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Citations sur Les dieux du tango (34)

Il lui avait seulement montré comment polir les courbes, enduire de résine les crins tendus de l'archet. Elle adorait faire çà, elle adorait imaginer qu'elle participait ainsi à la magie qui se déployait lorsque son père se mettait à jouer. Le ciel devenait alors une toile vierge sur laquelle se projetaient les touches de couleur de sa musique.
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Carmen dansait comme si elle aussi pouvait entendre la musique. Elle était souple et forte à la fois, dotée d'un parfait équilibre. Aucun à-coup ne venait troubler leurs mouvements ni perturber cette illusion d'être un corps à quatre jambes, guidé par des instructions sorties de nulle part, guidé par quelque chose qui dépassait tout ce qu'un esprit aurait pu atteindre. Se tendre, s'incliner, glisser, enlacer, tourner et revenir vers le centre, toujours revenir au centre, puis en sortir, jusqu'aux limites où l'âme languit, s'étire, dessine l'arc de son désir, balaie l'air de sa forme secrète, là où elle ne laissera aucune trace. Parce que c'est ça, la danse, elle ne laisse aucune trace, n'appartient à personne, elle luit brièvement et disparaît comme si de rien.
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«La musique suffisait déjà à rendre la vie supportable. Rien qu’avec la musique, elle se sentait déjà… libre? Heureuse? Non, c’était encore autre chose. Éveillée. La musique était une flèche qui transperçait les murs les plus épais. La musique faisait oublier les inégalités. La musique transcendait les siècles. C’était le nectar des démons, l’ambroisie de Dieu.»
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Ce son les réunissait et Dante se sentit soudain très proche des autres hommes. C'était presque une fusion, mais plus immédiate qu'avec le sexe, ou en tout cas ce qu'elle en imaginait d'après ce qu'elle avait glané auprès des matrones d'Alazzano, dans les bordels et les bars. Chaque musicien pénétrait les autres en même temps qu'il était pénétré, chaque homme s'exposait: toi, tu souffres comme ça, tu brilles comme ça et voici ce qui te fait vibrer. Et moi, voici ma douleur, mon plaisir. Chaque être humain a sa propre géographie intérieure, bien cachée au fond de lui, mais calez vous sur le même rythme, et alors tous les secrets enfouis remontent et s'illuminent.
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Elle avait de longues jambes, un long torse. Qui aurait cru que son physique serait un jour un avantage ? Ce physique sur lequel sa mère s'était tant lamentée... "Comment vas-tu réussir à porter un enfant dans ce corps ? On dirait un tube, les choses entrent et sortent mais n'y restent pas." Et puis son visage, il était anguleux et pas du tout arrondi comme celui d'une femme devait l'être, il ne ressemblait en rien à celui de Palmira dont le visage aux admirables pommettes était à présent baissé sur son ouvrage.
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Durant les nombreuses années qu'il lui restait à vivre sur ce nouveau continent, elle verrait des choses qui la stupéfieraient, la briseraient en mille morceaux pour mieux la reconstruire, sous des formes qu'elle n'aurait pas crues capables d'abriter une âme humaine. Mais jamais elle ne reverrait sa famille.
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Je suis l'impossible et je suis ce qui fait que tout est possible, comme une fuite dans la digue du temps.
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Cora qui lui apprenait à lire. L'hiver, elle faisait la lecture à voix haute à Leda dans ce même salon dans lequel elle se tenait à présent. Elle lisait de cette voix basse et chaude comme du miel qui faisait de chaque syllabe un délice.
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Personne ne se doute jamais de ce que les autres ont enduré.
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Dans les années 1880, quand Santiago était enfant, Palo jouait avec El Negro Casimir et El Mulato Sinforoso, qui avaient été les premiers à faire entrer le tango dans les bars et les cafés. Ils jouaient quelques chansons puis faisaient passer un chapeau, heureux de gagner une pièce ou deux en procurant un peu de plaisir aux buveurs. Ils étaient devenus célèbres à San Talmo et à La Boca pour l’exubérance du jeu de leur violon et clarinette. En ce temps-là, le tango était encore joyeux et désordonné, encore habité par les vieilles danses africaines et les rythmes qui échauffent le sang.
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