice de journal télévisé ou que Xabi qui « préférait les mots » avait fait de la philologie sa maîtresse?
le narrateur essaye de décrypter les raisons de l'engouement de Xabi pour Chávez au point de vouloir publier un reportage sur ce dictateur: « militaire populiste ».
Il décline la liste de ses nombreux livres, en livrant de larges extraits poétiques sur les fleurs, sur l'amitié et l'amour « un usurpateur » pour Xabi.
En filigrane, se profile le portrait du narrateur, qui seul médite, au Nemours, sur maintes thématiques: l'opacité de l' être humain, la durée de l'amitié chez Xabi.
Il extrapole quant à la disparition de son ami, mettant en exergue son désir d'être aimé: « On montre son coeur, il s'y plante aussitôt une hache ».
Il souligne les impératifs d'un écrivain: besoin d'isolement, de calme, de solitude, difficiles à concilier avec une vie à deux. Ce qui lui fait conclure que « Xabi est un homme dont le talent a dévasté les amours ». Quant à lui , il ne cache pas son aimantation pour des petits bruns qui lui « rappelle un amant ».
Charles Dantzig s'insurge contre ceux qui prêtent « le raffinement à tous les gays ».Il étrille les émissions de divertissements qui privilégient le rire à la culture.
L'auteur de : Pourquoi lire? soulève la question : Pour qui écrire?
Il déploie sa plume poétique en survolant l'océan : « une plaque bleue avec des friselis blancs ». Il radiographie le personnel à bord et ses compagnons de route avec malice. Il adopte le ton humoristique quand il se prend pour «  Jonas dans la baleine » ou critique le café de l'avion. le récit s'achève au moment de la descente sur Caracas, laissant place au suspense: Xabi sera-t-il là pour l'accueillir ?
Charles Dantzig signe un ouvrage parsemé d'illustrations, de grande envergure qui rassemblent souvenirs,réflexions politiques( opposant dictature et démocratie, épinglant les politiciens, rappelant le récent scandale irlandais, la corruption), références littéraires et considérations sur la célébrité et l'accueil d'un livre par les lecteurs. Contaminé par le virus de la citation de Xabi, Charles Dantzig nous gratifie de formules inattendues: « Tout vivant est un cercueil. Il transporte avec lui le souvenir des morts qu'il a connus », qui ne peuvent que combler les collectionneurs.
Une lecture qui nous maintient en lévitation. Voici à quoi servent les écrivains!
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