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Critique de dido600


Ce livre raconte ce qui est explicité dans le sous-titre, à savoir l'histoire des Pieds-noirs restés en Algérie après l'Indépendance .
revenir sur le vécu de six cent mille pieds-noirs qui ont pris le chemin de l'exil et des quatre cent mille qui sont restés en Algérie.
C'est ce qu'explique le livre dès les premières lignes, c'est-à-dire à travers la préface de Benjamin Stora. Selon ce dernier, aucune étude approfondie n'avait jusqu'à présent été entreprise sur le sort des Européens et des Juifs après 1962. le livre de Pierre Daum constitue dès lors une grande première. Il est expliqué que l'auteur remet en cause plusieurs idées reçues à propos du départ des Européens d'Algérie. Benjamin Stora soutient que la thèse répandue est connue: un million de personnes seraient parties en 1962. Pierre Daum livre une autre version dérangeante. Les historiens n'ont jusqu'à présent véritablement pas souligné les leçons à retenir d'une présence si massive. Mais qui sont-ils vraiment ces pieds-noirs? C'est ce qu'on apprend à la page 21. le terme désigne les rapatriés non musulmans d'Algérie. Il exclut les harkis et ceux qui ont fait le choix de ne pas quitter l'Algérie. L'auteur applique pourtant la notion à cette dernière catégorie même si elle s'en défend d'en faire partie. Les ambiguïtés restent encore grandes après cinquante ans d'indépendance.
Autre sujet de discorde: leur nombre. Qu'écrit l'auteur à la page 39? En évoquant les témoignages d'autres historiens, on est en plein fouillis.
Jean Lacouture pense qu'il y a moins d'un million de rapatriés. Selon Daniel Lefeuvre, 180.000 d'entre eux sont restés en Algérie. Ils seraient pourtant 613.000 à faire ce choix, selon le livre de Daniel Lefeuvre qui se serait ainsi trompé dans ses calculs. Combien d'entre eux prirent la nationalité algérienne? C'est toujours le flou. Rendez-vous à la page 77 pour confirmation. Selon Bruno Etienne, 506 Français avaient acquis la nationalité en 1965. Méthode contestable, s'insurge Pierre Daum. Il y eut bien des naturalisations au-delà de cette date puisque le Code algérien de la nationalité ne l'interdit pas. Ils seraient quelques milliers. Beaucoup gardèrent la nationalité française. En tout, ce sont pas moins de 100 pages qui sont consacrées à ces polémiques. L'auteur trouve une méthode originale pour se départir des approximations. Il préfère donner la parole à ceux qui sont restés. de 200.000 en 1963, il n'y en a plus que 50.000 en 1972. Quelques milliers en 1990 et quelques centaines en 2010. 15 ont pris la parole. Certains ont regagné la France des années après l'indépendance. Quelquefois à la retraite. 300 pages sont consacrées à leurs histoires. On y trouve Denis Martinez, peintre, Chantal Lefèvre, éditrice à Blida, Jean-Paul et Marie-France Grangaud. Ce dernier exerce des fonctions importantes au ministère de la Santé.
On y découvre des pilotes, des couturières, des instituteurs et des cinéastes. Pour ce corps de métier, c'est Jacques Choukroun, qui se dit Juif, athée et communiste, qui prend la parole. Il parle des copains algériens: Merzak Allouache, Farouk Beloufa, Lyès Salem.
On enjambe tout et on passe à la page 399. Et là, que dit Cécile Serra, la couturière de Birmandreis qui s'y installe à 11 ans, soit en 1929? Que l'Algérie est un melting-pot. «Nous sommes ce qu'on appelle des Espagnols de souche. Je suis Espagnole de sang, mais je suis Française avant tout. Et après, je suis algérienne.» A d'autres Algériennes, elle devient couturière à 16 ans. Des années plus tard, elle assiste à l'apparition de l'OAS. Malgré les intimidations, les Serra restent serviables envers leurs voisins musulmans. Cette tradition est ancrée dans l'esprit de tous ceux qui sont restés.
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