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EAN : SIE230869_873
(30/11/-1)
3.68/5   22 notes
Résumé :
Le chef d’œuvre d’Alphonse Daudet, couronné par l’Académie française.
La fabrique parisienne de papiers peints « Fromont jeune et Risler aîné » porte le nom de ses deux dirigeants : Georges Fromont, l’héritier, et Guillaume Risler, le commis de la fabrique qui est aussi le dessinateur de motifs et inventeur d’une « imprimeuse » révolutionnaire. Ce dernier se trouve naturellement associé à l’affaire. Les destins croisés de ces deux hommes et celui de cette ent... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Ah ! les étiquettes ! Pour une majorité de gens, Alphonse Daudet est un auteur « provençal », pour avoir écrit « Les Lettres de mon moulin », la trilogie de « Tartarin », la première partie du « Petit Chose », et quelques contes issus des « Contes du lundi ». Or il n'a passé que très peu de temps au pays de Mistral (moins d'un an dans son fameux moulin de Fontvieille), et s'il a gardé de bons contacts avec ses confrères provençaux, il a écrit d'autres romans, d'autres contes, d'autres pièces de théâtre dont l'intrigue se déroule sous des cieux moins cléments…
Moins connus, il faut pourtant remettre en lumière « Fromont Jeune et Risler Ainé » (1874), « Jack » (1876), « le Nabab » (1877), « Les Rois en exil » (1878), « Sapho » (1884) ou « L'Immortel » (1888) qui méritent mieux qu'une mention dans les manuels de littérature.
Prévu au départ pour être une pièce de théâtre, « Fromont Jeune et Risler Aîné » est finalement un roman sorti en 1874, soit bien après les écrits provençaux (seuls les deux derniers « Tartarin » seront publiés après cette date.
Loin des cigales et des tambourins, l'histoire se passe à Paris, dans le quartier du Marais. Deux associés, Georges Fromont (Jeune) et Guillaume Risler (Aîné) sont associés dans une fabrique de papiers peints. Ce sont de braves gens, honnêtes et plutôt naïfs. Voilà que vient s'intercaler une aventurière. Vous vous souvenez de Bel-Ami qui faisait sa fortune « par les femmes » ? Eh bien voici Sidonie qui fait sa fortune « par les hommes » ! Elle épouse Guillaume, plus par intérêt que par amour, et n'a pas de mal de faire du naïf Georges son amant. le problème, avec ce genre de situation, c'est qu'il y a toujours des dommages : quand ils ne sont pas communs aux protagonistes principaux, ils sont collatéraux : Avant d'épouser Guillaume, Sidonie avait éconduit son jeune frère Franz, lui-même aimé sans espoir par Désirée, une pauvre ouvrière jolie mais boiteuse. de son côté Georges a épousé Claire, l'épouse modèle. A côté de ce petit monde, évoluent une nuée de personnages secondaires qui ne manquent pas d'allure : le père de Désirée est un vieil acteur qui « y croit toujours », le vieux caissier (aujourd'hui on dirait comptable) n'en finit pas de s'arracher les cheveux devant la gestion chaotique de l'entreprise, le père de Sidonie est le spécialiste des projets qui n'aboutiront jamais, et le père de Georges, le fondateur de l'entreprise, ne croit qu'à la valeur du travail…
La qualité d'écriture de ce roman relança la carrière d'Alphonse Daudet : les romans « provençaux » avaient lassé le public, le théâtre n'était pas vraiment plus attractif, mais ce roman, contemporain et témoin de la vie parisienne eut un réel succès, et détermina le sens des romans à suivre : dans la lignée de Flaubert et des frères Goncourt, Daudet empruntait la veine réaliste qui allait faire notamment le succès de « Jack » (plus grand encore que celui de « Fromont Jeune et Risler Aîné »).
Certains critiques ont cru noter l'influence de Dickens dans ce roman. C'est fort possible en effet. Il y a beaucoup de points communs entre Daudet et Dickens, à commencer par un regard commun sur les destinées malheureuses, tous deux sont des auteurs sensibles qui savent faire naître l'émotion.
Le ton employé ici est évidemment très différent de celui des « Lettres de mon moulin » ou de « Tartarin ». On ne rit guère, ici, mais il y a toujours chez Daudet, quoi qu'il écrive, une certaine familiarité qui fait qu'on adhère d'emblée à son propos, qu'on entre de plain-pied dans l'histoire qu'il se propose de nous raconter. Il y a des auteurs que l'on admire, d'autres que l'on aime. Avec Daudet on fait les deux.


