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EAN : 9782752906519
416 pages
Libretto (01/03/2012)
3.78/5   83 notes
Résumé :
Empereurs des ténèbres L'hiver 1943 s'éternise, comme la guerre sur le front russe près de Leningrad. La División Azul, composée de militaires franquistes et de phalangistes, se bat aux côtés de l'armée allemande. Un matin, on découvre, pris dans les glaces d'une rivière, le cadavre d'un soldat espagnol. Il a été égorgé et sur son épaule une mystérieuse phrase a été inscrite à la lame : « Prends garde, Dieu te regarde. » C'est la première victime d'une étrange série... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Quelque part près de St-Petersbourg, en Russie, embourbés dans la neige, quelques dizaines de milliers d'Espagnols se battent pour le 3e Reich. C'est la division Azul, venue prêter main forte aux Allemands. Cette division est composée à moitié de soldats d'expérience, quand à l'autre moitié… disons qu'elle est composée de volontaires, c'est-à-dire d'un peu n'importe quoi, incluant des éléments peu désirables. Franquistes, phalangistes et communistes, les ennemis d'hier, se retrouvent réunis dans un même combat. Assez original comme « décor ». Avant de lire cette histoire, je ne savais même pas que des Espagnol s'étaient battus aux côtés des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. C'est là que se dévoilent les Empereurs des ténèbres.

Et c'est un étrange mélange que ces soldats espagnols au sang chaud et ces officiers de liaison allemands très droits et professionnels, bien équipés et ayant toujours une tenue impeccable (un peu stéréotypé mais bon…). Et que dire des Russes. Pas les communistes ennemis qui canardent et mitraillent tout ce qui bouge, non, on les voit à peine ceux-là. Je fais référence aux simples villageois des environs, des paysans déguenaillés et des prostituées voluptueuses que les soldats fréquentent… de bons vivants eux aussi.

Mais, au milieu de cet enfer, c'est l'ennemi intérieur que l'on craint : un soldat est retrouvé mort. Pas une victime d'une balle perdue, non, un crime odieux perpétré avec préméditation. C'est alors qu'entre en scène Arturo Andrade, que l'on charge de l'enquête. Mais, pour trouver la solution à cette énigme, il doit fouiller dans le passé de quelques uns de ses frères de combats, se mêler à certains dans leur dur quotidien et surtout bien manoeuvrer entre le commandant et colonel, et les officiers de liaison allemands.

Le titre énigmatique, Empereurs des ténèbres, laisse entendre des éléments surnaturels, à tout le moins sombres et gothiques. C'est peu le cas, même si on fait parfois allusion à la franc-maçonnerie et autres saint frusquin. L'intérêt réside essentiellement dans le fait mener une enquête en pleine Seconde guerre mondiale, et en plus dans cette unité spéciale de la division Azul. C'était nouveau, rafraichissant. Et horrible en même temps. L'enquête en soi n'est pas enlevante et Arturo Andrade, même s'il a un passé trouble, ne se démarque pas particulièrement. J'ai remarqué qu'Ignacio del Valle avait écrit une suite à ses aventures, j'espère qu'il saura rendre son personnage plus attachant. Au moins, il y avait suffisamment d'actions et de suspenses.
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On assassine. Même en enfer. "Tant que nous portons un enfant en nous, nous pouvons échapper au mal sous le manteau de l'innocence ". C'est cette conviction qui fait tenir et avancer le héros, Arturo Andrade, de cet excellent roman noir.

1943. Campement espagnol de Mestelevo, à quelques kilomètres de Leningrad. le froid est insoutenable (il fait – 30°), la propagande allemande cache les victoires soviétiques à ses troupes, la faim et le doute sont des maux quotidiens. Et pourtant la souffrance et la barbarie engendrées par la guerre ne semblent pas suffisantes à l'Homme. En effet, le sergent Espinosa et le soldat Andrade viennent de découvrir le cadavre d'un homme égorgé et dont l'épaule scarifiée délivre un inquiétant message : " Prends garde, Dieu te regarde". Suite à cette macabre découverte, Andrade est convoqué par les hautes autorités de commandements espagnols et allemands. Dans une ambiance tendue, rythmée par les bombardements russes, il sera chargé de mener l'enquête. Les jours sont courts, la neige et le froid collent aux semelles et à l'âme, mais cet homme, au passé obscur, décide de mettre à l'épreuve son sens aigu de l'observation. Hanté par cette phrase désespérée entendue dans la bouche d'un officier "Ici les vivants ne comptent plus, alors les morts… vous imaginez… ", le ténébreux sergent Espinosa accepte de lui prêter main forte. Ce duo étrange, à la fois digne et cynique, devra affronter les remords et la folie des hommes et se demander ce qu'un mortel rituel maçonnique peut bien vouloir signifier alors qu'une guerre sans pitié bat déjà son plein.

