Moi, maman de Jonathann

Oui je sais je vais troubler mes lecteurs fidèles, je fais exception en sortant du classique pour aller vers le livre de Martine, il apparaît comme un digest d'une centaine de pages. Et je remercie déjà celles et ceux qui voudront bien me suivre sur ce terrain. Mais qu'on ne se moque pas, ce livre a autant de raison d'exister que le Goncourt 2022

Ce n'est pas manifestement de la littérature - sauf peut-être que la presse s'en fait déjà ses choux gras, mais comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire ici en prévenant, on a le droit au farniente de temps en temps, ne rien faire et se distraire à deux balles, sauf le respect que je dois à cette maman qui souffre dans sa chair pour être la mère du meurtrier Jonathann Daval qui a attisé notre curiosité d'opinion publique pendant des lustres, exécutant une peine de 25 ans de prison dont 4 effectués.

Ayant vu l'émission ce soir de Hanouna, autre distraction à deux balles, J'ai été surpris d'y voir interviewée Madame Daval qui raconte son livre, en compagnie de l'avocat de son fils et du co-auteur du livre. Elle était donc assistée comme une tb qu'on infantilise ! Manifestement ses soutiens avaient beaucoup d'empathie pour elle !.. Dans le genre pour donner un aperçu du média : "oui ben vous savez cher Cyril, Martine là ne va pas oser répondre à votre question (non pas parce qu'elle est bête la question) mais parce qu'elle lui fend le coeur, elle est tétanisée ..". Grand moment de vérité ! Et vous avez tout un aréopage de sombres crétins sur le plateau qui se soumettent comme une seule voix servile à la performance du gourou !.. Peut-être n'y a-il comme débouché paroxystique offrant une fenêtre de tir incomparable à ce livre-médicament à usage quasi-unique que pareille publicité, auquel cas je me réjouis ?..

Bon, raisonnablement, je pense que je n'irai pas jusqu'à lire ce livre, mais je me suis fait deux réflexions, même une troisème que je vais solder sur le champ : il ne me paraît pas normal qu'on mélange dans la même prison un crime passionnel avec un tueur en série (Guy Georges , 7 assassinats de jeunes filles ..). Et dieu sait si je ne veux rien enlever à l'impardonnable geste de Jonathann Duval.

1/ Elle déclare avoir fait ce livre pour se libérer du fardeau de tout ce qu'elle entend autour de l'affaire et qui ne lui paraît pas juste -après tout elle n'y est pour rien là dedans ; pour aussi verbaliser ses angoisses. Elle dit mot pour mot que c'est une thérapie pour elle, et dans son cas, je crois qu'elle a raison et que c'est une bonne méthode. Combien de fois ai-je entendu qu'il faille écrire ou peindre pour dissiper une difficulté majeure comme ici qui empêche le cheminement d'une vie normale qui est loin de me convaincre dès lors que c'est uniquement le fruit de l'émotion, mais ici c'est plus un mal être qu'elle doit vaincre.

2/ Par cette intervention publique de Madame Daval bien entourée, celle-ci doit savoir que la compassion existe, et que cela ne doit pas ajouter à la famille endeuillée d'en face un malheur au malheur. Faire plus de cas du sort de Madame Daval mère du meurtrier que de celui de la famille de la victime frise l'indécence pour ne pas dire une forme d'amoralité : c'est à proscrire.

J'imagine la famille de la victime, la famille Fouillot, regardant l'émission comme moi, ou plutôt pas du reste mais le sachant certainement, combien elle doit mal le vivre, impuissante à réfréner quoique que ce soit pour l'heure, combien elle doit penser que le monde est décidément mal fait et que le cauchemar continue, et que après 4 ans la date du crime, qui a généré tant de passion et de compassion, elle se retrouve désespérément seule face à tous, parce que tel est non seulement le lot des faits divers qui ont marqué l'opinion, passée l'émotion qu'ils suscitent mais qu'une actualité injuste véhiculée par les médias féroces et voraces vienne encore en remettre une couche atteignant l'honorabilité de la fille, la victime .. Que les deux familles se livrent une guerre sans merci par médias interposés, c'est une chose, mais sur le dos de la morte, ce n'est pas très joli ; on n'évitera pas le pire dans cette société à la con