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Quelle était jolie la petite Sidonie, avec ses cheveux bouclés et son air simple! Mais ce n'est pas la montagne et son terrible loup sanguinaire qu'Alphonse Daudet lui fait affronter. Ses humbles origines et son raisonnement limité n'ont de pair que sa détermination à s'affranchir des contraintes matérielles que lui impose ses faibles moyens. Quelle solution plus simple lorsqu'on a un joli minois que d'y parvenir par le biais du mariage. de tous les prétendants qu'elle attire dans sa toile, c'est Risler, l'ainé, qui sera l'élu. Sa petite affaire de papiers peints est prospère et permet à la jeune écervelée de satisfaire ses goûts de luxe exponentiels. Et pour doubler la mise, elle bénéficie des largesses d'un amant qui n'est autre que Fromont, le jeune, associé de Risler. Celui-ci bien entendu, ne se rend compte de rien, tout occupé qu'il est à la conception d'une imprimeuse automatique qui devrait révolutionner la fabrication de ses papiers. Pour tout compliquer, Frantz Risler, le beau-frère, est lui aussi amoureux de la donzelle. Voilà de quoi construire une belle intrigue, marquée par une belle descente aux enfers du trio principal. Ajoutons à cela des personnages secondaires pittoresques : une jeune boiteuse amoureuse de Frantz, dont le père est un acteur has-been qui comme Brice de Nice attend sa vague, un grand père qui a édifié sa fortune personnelle à force de travail, un caissier (on dirait aujourd'hui un comptable) honnête et désespéré par les frasques des deux associés.


Tout ceci est fort bien mené, et outre le témoignage de l'époque où l'Europe commence sa révolution industrielle, le destin des personnages exerce sur le lecteur une fascination qui n'est pas sans rappeler la fameuse petite chèvre du même auteur. L'écriture, à peine désuète n'est pas sans charme.

C'est un bon moment de lecture qui permet de sortir des sentiers battus des romans archi-connus d'Alphonse Daudet que sont Tartarin de Tarascon ou les Lettres de mon moulin.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Comme titre aguicheur, on aurait pu trouver mieux. C'est en réalité la raison sociale d'une fabrique prospère de papiers peints, produit très en vogue en ce début de Second empire et à forte demande des chantiers du baron Haussmann.
Une usine située dans le quartier du Marais avec sa grande cheminée, ses ateliers et l'hôtel particulier des patrons, et de quelques familles d'employés, serrés dans les combles …

Guillaume et Franz Risler sont frères. Franz prépare l'Ecole Centrale, Guillaume est dessinateur. Il a un grand projet : celui d'une machine révolutionnaire qui permettrait de produire bien mieux, plus vite et à meilleur coût. Il y travaille jour et nuit.

Comme le caissier Planus, les Risler ont gardé de leur Suisse natale un fort accent, l'ardeur au travail et l'honnêteté chevillée au corps. Georges Fromont est soudain l'héritier de la fabrique à la mort de son oncle qui lui enjoint de s'associer avec Guillaume Risler et lui donne sa fille en mariage. Mais c'est un être faible et influençable.

Car il y a aussi les femmes : Claire, la petite-fille du fondateur, épouse délaissée, Désirée, légèrement boiteuse mais si bonne, et surtout Sidonie, acharnée à sortir de sa condition de demoiselle de magasin, belle et perverse, un rien vulgaire malgré les conseils que lui prodigue son amie Claire, et sans aucun scrupule. Elle pratique l'égoïsme absolu comme d'autres sont dotés de l'oreille absolue. C'est le principal personnage de cette histoire.

Ce deuxième roman d'Alphonse Daudet est paru en feuilleton en 1874 puis chez Charpentier en 1876. C'est aussi celui qui lui apporte la consécration littéraire. Après deux échecs au théâtre, dont L'Arlésienne, il se remet au roman, dans le cadre parisien cette fois.