Empereurs des ténèbres aborde un épisode dérangeant de l'histoire espagnole : la division Azul, ce détachement de 18000 soldats espagnols, tous volontaires, franquistes et phalangistes, que Franco avait dépêchés en Union soviétique pour appuyer l'armée allemande sur le front de l'est dans son offensive face à l'Armée rouge. de Valle utilise avec talent ce fond historique pour planter une intrigue minutieuse portée par des personnages authentiques rongés par leur passé. Empereurs des ténèbres est un roman crépusculaire, à plus d'un titre. le froid extrême, la faim, l'exaltation et la folie sont palpables à chaque page. Plus que les détails de l'intrigue, c'est son côté irréel qu'on retient : la guerre est en train de basculer, la défaite du Reich presque consommée, l'armée rouge campe à quelques centaines de mètres des lignes, et pourtant Andrade et sa hiérarchie s'acharnent à découvrir un (des ?) coupable(s) qui pas plus que les autres n'échappera(ont ?) aux massacres. Empereurs des ténèbres n'est pas un de ces romans policiers qui se dévorent en quelques heures, c'est un livre âpre, un voyage aux tréfonds de l'âme humaine. Un roman captivant, passionnant et remarquablement bien écrit.
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El Tiempo de Los Emperadores Extraños
Traduction : Elena Zayas

ISBN : 9782752906519

Peu importe si vous l'on soutient qu'"Empereurs des Ténèbres" est un roman policier : rien n'est plus faux. Il y a assassinats, bien sûr, et froidement prémédités, et bien sanglants dans une guerre qui atteignit des sommets de barbarie mais justement, les thèmes de ce roman, ce sont avant tout la Guerre, la Mort et la Folie.

D'origine asturienne, Ignacio del Valle a choisi de nous faire voir la Seconde guerre mondiale et, plus précisément, le moment où le vent tourne pour les troupes nazies sous l'assaut de l'Armée rouge et du sursaut patriotique impulsé par Staline à toute une nation qu'il déclarait pourtant la veille au soir la plus solide alliée du Führer, avec les yeux des Espagnols, les membres de la célèbre "División Azul" (littéralement "Division Bleue" en raison de la couleur de la chemise qu'ils arboraient), exclusivement composée de volontaires, qu'un Franco bien embêté mais ne pouvant renier l'aide apportée par Hitler et ses aviateurs lors de la Guerre civile, s'était débrouillé pour mettre à la disposition de la Wehrmacht à charge cependant pour celle-ci de les équiper.

Parmi ces volontaires, Arturo Andrade, jadis le lieutenant Andrade mais redevenu simple soldat après une condamnation pour crime passionnel. Son intelligence, profondément analytique, ses facultés de raisonnement hors de pair, qu'il a déjà exercées dans "L'Art de Tuer les Dragons", énigme bâtie autour de la disparition d'une oeuvre d'art, sortie en 2003 aux Editions Agaida, le font désigner presque immédiatement lorsque l'on découvre, dans la rivière gelée, au milieu d'un groupe de chevaux morts de froid en un plein élan qui fait irrésistiblement penser à une scène célèbre du génial "Kaputt" de Malaparte, un soldat égorgé, entièrement vidé de son sang, et sur la peau de qui on a gravé ces mots : "Prends garde, Dieu te regarde." Qu'on puisse entamer une enquête policière alors qu'on est cerné par l'Armée rouge et les partisans et que l'on mène soi-même une guerre où des milliers d'hommes tombent tous les jours, à quelque côté qu'ils appartiennent, peut paraître absurde mais la chose n'en reste pas moins nécessaire. Assurément, la victime n'est pas morte sous une baïonnette russe, les chevaux ne sont pas sortis comme ça pour se jeter dans des eaux glaciales et le mystère, si ce n'est un fou délirant, rôde non pas à l'extérieur de la Division mais bel et bien en son sein.

