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Briggs Land tome 1 sur 2

Mack Chater (Illustrateur)
EAN : 9781506700595
160 pages
Dark Horse (02/05/2017)
5/5   1 notes
Résumé :
A critically-acclaimed crime epic set in an American secessionist militia compound mixing politics with complex family issues, from NYT bestselling author of DMZ.

Now nominated for an Eisner Award!

Grace Briggs is the new head of the Briggs family, the largest and most secretive antigovernment secessionist movement in the United States. For over a hundred years it's been a safe harbor for anyone looking to live a simple, quiet life off... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il comprend les épisodes 1 à 6 qui constituent la première saison, initialement parus en 2016, écrits par Brian Wood, dessinés et encrés par Mack Chater, avec une mise en couleurs réalisée par Lee Loughridge, assisté par Jeremy Colwell. Les couvertures ont été réalisées par Tula Lotay.

Quelque part dans le nord de l'état de New York, dans une prison de haute sécurité, Grace Briggs rend visite comme chaque semaine à son mari Jim Briggs, emprisonné pour tentative de meurtre sur le président des États-Unis. Elle lui explique c'est la dernière fois qu'elle vient, et qu'elle a décidé de prendre les affaires de la famille en main. Alors qu'elle ressort de la prison pour monter dans sa voiture (un pick-up), 2 gardiens de la prison lui adressent la parole pour lui rappeler que son mari est un homme influent et qu'elle ne devrait pas se conduire comme ça avec lui. Elle est également observée depuis une autre voiture par Daniel Zigler et sa coéquipière Andrea Nolan, 2 agents fédéraux de l'ATF (= Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives, service fédéral des États-Unis). Elle retrouve son fils Isaac Briggs dans la voiture.

Grace Briggs et Isaac Briggs (26 ans) se rendent à la quincaillerie Hilson Home Value, où ils retrouvent Caleb Briggs (34 ans), le fils aîné, qui exerce la profession de comptable dans cet établissement. Isaac fait face à son frère Caleb à qui leur père a déjà passé un coup de fil pour l'avertir des velléités d'indépendance de sa mère. Caleb se tient la main sur son arme à feu qu'il porte à la ceinture. L'échange est froid, mais Caleb Briggs finit par parler à sa mère. Il lui indique qu'en tant que premier né, la succession lui revient de droit. Il lui remet quand même les 72.000 dollars qu'il tient dans un sac de sport. Après avoir sorti un fusil de l'arrière du pick-up, Grace le place entre elle et le siège passager, et se dirige vers Briggs Land. En route, elle appelle Noah Briggs (30 ans) pour lui demander de s'assurer qu'elle pourra rentrer sans incident. Avec 2 de ses hommes, il vient d'intercepter un chargement illicite, et d'abattre les convoyeurs.

Brian Wood est un scénariste prolifique, capable aussi bien d'écrire pour Marvel ou DC, que de créer des séries originales. Il avait déjà écrit une série longue, publiée par Vertigo, avec une dimension sociale et politique : DMZ (72 épisodes). Pour cette nouvelle série, il prend comme point de départ une communauté de suprématistes blancs souhaitant faire sécession d'avec les États-Unis, ou au moins être souveraine sur ses terres. le scénariste ne fait pas semblant et le lecteur trouve les conventions attendues : un responsable en prison pour un crime pas clair, un culturiste tatoués de partout avec des symboles nazis et aryens (par exemple 88, 8 comme la huitième lettre de l'alphabet, c'est-à-dire HH pour Heil Hitler), une milice armée, des trafics en tout genre pour financer la communauté, une pauvreté extrême avec des individus vivant dans des caravanes, une idéologie attribuant une place de subalterne aux femmes, des grands espaces naturels. À partir de ces repères aisément identifiables, Brian Wood raconte une histoire de prise de pouvoir.

Dès le départ, le lecteur plonge dans une atmosphère vaguement pesante du fait de l'emploi de couleurs un peu ternes et parfois blafardes. Lee Loughridge (avec l'aide de Jeremy Colwell) emploie des teintes principales différentes en fonction des scènes : verdâtre pour la prison, violet pour la rencontre avec Caleb Briggs, mauve pour le soir dans la chambre de Grace Briggs, ocre pour la préparation du repas dans la cuisine, bleuté pour la scène de nuit dans la maison de Bud Hilson, etc. Toutefois, il n'applique pas la même teinte à toutes les surfaces, et il conserve une approche de type naturaliste, en utilisant 2 nuances par surfaces pour en accentuer le relief, et des teintes plus sombres pour les ombres portées. Mack Chater réalise des dessins de type réaliste, également avec une approche naturaliste et descriptive, évoquant ceux de Michael Lark dans la série Lazarus de Greg Rucka. Il ne dessine pas pour faire joli, avec des traits de contour pas arrondis, pas lissés, des aplats de noir irréguliers, et des petits traits courts dans les surfaces pour marquer les plis des tissus, les marques des visages, ou encore la texture d'une matière. Habillés par les couleurs de Lee Loughridge, les dessins donnent une impression de réalité rugueuse, pas bienveillante, plutôt indifférente à la présence des êtres humains, ne faisant rien pour être accueillante.

