Le règlement reconnaît qu'"il existe des preuves scientifiques suffisantes démontrant que les animaux vertébrés sont des êtres sensibles" et que "beaucoup de méthodes de mise à mort sont douloureuses pour les animaux".
Cela évoque inévitablement la monstruosité des camps durant la Seconde Guerre mondiale. On se demande comment une chose pareille a été possible, tout en la perpétrant chaque jour sur des millions d’êtres vivants, au seul prétexte qu’ils sont différents de nous. Ce que m’a appris l’abattoir, c’est que n’importe lequel d’entre nous peut participer à un tel système d’extermination. J‘ai senti ce glissement, cette habituation à la violence.
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On parle ainsi « d’alimentation assistée » plutôt que de gavage dans la filière foie gras. […] « L’équilibrage des nids » est une aimable métaphore de l’élevage cunicole pour désigner une pratique qui consiste à éliminer les lapereaux en surnombre en leur fracassant le crâne contre une surface solide. Les « soins aux porcelets » regroupent la castration à vif, la coupe des queues et le meulage des dents. […] on parle par exemple « d’étourdissement en atmosphère modifiée » ou « d’endormissement » pour le gazage au dioxyde de carbone, à l’azote ou à l’argon.
L’habitude alimentaire qui consiste à consommer de la viande chaque jour, si ce n’est plusieurs fois par jour, est historiquement récente et date de la seconde moitié du XXè siècle. […]
Le cinquième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) estime que la simple application des recommandations nutritionnelles de l’école de santé publique de Harvard, qui conseille de limiter la consommation moyenne de viande à dix grammes par jour et la consommation des autres viandes, du poisson et des œufs à 80 grammes par jour, permettrait de réduire de 36 % les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’origine agricole, et de 8 % les émissions totales. Cette simple mesure serait aussi efficace que de diviser par deux l’ensemble du trafic routier mondial. […]
Le 26 septembre 2014, les députés ont adopté un amendement excluant les émissions de méthane des ruminants du champ d’application du futur plan de réduction des émissions de polluants atmosphériques (alors qu’on estime qu’en France les bovins émettent autant de GES par an que 15 millions de voitures).
Depuis fin 2011, un décret rend obligatoire la présence de produits d’origine animale dans tous les menus servis par les restaurants scolaires. Cette réglementation, étendue en 2013 aux universités, a été défendue par le gouvernement en place en dépit du recours de plusieurs associations, dont L214, soulignant la non-durabilité d’une telle mesure, par ailleurs contraire à la liberté de conscience des usagers. […]
les animaux marins subissent également une terrible violence. Artisanale ou industrielle, durable ou pas, la pêche impose une agonie longue et douloureuse à la plupart de ses victimes : les animaux tirés vivants de l'eau peuvent suffoquer longtemps avant de mourir. Pris à l'hameçon, harponnés, coincés dans les filets, ou traînés dans des chaluts où ils se frottent les uns les autres, parmi les débris divers. Le calvaire commence pour eux bien avant la sortie de l'eau. Lorsque la remontée du chalut a lieu à partir d'une certaine profondeur, la décompression devient insoutenable ; il arrive alors que la vessie natatoire éclate, que les yeux sortent des orbites ou que l'oesophage et 'estomac jaillissent par la bouche. (p.145)