Andrade reçoit carte blanche de tous ses supérieurs hiérarchiques, espagnols comme allemands, pour mener l'affaire à terme. Il se lance, curieux mais prudent. Doté d'un sens logique que les horreurs vues durant la guerre, civile, puis mondiale, n'ont pas réussi à entamer, il cherche bien entendu un mobile. Mais il y en a-t-il vraiment un ? Ne va-t-il pas s'évanouir au moment même où Arturo y atteindra ?

Plus que l'intrigue policière, dont on comprend très vite qu'elle n'ait qu'un prétexte, c'est la guerre et tout ce qu'elle renferme en elle, aussi bien de parfois comique que de franchement atroce, qui retiennent ici notre attention. On en apprend beaucoup par exemple sur les rivalités qui s'exerçaient, au temps de la Phalange, dans le camp de Franco. On découvre, si on ne le savait déjà, en parallèle des dissensions favorisées par les Staliniens au sein des Républicains espagnols, la haine que portaient Phalangistes et Franquistes aux francs-maçons alors que ceux-ci conservaient leur sphère d'influence. Et, très vite, la haine et le mépris des Phalangistes purs et durs envers Francisco Franco. Même après ce que l'on voit de nos jours, en particulier sur le Net, on reste stupéfié par le fanatisme, religieux, politique, pour ne pas dire les deux, inextricablement mêlés à la soif du pouvoir, de certains. Quant à l'arrivisme, froid et qui ne se pose guère de questions, des autres, il parvient encore à nous ahurir. Dans le fond, rien ne change ... Une fois ou deux, apparaissent, hallucinants et eux-mêmes zombifiés par leurs credo d'hygiène raciale, deux S. S. - un homme et une femme, celle-ci, Hilde, n'étant pas sans évoquer, en tous cas par son physique, Ilse Koch, surnommée "la chienne de Büchenwald". Il n'est pas sans un malheureux berger allemand, dressé pour la haine et l'attaque, qui ne tienne ici son rôle de monstre parce que la Guerre et les hommes rendent monstrueux.

Des lecteurs mieux au fait en matière d'Histoire de la Guerre civile espagnole et de la "División Azul" repèreront peut-être pas des invraisemblances mais certaines libertés prises par la fiction sur les faits. le récit n'en reste pas moins hypnotique tant il déborde à la fois d'humanité désespérée, d'inhumanité formatée, de cruauté dictée par le seul instinct de conservation, et de folie, une folie absolue qui hante à peu près tout le monde, qu'elle se dévoile lors d'un crime, d'une séance de "violeta" (variante espagnole de la roulette russe qui confère au roman l'une des ses scènes les plus fortes), d'un corps-à-corps entre deux hommes ou entre un chien et un homme, ou même de simples rapports sexuels (Zira et Arturo).

A l'issue de ce livre, on serait tenté de conclure : "La Guerre rend fou." Mais, à bien y regarder, n'est-ce pas notre folie à tous qui provoque la Guerre ? ... Certes, Hitler, Staline, ... furent des "Empereurs des Ténèbres". Mais n'en portons-nous tous pas un au plus profond de notre être, qui ne demande qu'à se révéler si le Destin et la "Chance" s'en mêlent ? L'assassin que traque Andrade se veut un justicier mais, finalement, n'est-il, pas lui aussi, qu'un "Empereur des Ténèbres" qui s'est longtemps ignoré et qui, quand il le comprend, n'éprouve plus le besoin de survivre ? ...

