Dans un appartement, un jeune couple commence à en avoir marre des cris de la fille des voisins le soir. Pour être tranquillisés, il vont sonner et c'est le père qui leur ouvre. Il les rassure en leur disant qu'elle fait la comédie tous les soirs dès qu'il s'agit d'aller au lit. Ils retournent chez eux...
Mais, dans cet appartement, il en est tout autre... La petite fille,
Inès, pleure sa maman. Mais, son papa lui fait bien comprendre qu'elle ferait mieux de se calmer. Aussitôt la porte de la fillette refermée, il se dirige vers la porte des toilettes. Derrière se cache sa femme. Assise par terre, recroquevillée sur elle-même, elle semble apeurée. Il cogne sur la porte, l'injure et lui ordonne de sortir. Mais, elle n'en fait rien. Et reste ainsi des heures enfermée dans le noir, son mari ayant coupé le courant. Elle n'en sortira que tard dans la nuit pour aller s'endormir auprès de sa fille. le lendemain matin, son mari quitte le domicile pour se rendre à son boulot. Elle, elle prépare le petit-déjeuner pour
Inès et va «admirer» les beaux hématomes que son mari lui a fait et tente de les camoufler. Osera-t-elle quitter ce mari violent qui la maltraite et l'humilie? Osera-t-elle le faire, si ce n'est pour elle, au moins pour sa fille?
Loïc Dauvillier et
Jérôme d'Aviau nous offrent un album hors norme pour traiter d'un sujet qui l'est tout autant: la violence conjugale et ses répercussions sur la vie familiale, un sujet fort et encore tabou dans notre société, même si des efforts ont été faits à son encontre. On retrouve ici un schéma classique de la violence: la femme battue culpabilise, se renferme sur elle-même et finalement ne fait rien jusqu'à ce que le mari aille vraiment trop loin dans les coups. Cet album assez pudique et finement travaillé aborde le sujet avec sobriété sans tomber dans le pathos. On compatit et on souffre pour elle, on arrive à détester cet homme exécrable et alcoolique qu
i ne se rend compte de rien. Pour mettre en image cette violence, ce noir et blanc de Jérôme d'Aviau est tout à fait approprié. Ce noir si sombre, ces hachures violentes, ces blancs si parlants et ces expressions du visages si criantes de vérité siéent parfaitement à ce sujet grave et terriblement poignant.
Inès... elle n'attend plus que vous...