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Critique de markko31


Nouvelle lecture de Decoin, dans le désordre, pour ce roman qui n'est ni le plus connu ni le plus parfait de son auteur mais offre une nuance bienvenue à son univers, avec cette intrigue à profil bas.

Antoine Dessangles (offrant quelques similitudes avec l'auteur) est un écrivain qui décide un jour de ne plus écrire, sans l'avouer à son entourage. Il préfère devenir collectionneur d"après", ces moments qui suivent les événements marquants de la vie des gens. Il observe en secret et n'intervient jamais. Cette passion voyeuriste le mène jusqu'à New York pour assister à l"après" de Madame Seyerling, dont la fille a été exécutée pour meurtre. Antoine loue la maison en face de cette femme et va aller à l'encontre de ses principes de neutralité en entrant en contact avec elle.

Roman en mode mineur, donc. Decoin a déjà tissé des histoires plus flamboyantes, plus capiteuses. Reste pourtant une musique entêtante en sourdine. L'auteur est un grand raconteur d histoires et son plaisir de romancier se communique à la lecture. A mesure que l'hiver recouvre tout, les sentiments affleurent avec un son mat, comme étouffés, les micro-evènements prennent sens. L'intrigue coule avec une lenteur engourdie, une hébétude agréable comme celle du héros en déshérence en terre étrangère, libéré de toute fonction sociale.

Libéré? Pas totalement car tous semblent prendre un malin plaisir à le renvoyer à cette fonction, à vivre à travers lui leur propre fantasme de l'écrivain. Mais le collectionneur-voyeur n'aura finalement jamais abandonné son habit de romancier, mettant tout son talent d'affabulateur à atteindre tout d'abord son but, avant de finaliser un dessein non prémédité, à son propre étonnement.

Decoin nous ressert une louche de son tropisme new-yorkais: après John l'Enfer et Abraham, retour à Brooklyn. On connaît aussi la passion de Decoin pour les faits divers. Ici encore, une lointaine exécution bien réelle lui offre les racines de son histoire. de même, son amour des jardins trouve une belle expression dans ce jardin blanc (découvert par un aviateur tombé du ciel, romanesque toujours) qui cache le coeur secret du roman. Un havre silencieux, source d éblouissement et d'apaisement?

La fin pourra sembler décevante à certains, mais son irrésolution apparente, ses possibilités séduisantes ou mélancoliques sont la confirmation du charme fragile mais tenace de Madame Seyerling.
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