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Critique de Doudaminou


C'est le deuxième roman que je lis de la collection « Vendredi 13 » des Editions La Branche et une nouvelle fois c'est une bonne surprise. le livre commence par la présentation d'une bande de 13 jeunes paumés de la génération Woodstock/mai 68 un certain Vendredi 13. Dégoutés à l'idée de trahir un jour leurs idéaux, ils décident d'engager un tueur à gage pour les éliminer lorsque ca arrivera. Et fatalement un paquet d'années plus tard alors qu'ils travaillent tous dans la même entreprise et que chacun a oublié ce pacte et mène sa petite vie dans son quotidien pourri, les premières morts s'enchaînent. Si les protagonistes qui se détestent cordialement mettent les premiers morts sur le compte du hasard, force est de constater que celui-ci fait bien les choses : un nouveau cadavre apparaît tous les treize jours. Plusieurs questions s'imposent alors : René a-t-il vraiment engagé un tueur, comment arrêter le mécanisme, mais surtout, qui sera le prochain ?

Un personnage est mis plus en avant que les autres, une sorte de point fixe dans le récit. Désigné par « je », il vit dans un appartement miteux avec une petite amie de passage trois jours par semaine, un boulot qu'il déteste obtenu par ses relations et des ennuis quotidiens. Cet homme dont on ne connait pas le nom est tout simplement représentatif des membres de son groupe. On l'observe lui comme on aurait pu suivre n'importe quel autre.
A coté des victimes désignées, deux autres personnages ont réellement une place. Louis Edouard Dudeuil est un jeune et mauvais flic, placé par son préfet de père qui le prend (et c'est difficile de le contredire) pour un incapable. Bien sûr, c'est lui qui est chargé de l'enquête. Il est le stéréotype même du jeune bourgeois qui, n'ayant jamais rien fait de sa vie, ne cherche qu'à montrer au monde et plus particulièrement à son géniteur à quel point ils se trompent (ou pas) à son sujet. A l'opposé se trouve Kraminski, capitaliste psycho-rigide et supérieure hiérarchique de nos morts en puissance qui vit à travers son boulot et ne voit dans l'enchainement des crimes que les bénéfices que l'entreprise peut en tirer.

J'aime beaucoup la manière dont c'est écrit : pas de gentillesse ou de compassion que ce soit dans la description des personnages ou leurs relations. On montre le monde tel qu'il est, parfois avec vulgarité sans pour autant gâcher le style de l'auteur. Métro, boulot, dodo, les jours s'enchaînent et se ressemblent pour les uns comme pour les autres. Ils évoluent dans une société où tout est altéré contrastant avec tous leurs idéaux de jeunesse et où l'individualisme est de rigueur. Pour preuve : les relations tendues des membres du groupe alors qu'ils sont tous dans la même galère, le flic qui ne voit dans l'apparition d'un serial killer que l'opportunité de se mettre en avant où encore Kraminski qui vit en parfaite autarcie puisqu'elle n'a aucune relation sociale si ce n'est dans son job où elle se sent protégée par le système hiérarchique.

En conclusion, un roman savoureux et souvent drôle qui dresse sans indulgence un portrait de la société actuelle à travers un groupe de soixante-huitards qui, après avoir raté leurs vies, s'appliquent à rater leurs morts.

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