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Citations sur Décapage, n°55 (15)

Le roman est le plus fort.
Je veux dire, de tous les modes d'expressions, c'est le mode d'expression le plus puissant,
qu'un roman soit porteur de tout un monde,
de mille histoires ou d'une seule, il est incomparablement ample et intime, tentaculaire comme un rhizome courant
le monde ou une simple racine remontant en soi.
J'ai fait le choix de ne jamais réellement arbitrer entre fiction et éléments biographiques, les deux se confondent
toute vie est une histoire que l'on se raconte, que l'on
subit ou décide,
toute fiction est une vie en plus faite de cent autres.
p98
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Beaucoup d'auteurs m'ont fasciné par cette faculté de se raconter, et si la vie de l'ouvrier de la nuit de Clavel résonne par moments comme des souvenirs qui me seraient personnels, je pourrai en dire autant de Septentrion de Calaferte. De Sexus à Septentrion il y a des ponts, et je me suis longtemps promené dessus, en attendant de prendre le risque de plonger, d'écrire moi-même, d'écrire sur moi. Ce que je n'aurai finalement jamais fait, sinon de façon détournée, ou très cachée;car j'ai pris ce parti-là de me dissimuler derrière mes personnages.
La panoplie littéraire de Serge Joncour
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De la lecture
Fatigue ou distraction, parfois les mots s'enchaînent dans un état de conscience vague, je lis en pensant à autre chose, je lis, l'esprit ailleurs, ailleurs mais pas dans le livre, pas dans ces lignes fraîchement reçues...
Où donc sont parties ces lignes pourtant assimilées, dans quel recoin de la mémoire se sont - elles enfouies?
Parfois il m'arrive de lire comme ça.Sans doute aussi de vivre comme ça.D'être là, mais ailleurs, de vivre en pensant à autre chose. Quand la situation se produit, que d'un coup je réalise que depuis deux pages, je lisais à vide, je m'arrête, et reviens en arrière, essayant de retrouver l'endroit où raccrocher l'histoire, le passage d'avant ma sortie de route...
Au fil de cette marche arrière, rien ne me revient de ces mots, je me demande où sont passées ces phrases, où sont allées ces lignes envolées, que j'ai lues pourtant, mais dont il ne me reste rien en apparence, de toute évidence elles sont quelque part, à s'être imprimées d'elles -mêmes, elles vivent en dehors du livre et moi. Et d'ailleurs (...) qu'est-ce qu'il en reste de mes lectures?
Panoplie littéraire de Serge Joncour
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Les livres de cuisine

Mon premier grand trésor de lecture culinaire, c'est Le Larousse gastronomique de 1938 avec la couverture damasquinée noire en lettres d'or.
Un objet en soi. 2000 pages, 22000 gravures, une rédaction précise, impeccable et pour moi suggestive.

Le petit livre de recettes de Marguerite Duras est le seul je crois qui soit interdit de publication ou bloqué par ses ayants droit. Elle y livre une recette de potée, oui, la potée, une recette précise et sûre, appétissante, à l'impératif donc, et vers la fin, après trois heures de préparation, et alors qu'elle nous a mis l'eau à la bouche, que le travail est fait, que l'après-midi entier y est passé, elle dit: " Quand c'est fini, vous n'êtes pas obligé de manger ce plat. Il faut que vous le sachiez: rien ne vous oblige à en manger." A propos de l'omelette vietnamienne, une cuisine que je connais très bien, elle dit: " Il m'est arrivé de rater ce plat et je n'ai pas compris pourquoi. Les oeufs devaient avoir trop cuit. Il m'est arrivé de le réussir au-delà de ce que j'avais cru possible, je ne sais pas non plus pourquoi." A mon avis cela vaudrait aussi pour l'écriture d'un livre. Réussi ou pas, on ne sait pas toujours bien pourquoi.
La panoplie littéraire de Serge Joncour
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Les déplacements

Moi je n'aime pas l'avion et ça tombe bien, de Paris à Bucarest je pourrais faire le croquis de la géographie des terrains. Ces hordes de chevreuils dans la puszta, la torpeur lascive qui vient sur le Danube, et là être cueilli au loin par le surgissement des Alpes à main droite au détour de l'Autriche, depuis Madrid foncer à 300 km /h, traverser la Castille, en se croyant à l'abri d'un soleil bien haut, et se poser en plein coeur de Séville, oasis bénie [...],,
traverser l'Europe c'est recréer mille décors de lectures, raviver mille souvenirs, l'Europe c'est un terrain de jeu béni pour celui qui aime se perdre dans le temps, dans l'espace, et s'y retrouver chaque fois , de moins en moins seul.Je ne suis pas un écrivain voyageur, je suis un voyage qui s'écrit.
La panoplie littéraire de Serge Joncour
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Mon bureau, celui où ça se passe vraiment, c'est plus que mon bureau, c'est un abri. Un refuge. Une position retranchée derrière des remparts de livres, bien dérisoires murailles en apparence, mais éminemment dissuasives, tout ce qui y pénètre, venu de l'extérieur, est trié et servira ma cause...
Panoplie littéraire de Serge Joncour
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Les déplacements

Aller en Irlande en bateau, en Tunisie, au Maroc, en Grèce, c'est vraiment prendre conscience de la distance, de la séparation de fait, c'est respecter la géographie et l'Histoire. C'est mille fois plus savoureux d'arriver, mille fois plus mérité.J'ai des souvenirs merveilleux d'abordage, même si tous les ports ne sont pas beaux, c'est toujours une émotion inouïe que d'arriver, une impatience récompensée. c'est chaque fois la source de mille rencontres, mais pour de vrai, la découverte de mille décors, et d'auteurs jamais lus.

Extrait de la panoplie littéraire de Serge Joncour
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LES LIVRES de CUISINE

Enfant, étant d'une famille paysanne convertie à la restauration, la bonne restauration , classique, puissante, gastronomique, j'aimais lire les livres de cuisine. Les seuls à être écrits à l'impératif. D'un bout à l'autre.
L'impératif, ce temps si difficile à manier, pour un écrivain, pas si courant finalement de parler ainsi à ses personnages, à ses lecteurs... Même le livre de recettes de Marguerite Duras, petit livre si délicat et humain, si peu sûr de lui, use de l'impératif.
J'aime les auteurs qui aimaient manger.

La panoplie littéraire de Serge Joncour
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Je me suis mis à écrire parce qu'on ne m' écoutait jamais quand je racontais, au mieux on croyait que j'inventais, alors je me suis mis à écrire pour continuer à faire croire que j"inventais.C'est ce que j'ai trouvé de plus simple pour communiquer avec les autres, du moins pour rentrer en contact, et qu'à partir de là ils écoutent un peu, que je parle un peu de moi en feignant de parler d'un autre.
Les premiers textes envoyés sont ces poèmes chez Seghers. J'étais convaincu de ça, d'être un po'te, classique, sonnets, alexandrins. J'avais eu droit à une lettre de refus assez délicatement tournée mais peu encourageante. J'avais 18 ans.Je me souviens d'un papier à lettres bleu, d'une écriture manuscrite.
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La nuit est éternelle
Evidemment, on ne vit pas de poésie
Ni de musique, ni de rien
Mais du goût des autres
Selon la position du soleil

Les étoiles nous disent
Que l'un dans
L'autre
Tout est égal

La nuit est éternelle

Sébastien Ayreault In Décapage 55
Journal fragmentaire et poétique
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