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Critique de polacrit


Dans ce roman, Leif Davidsen se penche sur un épisode sombre de l'histoire récente, celui de la fatwa lancée contre l'écrivain Salman Rushdie. Lise Carlsen, journaliste et présidente du PEN-Club danois, association internationale d'écrivains fondée en 1921 ayant pour but de "rassembler des écrivains de tous pays attachés à des valeurs de paix, de tolérance et de liberté sans lesquelles la création devient impossible", doit organiser la venue au Danemark de Sara Santanda, écrivaine iranienne frappée par une fatwa lancée par les autorités religieuses de son pays. La jeune femme veut sortir de l'ombre et dire au monde entier ce qu'elle pense de la tyrannie religieuse et du comportement des pays européens, y compris le Danemark."Ça ne l'ennuierait pas non plus de dire ce qu'elle pense de prétendu dialogue critique de notre gouvernement avec l'Iran, dont le Danemark se glorifie à Bruxelles." (Page 32)
Dans ce contexte lourd de menaces, la police est évidemment sur les dents, d'autant qu'elle dispose de peu de moyens et que les hommes politiques refusent de la rencontrer. Pendant ce temps, Per Toftlund, inspecteur de la sécurité chargé d'assurer la survie de la jeune femme, doit gérer 24 heures de danger permanent. C'est alors qu'il est informé par des fuites qu'un contrat est chargé de l'exécuter. Il s'agit d'un professionnel, un tueur isolé, un "Danois serbe" (individu né au Danemark de parents immigrés venus y travailler et repartis peu de temps avant l'éclatement de la Yougoslavie), nommé Vuk, membre des services secrets de l'Est en pleine déroute. Les seuls renseignements dont Toftlund dispose est que le jeune homme est blond, qu' à l'âge de 17 ans il a abandonné de brillantes études pour retourner en Bosnie avec ses parents qu'il a vus massacrer  par d'anciens voisins et amis. Traumatisé à son tour, hanté par de terribles cauchemars, il est devenu à son tour un tueur impitoyable. Il est l'homme idéal pour ce genre de mission: grand, blond, parlant le danois parfaitement, sans aucun accent, il est indétectable. Toftlund a moins de 24 heures pour le trouver et le neutraliser."Ce sera une surveillance compliquée, Per (...)D'une part, les ressources sont minces (...)D'autre part, tu seras obligé de tenir compte du fait que le PEN-Club danois, l'écrivain et le journal voudront le plus de pub possible(...)Mais de notre côté, nous souhaitons le max de sécurité...Les politiciens vont être furieux. Ça va faire un raffut du diable." (Pages 45/46).

Dans Le Danois serbe, Leif Davidsen, virtuose du genre policier/espionnage, propose une vision lucide du monde de l'après URSS,mais sans verser dans l'amertume ou la rancoeur. Il décrit avec beaucoup d'intelligence et d'humanité les répercussions au niveau international mais aussi au niveau individuel du raz de marée qui a submergé l'Europe de l'Est, dévastant sur son passage les repères d'un monde moribond.
Il met sa plume de journaliste au service de la vérité de ces hommes et de ces femmes qui ont souffert dans leur chair, mais aussi dans leur âme, des atrocités de la guerre, broyés par un système cannibale basé sur le profit, le pouvoir et l'argent: dans une fiction romanesque passionnante, Leif Davidsen raconte sans juger, décrit sans trancher en faveur de l'un ou de l'autre, dans une intrigue extrêmement bien ficelée, au suspense haletant. C'est ce qui fait la force de son roman.
Lien : https://legereimaginarepereg..
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