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3,46

sur 103 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  

La narratrice de ce récit, Alexandra, surnommée "Lex", Gracie, est l'aînée d'une famille où les 7 enfants ont été maltraités par leurs parents, surtout le père qui s'est suicidé juste avant l'arrivée des autorités.

Lex qui est devenue avocate d'affaires à New York rentre en Écosse, près de Manchester, à la mort de sa mère, qui a écopé 25 ans de prison et qui l'a désigné comme exécutrice testamentaire.
Comme elle entend transformer la "house of horrors" en un centre à vocation sociale, il lui faut l'assentiment de ses frères et soeurs.

Une occasion pour nous relater par multiples retours en arrière comment tous les enfants Gracie ont souffert de ce père, un fanatique religieux et gravement dérangé.

L'essentiel de cet ouvrage réside, toutefois, dans la description minutieuse par l'auteure de l'évolution fort différente de chaque enfant après sa "libération".
Comment en d'autres termes elles et ils font face à une vie d'adulte responsable.

L'approche psychologique d'un sujet aussi délicat par la jeune avocate Abigail Dean est impressionnante et explique sans doute le succès immédiat outre-Manche de sa première oeuvre littéraire.
Je trouve cependant que les louanges qui figurent en couverture, tels "Fantastic" (Paula Hawkins) et "Sensational" (Richard Osman) légèrement exagérées.

Personnellement, j'estime que dans les 326 pages du récit il y a un peu trop de passages à vide, où il ne se passe rien sans être poétiques pour autant.

Ce roman a probablement été en partie du moins inspiré par une histoire véridique : la terrible affaire des meurtres de la lande ("Moors murders") situé également près de Manchester à Saddleworth Moor, où le couple Ian Brady (1938-2017) et Myra Hindley (1942-2002) ont tué, entre juillet 1963 et octobre 1965, 5 enfants et adolescents entre 10 et 17 ans.
De cette horreur, en 2006, une minisérie de télé a été produite avec le titre "See No Evil" (ne vois pas de mal).
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Comment tenter d'effacer le passé quand on a vécu l'enfer sous le toit familial ?

Oublier pour mieux se reconstruire : c'est la dure tâche qu'Alexandra Gracie (Lex) essaie de réaliser au quotidien. Depuis qu'elle s'est enfuie de la maison familiale âgée de 15 ans, elle a appris à vivre comme n'importe quelle adolescente de son âge même si pour son éducation elle a dû rattraper ses lacunes. Grâce à de nouveaux parents adoptifs mais surtout à une psychiatre dévouée surnommée Dr.K elle a pu reprendre une vie quasi normale et penser à son avenir. Pour toutes les personnes qui ont découvert avec effarement le sort de ces sept enfans séquestrés par leurs parents pendant plusieurs années à travers les différents médias , la maison a été rebaptisée la Maison de l'horreur et Lex est devenue la fille A.
Alors oui, par moment, elle a besoin de flirter avec la réalité quand de douloureux souvenirs l'assaillent.
Après avoir fui l'enfer du foyer familial , le décès de Mère en prison va subitement la ramener quinze ans plus tôt et l'obliger à prendre contact avec ses frères et soeurs dans le cadre d'un projet pour réhabiliter leur ancienne maison.
Une difficile mission qui va la replonger dans un passé qu'elle tente désespérément d'enfouir dans les tréfonds de son esprit.

