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Critique de Aelyse


La jeune et jolie Sidonie en a ras-le-bol d'être une sans-le-sou, condamnée à un destin d'ouvrière parisienne tout ce qu'il y a de plus banal. Va-t-elle vraiment s'user les yeux toute sa vie à enfiler des perles (au sens propre) ? Non, madame ! Sidonie mérite mieux que ça ! Et s'il faut briser des coeurs au passage, ma foi, tant pis. Dommage collatéral. On ne va pas s'encombrer de remords.

Sa détermination fascine autant qu'elle agace. Entourée d'une galerie de personnages ternes et mous, elle tranche singulièrement par sa volonté, et manipule les autres avec une facilité déconcertante. Il faut dire que tout le monde en prend pour son grade, sous la plume de Daudet ! Risler aîné est absorbé par son travail et d'une naïveté crasse, Georges Fromont se laisse facilement berner, Franz (Risler jeune) se démonte pour un sourire... le père Chèbe est l'équivalent masculin de Perrette et de son pot au lait, toujours à faire des plans sur la comète qu'il ne prendra jamais la peine de réaliser. Delobelle, l'ancien voisin, est un acteur raté qui vit dans l'illusion. Franchement, y'en a pas un pour sauver l'autre. le vieux comptable Sigismond, peut-être, un vieux garçon qui a le mérite d'être honnête et d'agir pour éviter la faillite ? Et encore... Bref, l'entourage de Sidonie laisse à désespérer. Pas étonnant qu'elle ait envie de se sentir vivre en s'étourdissant dans les fêtes et le luxe.

Seule cette Sainte Claire, caricature de l'épouse bourgeoise respectable, dévouée à son nom et à son mari, sauve un peu le tableau. Mais puisque Claire a épousé George et anéanti sans le savoir les rêves de Sidonie, ce n'est pas elle qui va faire son éducation et l'encourager à mener une gentille petite vie calme et sans remous.

Le talent de Daudet n'est plus à prouver, et "Risler aîné et Fromont jeune" reste très agréable à lire de nos jours. Pas de longues descriptions assommantes ou de tournures de phrases alambiquées : le récit est vif, bien rythmé. La poésie de certains passages fait mouche !

L'histoire ne révolutionne certes pas le genre, cependant le regard légèrement cruel mais mêlé de tendresse de Daudet sur la société fait tout l'intérêt du roman. Les rêveurs finissent broyés. Ceux qui ont la rage de s'en sortir écraseront les autres sans états d'âme. Au fond, chacun ne pense qu'à son petit confort personnel.
Lien : http://cequejenlis.canalblog..
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