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Critique de caro64


On assassine. Même en enfer. "Tant que nous portons un enfant en nous, nous pouvons échapper au mal sous le manteau de l'innocence ". C'est cette conviction qui fait tenir et avancer le héros, Arturo Andrade, de cet excellent roman noir.

1943. Campement espagnol de Mestelevo, à quelques kilomètres de Leningrad. le froid est insoutenable (il fait – 30°), la propagande allemande cache les victoires soviétiques à ses troupes, la faim et le doute sont des maux quotidiens. Et pourtant la souffrance et la barbarie engendrées par la guerre ne semblent pas suffisantes à l'Homme. En effet, le sergent Espinosa et le soldat Andrade viennent de découvrir le cadavre d'un homme égorgé et dont l'épaule scarifiée délivre un inquiétant message : " Prends garde, Dieu te regarde". Suite à cette macabre découverte, Andrade est convoqué par les hautes autorités de commandements espagnols et allemands. Dans une ambiance tendue, rythmée par les bombardements russes, il sera chargé de mener l'enquête. Les jours sont courts, la neige et le froid collent aux semelles et à l'âme, mais cet homme, au passé obscur, décide de mettre à l'épreuve son sens aigu de l'observation. Hanté par cette phrase désespérée entendue dans la bouche d'un officier "Ici les vivants ne comptent plus, alors les morts… vous imaginez… ", le ténébreux sergent Espinosa accepte de lui prêter main forte. Ce duo étrange, à la fois digne et cynique, devra affronter les remords et la folie des hommes et se demander ce qu'un mortel rituel maçonnique peut bien vouloir signifier alors qu'une guerre sans pitié bat déjà son plein.

Empereurs des ténèbres aborde un épisode dérangeant de l'histoire espagnole : la division Azul, ce détachement de 18000 soldats espagnols, tous volontaires, franquistes et phalangistes, que Franco avait dépêchés en Union soviétique pour appuyer l'armée allemande sur le front de l'est dans son offensive face à l'Armée rouge. de Valle utilise avec talent ce fond historique pour planter une intrigue minutieuse portée par des personnages authentiques rongés par leur passé. Empereurs des ténèbres est un roman crépusculaire, à plus d'un titre. le froid extrême, la faim, l'exaltation et la folie sont palpables à chaque page. Plus que les détails de l'intrigue, c'est son côté irréel qu'on retient : la guerre est en train de basculer, la défaite du Reich presque consommée, l'armée rouge campe à quelques centaines de mètres des lignes, et pourtant Andrade et sa hiérarchie s'acharnent à découvrir un (des ?) coupable(s) qui pas plus que les autres n'échappera(ont ?) aux massacres. Empereurs des ténèbres n'est pas un de ces romans policiers qui se dévorent en quelques heures, c'est un livre âpre, un voyage aux tréfonds de l'âme humaine. Un roman captivant, passionnant et remarquablement bien écrit.
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