Il y a beaucoup d'émotion qui suinte des lignes de ce récit incroyable. Via de multiples aller retour temporels Lex, notre narratrice tout au long du roman, nous replonge comme elle dans ces terribles épisodes où un père bascule dans une folie quasi mystique alliée à une violence totalement déraisonnable envers ses enfants.
Totalement sous son joug, les enfants vont progressivement être enfermés, éloignés de toute civilisation et de toute éducation. Quelques livres cachés et beaucoup d'imagination seront les seuls moyens pour s'extraire de leur malheureuse condition.
J'ai beaucoup aimé cette histoire qui fait la part belle à la lente reconstruction d'une enfant détériorée tant physiquement que mentalement.
Alors oui, le récit peut sembler parfois chaotique mais il n'est que le reflet de la psyché encore instable d'une femme qui a l'avenir devant elle grâce à une grande intelligence, une formidable volonté mais qui reste fragile quand son passé la rattrape.
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J'ai découvert « Fille A » grâce à la plateforme Netgalley.
Présenté comme le Phénomène outre-Atlantique, j'étais à la fois impatiente et sur mes gardes à la veille de commencer ma lecture.
Ma 1ère impression : c'est un roman singulier. de par son histoire et sa construction.
C'est Alexandra GRACIE qui va nous conter cette histoire, son histoire. Et celle de ses 6 frères et soeurs.
Alexandra doit quitter son travail à New-York pour revenir dans son pays natal : l'Angleterre car sa mère vient de décéder et l'a désignée comme exécutrice testamentaire.
15 ans auparavant, elle s'est enfui de sa maison, surnommée la maison des horreurs, dans laquelle ses parents la retenaient contre son gré, en lui infligeant moult tortures, humiliations et mauvais traitements. Elle a eu le courage de partir pour fuir l'insoutenable et pour sauver ses frères et soeurs.
Une histoire familiale sordide, entre un père violent, obsédé par la religion et une mère transparente, complètement soumise à son mari. La folie s'étant emparé de ces deux esprits a conduit la famille aux confins de l'horreur.
Aujourd'hui, Alexandra se fait un devoir de transformer cette maison en centre communautaire.
Nous alternons des passages au présent et au passé. Nous vivons la descente aux enfers comme une lente agonie à travers les yeux de chaque enfant. Nous prenons conscience du traumatisme irrécupérable infligé à ces –derniers et les conséquences observées dans leur vie d'adulte.
C'est tour à tour dur, touchant, révoltant.
Il est précisé à la fin du livre qu'il s'agit d'une fiction et pourtant nous avons l'impression de lire un fait divers. Je pense que malheureusement, nombre d'histoires réelles ont dû alimenter cette fiction. le lien qui les sépare est si fin…
Mis à part quelques longueurs et un petit temps d'adaptation relatif à la temporalité du récit, j'ai apprécié ma lecture.
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Deborah et Charles Gracie ont maltraité leur sept enfants (Alexandra, Ethan, Delilah, Gabriel, Noah, Daniel et Evie) jusqu'à ce que l'ainée (Alexandra) âgée de quinze ans, (surnommée « la fille A » – comme « Alpha ») s'échappe de « la maison de l'horreur » et aille chercher du secours … C'est l'inspecteur Greg Jameson et la pédopsychiatre (la Dr Kay) qui seront chargés de l'enquête (et du suivi des enfants Gracie …)

Lex (la fille A) est la narratrice de cette terrible intrigue. Elle a quitté l'Angleterre, son pays d'origine, pour s'installer aux États-Unis depuis des années et revient sur les lieux de ses souffrances à la mort de leur mère (en prison) afin de régler les « détails administratifs et testamentaires » (Leur père était mort avant l'intervention de la police …)

Difficile de ne pas penser aux treize enfants Turpin en lisant cette histoire (une horrible affaire qui avait défrayé la chronique américaine, en 2018 …) Même si l'auteure – par mesure de précaution – se garde bien de le mentionner et précise que « toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé était pure coïncidence » …

Un roman choc, une écriture sans aucune concession sur un sujet particulièrement difficile et un épilogue qui explique bien des choses … Juste un très léger bémol à mes yeux : cette façon qu'a l'auteure de passer du passé au présent, d'une phrase à l'autre … J'ai parfois été troublée par ce procédé dans ma compréhension des évènements … le récit nous amène lentement à une « vérité » qui est un peu différente, d'un enfant à l'autre (chaque chapitre est dédié à un d'entre eux …)
Un moment de lecture agréable mais pas de coup de coeur toutefois ...
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C'est le titre assez énigmatique de ce livre ainsi que son résumé qui m'ont mis l'eau à la bouche. Ne me demandez pas pourquoi, lorsqu'une quatrième de couverture laisse penser que le contenu du livre est sordide, je me sens tentée par la lecture ! Je ne suis pas la seule bien au contraire sinon il y a longtemps que ce genre de bouquins ne serait plus édité. Je remercie chaudement les Editions JC Lattès de m'avoir permis de faire cette découverte (et je m'excuse d'avoir mis un peu de temps avant de rendre ce billet, quelques ennuis de santé étant passé par là).

