Chaque fois que j'ai achevé un livre, je me suis promis de m'y prendre autrement pour écrire le suivant. Et c'est exactement ce que j'ai fait. L'ensemble de mes livres ressemble aux dalles d'un cimetière. La même fonction ― enfouir quelque chose tout en le signalant discrètement à l'attention des gens qui passent ―, la même disparité aussi. Je n'ai pas construit une œuvre, mais je me suis parfois bien amusé, ça je l'avoue.
― et j'ai souri en songeant que ce bâillement s'échappait de sa bouche, léger, tout parfumé de sommeil, qu'il quittait la terre et s'envolait à travers l'espace jusqu'à atteindre un satellite de télécommunications qui l'avalait et le traitait avant de le relancer vers moi. Comment désespérer d'une humanité qui dépensait des trésors de technologie et des millions de dollars pour piquer dans le ciel un oiseau électronique à seule fin de renvoyer comme une petite balle le souffle d'une femme ?
La plupart des êtres humains, surtout en groupes, s'apparentent au règne animal quand on les regarde à leur insu.
Mais je n'attache pas tellement d'importance à ces histoires d'incipit.
Pour me faire une idée d'un livre, je serais plutôt tenté d'en lire la dernière ligne.
... j'ai toujours été fasciné par les gens qui déposent et reprennent leur vestiaire ― c'est une des situations de la vie sociale où le regard de l'être humain se vide (je serais même tenté de dire qu'il se vidange) de façon stupéfiante. Atteignant parfois des vacuités insondables.
« Duc in altum : va vers le large, monte sur les hauteurs, dirige-toi avec audace vers les lointains. »
J'espère vivement que l'été prochain, au crépuscule, le fantôme clair de la chouette effraie survolera en silence un jardin pâle - ce jardin pâle qu'aujourd'hui je plante sous les premiers flocons de neige.
Vita Sackville-West
« La première phrase, c'est la plus importante. La locomotive. Elle entraîne tout le reste »
« J'ai appris à rêver. C'est comme écrire, en plus égoïste, l'angoisse en moins. »