On retrouve dans ce drame social des thèmes déjà bordés dans le petit Chose : une fratrie à la solidarité indéfectible, la faillite industrielle – Daudet L a connue dans sa famille - le suicide, la condition des théâtreux et la faiblesse (en général) des hommes, les taquineries de l'habitat commun où tout se sait, les rivalités entre femmes pour qui les castes subsistent toujours …

L'intrigue est axée sur le contraste entre la droiture de Risler aîné, sa naïveté, son sens de l'honneur commercial démesuré et la frivolité de son épouse Sidonie, qui s'étourdit de luxe tapageur, sans aucun remords et en toute mauvaise foi, au point de ruiner l'entreprise familiale.

Les décors des salons parisiens, des cafés-concerts et des villégiatures de campagne, les toilettes froufroutantes des dames et des cocottes, font irrésistiblement penser aux tableaux des impressionnistes … 1874, c'est aussi la date de leur première exposition ...

froment jeune affiche

Quand je pense à certaines séries britanniques « en costumes », j'imagine que ce roman pourrait servir de trame à un grand feuilleton à succès. Mais on aura bien du mai à dénicher le texte de base – en dehors des éditions des oeuvres complètes de l'auteur – car de ce titre, personne ne parle jamais.

Un film fut tourné en 1941 (on recherchait alors des scénarii compatibles avec la censure de l'occupant) par Léon Mathot, avec Mireille Balin dans le rôle de la femme infidèle, Jean Servais (Froment jeune) et Pierre Larquey dans celui du caissier … Cette oeuvre cinématographique n'a pas laissé grande trace …
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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La jeune et jolie Sidonie en a ras-le-bol d'être une sans-le-sou, condamnée à un destin d'ouvrière parisienne tout ce qu'il y a de plus banal. Va-t-elle vraiment s'user les yeux toute sa vie à enfiler des perles (au sens propre) ? Non, madame ! Sidonie mérite mieux que ça ! Et s'il faut briser des coeurs au passage, ma foi, tant pis. Dommage collatéral. On ne va pas s'encombrer de remords.

Sa détermination fascine autant qu'elle agace. Entourée d'une galerie de personnages ternes et mous, elle tranche singulièrement par sa volonté, et manipule les autres avec une facilité déconcertante. Il faut dire que tout le monde en prend pour son grade, sous la plume de Daudet ! Risler aîné est absorbé par son travail et d'une naïveté crasse, Georges Fromont se laisse facilement berner, Franz (Risler jeune) se démonte pour un sourire... le père Chèbe est l'équivalent masculin de Perrette et de son pot au lait, toujours à faire des plans sur la comète qu'il ne prendra jamais la peine de réaliser. Delobelle, l'ancien voisin, est un acteur raté qui vit dans l'illusion. Franchement, y'en a pas un pour sauver l'autre. le vieux comptable Sigismond, peut-être, un vieux garçon qui a le mérite d'être honnête et d'agir pour éviter la faillite ? Et encore... Bref, l'entourage de Sidonie laisse à désespérer. Pas étonnant qu'elle ait envie de se sentir vivre en s'étourdissant dans les fêtes et le luxe.

Seule cette Sainte Claire, caricature de l'épouse bourgeoise respectable, dévouée à son nom et à son mari, sauve un peu le tableau. Mais puisque Claire a épousé George et anéanti sans le savoir les rêves de Sidonie, ce n'est pas elle qui va faire son éducation et l'encourager à mener une gentille petite vie calme et sans remous.

Le talent de Daudet n'est plus à prouver, et "Risler aîné et Fromont jeune" reste très agréable à lire de nos jours. Pas de longues descriptions assommantes ou de tournures de phrases alambiquées : le récit est vif, bien rythmé. La poésie de certains passages fait mouche !

L'histoire ne révolutionne certes pas le genre, cependant le regard légèrement cruel mais mêlé de tendresse de Daudet sur la société fait tout l'intérêt du roman. Les rêveurs finissent broyés. Ceux qui ont la rage de s'en sortir écraseront les autres sans états d'âme. Au fond, chacun ne pense qu'à son petit confort personnel.
Lien : http://cequejenlis.canalblog..
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Je n'aime pas bcp les classiques... Surement des préjugés.... Avec ce livre je me suis régalée. une description de la societe parisienne que j'ai decouverte, une femme que je trouve cruelle, sans coeur, un mari honnetee; et tous ces personnages qui gravitent autour de ce couple.... Que ne ferait on pas pour changer de rang social???
L'ecriture est fluide, les phrases simples et percutantes... Belle lecture
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
À Paris, pour les ménages pauvres, à l’étroit dans leurs appartements trop petits, le palier commun est comme une pièce de plus, un agrandissement du logis. C’est par là que l’été un peu d’air arrive du dehors, là que les femmes causent, que les enfants jouent.