Aux yeux du monde, Lex Gracie est la Fille A. Celle qui s'est échappée à quinze ans de la Maison des Horreurs où ses parents la séquestraient avec ses frères et soeurs.
Elle n'a plus jamais cessé de fuir depuis, mettant un océan entre elle et ses souvenirs. Mais lorsque sa mère meurt et la nomme exécutrice testamentaire, Lex ne peut plus esquiver. Il lui faut décider du sort de la Maison des Horreurs et obtenir l'accord des siens – ce qui signifie les retrouver, se replonger dans le passé qu'ils ont partagé et découvrir qu'ils en restent tous prisonniers.

Pfiooout quelle lecture que celle-ci ! Je l'ai dévoré. Vraiment. Fille A, c'est Lex, celle qui a réussi à s'enfuir de la Maison des Horreurs dans laquelle ses parents la retenaient prisonnière avec sa fratrie. Mère meurt et elle doit revenir sur les lieux du drame. Nous allons alors découvrir toute l'ampleur de l'horreur qu'elle a vécu étant enfant et la façon dont chacun d'entre eux à réussi (ou non) à se reconstruire. On ne ressort pas indemne d'une telle lecture. Certes, il s'agit là d'une fiction mais elle parait tellement proche des faits divers dont s'emparent les médias tellement régulièrement. J'en ai eu froid dans le dos.

J'ai aimé la façon dont Abigail Dean a décidé de découper son récit. Chaque enfant Gracie a droit à son chapitre (intitulé en fonction de la nomenclature de la police : fille A, garçon A, fille B etc ...), on les découvre donc tour à tour. L'horreur grandit à chaque fois que l'enfant se révèle être encore plus jeune que le précédent. On pourrait déplorer que tout le récit se place du point de vue de Lex mais ça ne m'a pas du tout dérangé. L'auteure a une plume précise mais également très pudique pour nous faire découvrir l'ampleur de l'horreur dans cette famille. J'ai adhéré sans problème !

Ce livre nous est vendu comme un thriller mais j'ai trouvé que ça n'en était pas réellement un. Il y a beaucoup de psychologie dans ce livre, l'auteure tente de nous faire comprendre comment la folie religieuse peut mener à une telle extrémité. J'aurai plutôt vu ça dans la catégorie drame parce que franchement, le livre ne nous épargne rien. Je l'ai vraiment aimé, ce ne sera pas un coup de coeur car j'ai trouvé des petites choses qui m'ont embêté mais c'est une de mes meilleures lectures de ce premier morceau de l'année.

N'hésitez pas à découvrir cette sordide histoire ...
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La fille A, c'est Alexandra Gracie, dite Lex. Celle qui s'est enfuie de « la maison, des horreurs » où elle et ses frères et soeurs étaient séquestré·es et maltraité·es par leurs parents à moitié fous. Lorsque sa mère décède en prison 15 ans plus tard, elle est nommée exécutrice testamentaire. Ayant pour projet de transformer son ancien enfer en centre communautaire, elle rend visite aux autres héritiers afin d'obtenir leur accord.

Fille A c'est comme un roman choral qui serait raconté par la même personne. Je sais, c'est un oxymore! Chaque (long) chapitre met en lumière, entre présent et passé, un des enfants de la famille Gracie. Ce fut pour moi un vrai page turner, difficile de le lâcher meme aux petites heures! Abigail Dean a choisi une approche non voyeuriste de la maltraitance, jetant un voile pudique sur la réalité. Un peu trop peut-être car je suis restée sur ma faim, souhaitant en savoir plus sur certains personnages.

Ça reste quand même une excellente lecture pour peu que l'on sache qu'on est davantage sur un roman psychologique traitant de résilience plutôt que sur un thriller terrifiant.
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Lex est la Fille A : celle qui s'est échappée de l'enfer 15 ans plus tôt...

Le décès de sa mère va la replonger dans ses vieux et mauvais souvenirs.

Ce roman est inspiré d'une histoire vraie.

J'ai beaucoup aimé la construction atypique de ce polar, qui nous replonge dans le terrible passé du personnage principal.

C' est grâce à ces flash back et aux parallèles avec le présent que le mystère va progressivement se dévoiler.

Malgré l'horreur des faits, l'auteure ne fait pas dans le sensationnalisme. Au contraire, j'ai ressenti plutôt de la pudeur, parce qu'il n'y a pas besoin d'en dire plus pour comprendre ce que ces personnages ont vécu, quels traumatismes ils gardent de leur passage dans la "Maison des horreurs". Ça ne va donc pas dans le trash, bien au contraire. L'auteure nous plonge davantage dans la psychologie des personnages, dans la manière dont ils ont géré ce qui leur arrivait, comment ils se sont reconstruits, et de quelle manière la foi peut conduire à la folie.

