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Critique de Woland


Fortement daté parce que dépassé par les progrès scientifiques, "L'Enigme Anastasia" en tenait déjà pourtant, au début des années soixante, pour l'imposture d'Anna Anderson.

Qui était Anna Anderson ? Une femme comme jaillie de nulle part ou, plus précisément, du canal de la Landwehr, à Berlin, le 17 février 1920. Quand la police la recueille en ce jour froid et humide, elle n'a pas encore de nom et s'apprête à rester encore pour quelque temps une inconnue que les autorités confient provisoirement à l'hôpital Elisabeth. Après examen, elle sera orientée vers l'asile d'aliénés de Dalldorf.

Ce n'est qu'au bout d'une année et demie que la femme avec laquelle l'Inconnue partageait sa chambre, Marie Kolar Peuthert, laquelle, pour justifier son propre internement, s'affirmait victime d'un complot, va lui découvrir une ressemblance avec l'une des quatres filles du tsar Nicolas II, la grande-duchesse Tatiana Nicolaïevna, dont le portrait s'étale dans un journal laissé par une infirmière dans la salle commune, sous la manchette : "L'une des filles du Tsar est-elle encore en vie ?"

Decaux met bien l'accent sur le fait que l'imposture ne fut pas préméditée par celle qui, plus tard, se fera appeler Mrs Anderson. Il est même fort probable qu'elle finit par croire réellement à la véracité de ses dires. Avec le souci d'objectivité dont il a fait preuve dans la majeure partie de ses ouvrages, l'historien s'attache à présenter aussi bien les faits et témoignages parlant en faveur de Mrs Anderson que ceux qui lui sont défavorables.

Il rappelle entre autres qu'aucune des personnes ayant intimement approché le tsar assassiné et sa famille n'a trouvé de ressemblance entre Mrs Anderson et les grandes-duchesses Tatiana ou Anastasia, à l'exception du grand-duc André, cousin germain de Nicolas II qui voulait peut-être trop y croire. Il souligne le fait que les "souvenirs" de Mrs Anderson peuvent avoir été lus dans l'ample littérature consacrée, depuis l'annonce du drame d'Ekaterinbourg, au tragique destin de la famille impériale, ou encore glanés ici et là par une femme habile et à l'affût du moindre détail pour conforter sa légende.

En ce début des années soixante, Alain Decaux ne cachait donc pas que, pour lui, Mrs Anderson n'était pas la grande-duchesse Anastasia Nikolaïevna. La démonstration est franche, nette et logique. Les comparaisons d'ADN qui seront faites près de quarante ans plus tard, lorsque le permettront les progrès technologiques et que les dépouilles des derniers Romanov auront été exhumées pour être décemment enterrées, seront sans appel.

Et pourtant, on reste troublé ... ;o)
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