Quand la petite Chèbe faisait trop de train à la maison, sa mère lui disait : « Tiens ! tu m’ennuies… va jouer sur le carré. » Et l’enfant y courait bien vite. Ce palier, au dernier étage d’une ancienne maison où l’on n’avait pas ménagé l’espace, formait comme un grand couloir, haut de plafond, protégé du côté de l’escalier par la rampe en fer forgé, éclairé par une large fenêtre d’où l’on voyait des toits, des cours, d’autres fenêtres, et plus loin le jardin de l’usine Fromont apparaissant comme un coin vert dans l’intervalle des vieux murs gigantesques. Tout cela n’avait rien de bien gai, mais l’enfant se plaisait là beaucoup mieux que chez elle. Leur intérieur était si triste, surtout quand il pleuvait et que Ferdinand ne sortait pas.

Cerveau toujours fumant d’idées nouvelles, qui par malheur n’aboutissaient jamais, Ferdinand Chèbe était un de ces bourgeois paresseux et à projets comme il y en a tant à Paris. Sa femme, qu’il avait d’abord éblouie, s’était vite aperçue de sa nullité et avait fini par supporter patiemment et du même air ses rêves de fortune continuels et les déconvenues qui suivaient immédiatement.

Des quatre-vingt mille francs de dot apportés par elle et gaspillés par lui dans des entremises ridicules, il ne leur restait qu’une petite rente qui les posait encore vis-à-vis des voisins, comme le cachemire de madame Chèbe, sauvé de tous les naufrages, ses dentelles de noces, et deux boutons en brillants, très petits, très modestes, que Sidonie suppliait parfois sa mère de lui montrer au fond du tiroir de commode, dans un antique écrin de velours blanc, où le nom du bijoutier s’effaçait en lettres dorées vieilles de trente ans C’était là l’unique luxe de ce pauvre logis de rentiers.
Depuis son mariage, Risler avait renoncé à la brasserie. Sidonie aurait eu plaisir à le voir quitter la maison, le soir, pour un cercle élégant, une réunion d’hommes riches et bien mis ; mais l’idée qu’il retournerait dans la fumée des pipes, vers les amis du temps passé, Sigismond, Delobelle, son père, cette idée l’humiliait, la rendait malheureuse. Alors il n’y alla plus ; et cela lui coûtait un peu. C’était presque un souvenir du pays, cette brasserie située dans un coin oublié du vieux Paris. Les voitures rares, des rez-de-chaussée à hautes fenêtres grillagées, des odeurs fraîches de droguerie, de produits pharmaceutiques donnaient à cette petite rue Blondel une vague ressemblance avec certaines rues de Bâle ou de Zurich. La brasserie était tenue par un Suisse, bourrée de gens de là-bas. Quand la porte s’ouvrait, à travers le brouillard des pipes, la lourdeur épaisse des accents du Nord, on avait la vision d’une immense salle basse avec des jambons pendus aux poutres, des tonneaux de bière alignés, de la sciure de bois jusqu’à mi-jambes, et sur le comptoir de grands saladiers de pommes de terre roses comme des châtaignes, des corbeilles de prachtels sortant du four tout saupoudrés de sel blanc sur leurs nœuds dorés.
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Qu’est-ce qui aurait donc pu la soutenir au milieu de ce grand désastre ? Dieu ? Ce qu’on appelle le Ciel ?

Elle n’y songea même pas. À Paris, surtout dans les quartiers ouvriers, les maisons sont trop hautes, les rues trop étroites, l’air trop troublé pour qu’on aperçoive le ciel. Il se perd dans la fumée des fabriques et le brouillard qui monte des toits humides ; et puis la vie est tellement dure pour la plupart de ces gens-là, que si l’idée d’une Providence se mêlait à leurs misères, ce serait pour lui montrer le poing et la maudire. Voilà pourquoi il y a tant de suicides à Paris. Ce peuple, qui ne sait pas prier, est prêt à mourir à toute heure. La mort se montre à lui au fond de toutes ses souffrances, la mort qui délivre et qui console.
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