C'est tragique, terrible, glaçant.

Un polar vraiment captivant qui retrace le terrible parcours d'enfants séquestrés par leurs parents.
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Le commentaire de Lynda :
Un roman qui est, par moments assez difficile à lire.
Lex Gracie, c'est la fille A, il y a aussi la fille B et C, et puis les garçons A, B, C et D, ils sont 7 enfants, des enfants qui auront connus l'horreur par des parents qui ont sombré dans la folie.
Ces enfants ont été violentés, séquestrés, souffrant de sévices physiques et psychologiques également.
C'est Lex Gracie, qui à 15 ans, réussi à s'échapper, et par le fait même pourra faire libérer sa fratrie. le père se suicide à l'arrivée des forces de l'ordre, la mère elle, jugée et condamnée à 25 ans de prison.
Lex Gracie a fait du chemin, et s'en est sortie tant bien que mal, après toutes ses années, elle se retrouve avocate et comme elle a été nommée exécuteur testamentaire à la mort de sa mère, elle doit revenir, elle doit revoir ses frères et soeurs, et ils doivent décider ce qu'ils feront avec la maison de l'horreur.
Les frères et soeurs ne s'étant jamais revus depuis leur libération de la maison des horreurs, ils devront tout d'abord se retrouver.
Chacun replongera dans son passé, et pour chacun, nous pourrons voir ce qu'ils sont devenus, mais avec consternation, nous pourrons aussi constater que chacun a gardé des séquelles à vie de ces années de torture et de séquestration. Lex sera celle qui nous racontera pour chacun d'eux.
Passé et présent se rejoignent, ce qui peut parfois entraîner un petit décalage dans l'histoire, mais tout au fond, le résultat reste quand même.
Un roman assez difficile à lire, où l'on peut sans difficulté s'imaginer les sévices de ces enfants qui auront été faits sur un certains nombre d'années.
Personne ne peut sortir indemne d'une telle situation, personne ne peut se retrouver sans cicatrices physiques et mentales de la part de deux adultes qui dans leurs folies, n'aura cessé qu'à l'intervention des autorités.
L'auteure relate bien, l'histoire est touchante par moments, on devient assez rapidement accro à ces enfants devenus grands. Quelques petites longueurs, mais pas assez pour nous détourner de la lecture de ce livre.
C'est un roman touchant, émouvant, dur, que j'ai même trouvé cruel, mais on sait, vous et moi, que cette histoire se répète à travers le monde et encore aujourd'hui.
Lien : https://lesmilleetunlivreslm..
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Fille A

On va suivre Alexandra, une jeune femme de 30 ans qui a été victime de sévices durant son enfance.
Le livre est composé de flash back qui vont nous faire découvrir ce que les enfants ont vécu dans cette famille.

Alexandra vit dans une famille très croyante, à ses 15 ans, elle est enchainée à un mur dans sa chambre qu'elle partage avec sa soeur Evie, elles préparent un plan pour s'enfuir. Alex arrive à s'échapper de la maison familiale pour donner l'alerte et ainsi sauver ses frères et soeurs. Mais les a-t-elle vraiment sauver ?
A 30 ans maintenant elle est devenue une femme qui s'est reconstruite et elle apprend que sa mère incarcérée, vient de mourir. Elle lègue de l'argent et la maison familiale à tous ses enfants. Alex est l'exécutrice testamentaire et doit retrouver ses frères et soeurs pour leur apprendre la nouvelle.

Le récit est rythmé par des flash back, pour comprendre ce que ses enfants ont vécu, et comment ces parents en sont venus à les enchainer ? le rythme du récit est haletant et le livre se dévore rapidement. Les flashback m'ont souvent perdu car ils apparaissent d'un coup sans amorce, la révélation de la fin m'a tellement prise de court et surprise que j'ai été stupéfaite.

Démence, sévices, maltraitance infantile.. Qu'est ce qui peut pousser une mère de famille aimante à enchainer et priver de liberté ses 7 enfants ? Que s'est il passé dans cette maison ? Ces thèmes sont dures mais abordés dans ce récit avec justesse et délicatesse, ici nous ne sommes pas dans le sordide.