Les dessins de Mack Chater engendrent une sensation étrange, entre des images pas forcément très précises, mais avec quand même un bon niveau de détails. Les plis des vêtements tombent un peu au hasard. Il n'est pas possible de reconnaitre l'essence des arbres dans les bois aux alentours de Briggs Land. Il n'est pas possible de reconnaître les marques et les modèles des voitures, mais elles sont différentes de forme et évoquant des véhicules réels. Les chemises, chemisiers et pantalons sont génériques, mais avec des boutons, des cols et des coupes réalistes. de ce fait, le lecteur identifie aisément chaque élément, sans passer trop de temps à les déchiffrer ou à les examiner. le même phénomène de lecture se produit avec les bâtiments et leur façade, ou avec l'aménagement intérieur des pièces. Les personnages présentent également une apparence extérieure ordinaire, des individus banals que l'on pourrait croiser dans la rue.

Le lecteur peut ne pas prêter plus d'attention que ça aux dessins et concentrer son attention sur les situations, sur les événements et les dialogues, totalement accaparé par l'intrigue. En prenant un peu de recul, il se rend compte que la narration visuelle est en fait très riche en détails qui nourrissent l'histoire et qui lui donnent corps. Mack Chater a conçu une apparence spécifique pour les personnages ce qui permet de les reconnaître au premier regard, y compris les 3 fils de Grace & Jim Briggs. La prise de conscience de la richesse de la narration visuelle grandit au fur et à mesure des séquences, avec la description des différents lieux. L'apparence banale ne diminue en rien la qualité de la description et génère une immersion de grande qualité dans des endroits aussi différents que le parloir de la prison, le parking devant la quincaillerie, la clôture autour de Briggs Land, les mobil-homes, la salle de musculation, une portion de route au milieu de nulle part, etc. À chaque fois, le lecteur peut constater que les décors sont consistants, avec des aménagements réalistes et concrets, rendant compte d'un milieu urbain, d'une réalité sociale, d'un niveau économique, d'un usage particulier. Mack Chater réalise des mises en scène vivantes, permettant de voir les gestes des personnages, l'environnement dans lequel ils évoluent de manière naturelle. Même si les dessins peuvent sembler prosaïques et pragmatiques, ils constituent une narration visuelle fournie et riche.

En fait, les dessins de Mack Chatter sont en phase avec la narration de Brian Wood. le scénariste ne souhaite pas faire dans le spectaculaire, mais rester dans un registre naturaliste. le lecteur est un peu surpris par l'exécution sommaire des convoyeurs dans le premier épisode, mais par la suite les événements relèvent du domaine du plausible, voire les faits divers regorgent d'événements bien plus spectaculaires. de ce fait il peut tout à fait croire à ce qui lui est raconté, ajouter foi à ce que cette situation, ces personnages, ces événements ont toutes les chances d'exister dans le monde réel. Dans un premier temps, cela produit un effet similaire aux dessins : une histoire presque banale. Effectivement, il existe des communautés tentées d'instaurer leur propre loi sur leur territoire au sein des États-Unis, sur la base de principes souvent extrémistes et rétrogrades. Ce dosage privilégiant le réalisme au spectaculaire peut donner l'impression de lire le récit d'un fait divers. Les horreurs décrites sonnent justes, que ce soit un passage à tabac laborieux, l'implantation de croix gammées en feu sur une pelouse, l'antisémitisme larvé, le port d'arme dans les lieux publics, ou encore la pauvreté ordinaire dans un campement de mobil-home.

Pourtant dans ce sous-genre, Brian Wood raconte une histoire bien peu commune. Pour commencer, il a fait l'effort de concevoir une communauté crédible et plausible avec ses classes sociales, ses principes, et son mode de financement basé sur des trafics illicites. Ensuite, il place à la tête de cette communauté une femme, ce qui sort des schémas habituels louant la virilité. le lecteur ne peut pas adhérer à l'éthique des membres de la famille Briggs ; il ne peut pas les voir en héros. Dans le même temps, il se rend vite compte qu'il éprouve de l'empathie pour Grace Briggs, à la fois parce qu'elle risque gros à vouloir déposséder son mari en prenant la tête de la communauté, à la fois parce que ses motivations comprennent une dimension sociale aussi inattendue que cohérente avec ses convictions, une forme de justice sociale et de conscience des responsabilités envers les membres de la communauté. Si par malheur, le lecteur a eu la curiosité de lire le texte de la quatrième de couverture, il a découvert bien plus d'informations que n'en contient ce premier tome, en particulier ce qui fait la richesse économique de cette communauté. Il a conscience que l'histoire de Brian Wood est beaucoup plus riche que ne le laisse entrevoir ce premier tome. S'il a déjà lu d'autres séries du même auteur, il remarque aussi la fibre historique, la volonté d'être maître de sa communauté et de la protéger par une milice, thème développé d'un point de vue historique dans Rebels: A well-regulated militia avec Andrea Mutti.

Au premier coup d'oeil, voici une histoire qui ne paye pas de mine. Les dessins sont corrects, mais sans éclat. L'histoire évoque la prise de pouvoir dans une communauté suprématiste et séparatiste, en utilisant les conventions attendues du genre. de séquence en séquence, le lecteur se plonge dans une histoire très plausible, tout en se prenant d'intérêt pour les trajectoires de ces personnages pourtant pas recommandables. Au fil des chapitres, les dessins de Mack Chater (bien complémentés par la mise en couleurs de Lee Loughridge) révèlent leurs saveurs, plus subtiles qu'il n'y paraît. le scénario de Brian Wood est à la fois une intrigue avec un suspense intense, mais aussi la description d'un mode de vie alternatif, et encore une étude sociologique complexe et nuancée.
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