Nul besoin d’être devin pour comprendre ce qu’ils renfermaient. Probablement des articles sur les récents heurts entre la police et plusieurs SDF. Des itinérants dont la plupart étaient, comme d’habitude, malades ou déficients mentaux. Autant dire des personnes enclines à réagir vivement en cas d’interpellation, surtout si les policiers ne savaient pas comment s’y prendre avec leur pathologie. Trop souvent, les forces de l’ordre ignoraient comment fonctionnait un cerveau schizophrène, ou comment une manie, au sens psychiatrique du terme, pouvait déclencher une psychose chez un sujet atteint de troubles bipolaires. Les menacer ne faisait qu’aggraver la situation.
Cerner la condition mentale d’un individu n’était qu’un aspect de plus à prendre en compte au moment d’aborder une situation, et faire l’impasse sur cette question revenait à faire le choix de la facilité.
En toile de fond, les policiers détestaient l’idée de prendre des pincettes avec les délinquants, et renâclaient à les considérer avec empathie. Peut-être parce que cette approche rendait l’exécution de leur travail d’autant plus difficile. Toutefois, ce prétexte ne devait pas être une excuse pour rester dans l’ignorance.
Il n’était pas toujours fier de ses pensées, mais on ne pouvait pas dire de lui qu’il était un hypocrite, encore moins un menteur. Certes, la justice qu’il servait se devait d’être impartiale, mais cela ne signifiait pas pour autant qu’elle devait être aveugle. Et, de toute façon, les opinions personnelles qu’il nourrissait sur les faiblesses des hommes n’affectaient en rien la façon dont il s’acquittait de son travail.
Curieusement, lorsque cela permettait d’éviter la prison à un être cher, les familles n’avaient aucun scrupule à exposer leur vie privée sur la place publique.
Pour qui savait lire entre les lignes, le message du reporter était clair : sans l’aide de ces foutus psys, les forces de l’ordre de San Francisco se résumaient à une armée de butors incapables.
La schizophrénie, par exemple, se déclare souvent chez les hommes jeunes à la fin de l’adolescence ou au début de la vingtaine. Une personne peut présenter un désordre bipolaire modéré qui se trouve soudain exacerbé par un pic de stress. Ou quelqu’un qui ne présente absolument aucun trouble psychique peut subir un traumatisme profond qui le plonge subitement dans un état mental altéré. Il existe tellement de scénarios possibles…