Alexandra va vivre le pire au fur et à mesure de notre lecture. Son père va perdre pied et lui faire vivre l'horreur à elle et à sa famille.
Que sont-ils devenus ? Qu'ont-ils vécu ? Tous les enfants sont-ils victimes ? C'est en tournant les pages qu'on le découvre.

Un thriller tragique qui va nous faire passer par plein d'émotions : de l'effroi, de la stupeur, de l'incompréhension, de la terreur. Surtout quand on sait que l'histoire est inspirée de faits réels. Un bon roman !
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si le résumé peut évoquer quelques sordides affaires dont nous avons eu vent par les médias ces dernières années, le roman est une fiction pure. Je ne connais pas tous les drames d'abus et de séquestration intrafamiliaux qui ont été médiatisés dans les deux décennies précédentes, on a malheureusement découvert quelques maisons de l'horreur, mais les souvenirs que j'en ai ont fait écho au texte que j'ai lu. Mais ce texte-là a su donner une vision plus profonde et précise de tous les protagonistes pris au piège du basculement d'une seule personne dans un fanatisme dévorant.

L'horreur, c'est bien le premier mot qui me vient à l'esprit pour désigner la misère matérielle, affective et psychologique qui a régné sur plusieurs années de vie de cette fratrie au sein de l'antre familiale. Mais c'est une horreur vécue et ressentie qui se transforme au gré de la lecture en un kaléidoscope d'autres impressions – compassion, admiration, mansuétude – grâce au talent de l'auteure. Celle-ci fait démarrer son récit sur la visite en prison d'une des filles, la fille A, Alexandra, ou la mère, incarcérée à la suite de la découverte de la maison, vient de mourir : on comprend alors que la mère était, sinon seule coupable, du moins la complice à minima. Si elle est effectivement la première que l'on blâme, la suite du récit, alternant entre digression au passé, afin de comprendre comment une telle situation a pu exister, et au présent, qui expose les relations entre les différents enfants rescapés, a la force de présenter une situation autrement plus complexe, et nuancée.

Ce bourreau maternel que l'on présente enfermée entre quatre murs en ce début de roman tient davantage de la victime, d'une spirale de folie dans laquelle le père s'est laissé progressivement prendre : aucune excuse n'est mise en avant par Abigail Dean, aucune tentative de disculpation, bien au contraire, j'ai ressenti qu'elle a davantage cherché à préserver cet espace entre préjugés, jugement à la hâte et condamnation et excuses et justification, pour en extirper ces explications qui ont mené à la folie d'un seul homme à asservir femme et enfants. Car c'est ce glissement vers le délire qu'il est utile de comprendre. Et qui fera comprendre cette dynamique familiale, qui a fini par avoir des conséquences sur les relations fraternelles, une fois exclue de l'autorité paternelle. C'est un récit qui m'a totalement pris aux tripes, mais aussi tenu en haleine, à chaque page tournée, on apprend à cerner un peu mieux toute la complexité de ces relations, et leur perversité. Il y a tant d'éléments et de mécanismes psychologiques en jeux, c'est édifiant et glaçant de rentrer dans cette intimité d'une famille dont la structure et les repères moraux ont volé en éclats, de rentrer dans la tête d'Alexandra la fille A, celle qui détient à la fois le poids et la responsabilité de la libération ultime, d'observer la résilience de chacun. L'une des choses, à laquelle il est vrai, je n'ai pas forcément réfléchi d'instinct, c'est que le traitement réservé aux différents membres de la fratrie par leur bourreau n'est pas homogène, et les rapports qui régissent la fratrie, après le tsunami de leur libération, sont finalement déréglés. Enfin, Abigail Dean a su éviter d'en faire un récit sombrant dans un voyeurisme inutile, et si la maltraitance est effectivement abordée de manière légitime, elle épargne cependant aux victimes le déballage de détails glauques sur d'éventuels abus sexuels, qui dans le fond n'apporteraient rien à la force de son récit. Même si dans la réalité, les choses en vont autrement.

C'est un récit mené, à mon sens, avec une sensibilité juste quand il s'agit d'évoquer les traumatismes de chacun, et de la fille A en particulier, et une efficacité relative jusqu'au bout, qui réserve encore d'autres tensions dramatiques. J'ai envie de louer la réussite de l'auteure a avoir démonté les ressorts d'un drame dont il est bien difficile de se détacher de l'horreur de la situation pour en comprendre les tenants et aboutissants.








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