A lire mais avec l'esprit reposé et porté à la réflexion. "Empereurs des Ténèbres" est un roman plus complexe que ne le laisse supposer sa quatrième de couverture. ;o)
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A mi-chemin entre l'intrigue policière et le roman historique, Ignacio del Valle nous livre là une perle, n'ayons pas peur des mots. Il nous brosse dès les premières pages le tableau apocalyptique d'un homme égorgé, une inscription gravée sur l'épaule, pris dans la glace aux côtés d'une vingtaine de chevaux aux yeux exorbités, horreur digne de l'oeuvre « Guernica » de Picasso. Et la référence à ce tableau n'est pas fortuite de ma part, car nous nous retrouvons dans ce roman aux côtés de la Division Azul, bleue comme les chemises que portaient la majorité d'entre eux, les phalangistes. Ces volontaires espagnols, envoyés sur le front russe en appui aux armées allemandes, se trouvent animés pour la plupart d'entre eux par leur volonté d'en finir avec le communisme. Mais, finie la guerre d'Espagne dont les stigmates restent malgré tout encore tangibles dans les corps et les esprits, nous sommes à l'hiver 43, près de Leningrad. Chargé de l'enquête, le soldat Arturo Andrade va mener sa propre croisade, en lutte à ses démons mais aussi confronté à la folie des hommes, depuis les joueurs de violeta aux occupants hagards et fantomatiques d'un monastère reconverti en asile, sans compter la cruauté de soldats allemands aveuglés de haine et pétris d'intolérance. Grâce à une écriture riche et ciselée, cultivée, nous sommes hypnotiquement emportés dans cette intrigue, au rythme lent, comme paralysés à notre tour par le froid, la neige, mais fascinés par ces paysages qui absorbent et qui phagocytent, par cette âme russe. Comment s'extirper de cet enfer, de cette horreur quotidienne laminante? En devenant bourreau à son tour ? En cédant aux croyances quasi primales de l'existence des vampires ou des démons ? Il ne reste à Arturo qu'une dernière conviction, qu'une seule riposte, fragile et fine comme de la glace : le recours à l'innocence de l'enfance, comme un leitmotiv entêtant : « Vous portez en vous un enfant, souvenez-vous que tant qu'il en sera ainsi, vous pourrez échapper au mal en vous réfugiant sous le manteau de l'innocence, vous franchirez des rivières, vous essuierez des tempêtes, vous pourrez même traverser les flammes de l'enfer". Prière répétée, bienfaisante, salvatrice.
Ce roman est infernal, dans tous les sens du terme ; prisonniers que nous sommes de la toile que tisse petit à petit Ignacio del Valle, se débattre est inutile. Psychologique, horrifique, historique, nous passons par tous les états (en –ique of course) pour finir en apothéose sur un dénouement qui nous met à l'envers et encore inassouvis. J'ai lutté mais je me soumets : c'est un grand livre.
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L'hiver 43 est rude sur le front de l'Est parmi les volontaires franquistes de la division Azul. Et ce qui domine, c'est le froid, un froid polaire, le froid partout, et le froid toujours, jusqu'aux os.

Glacée l'atmosphère. Seul le café chaud paraît salvateur : « Il but une gorgée stimulante, et retint le liquide sur sa langue ; la chaleur du café mélangé à l'alcool le conforta dans son opinion que n'importe quel coin de l'univers était un peu plus fréquentable avec une tasse à la main. » Les Espagnols de la division Azul n'y sont guère accoutumés à ce froid. C'est lui pourtant qui conserve le corps atrocement mutilé d'un jeune soldat vraisemblablement assassiné, par un meurtrier qui a gravé « Prends garde, Dieu te regarde » dans la chair de son cou. Arturo, dont la présence sur le front russe demeure mystérieuse mai paraît relever de la punition, est chargé d'une enquête plus que délicate dans le contexte militaire du moment.

Glacial ensuite le cul de sac dans lequel se trouve piégée la division Azul. Ignacio del Valle entraîne son lecteur dans un voyage halluciné, sur un champ de bataille de l'absurde, au coeur de l'enfer du siège de Leningrad. « Sous son emprise, entouré d'un halo glacial se détachant sur un ciel clair, Mestelevo patientait, tendu par l'attente ; on parlait d'une concentration de plus de quarante mille Russes, de centaines de pièces d'artillerie, d'orgues de Staline, et de nombreux chars d'assaut T-34 et KV-1 dans le saillant de Kolpino près de Krasny Bor, prêts à les dévorer corps et âmes. L'imminence de l'attaque et la proportion de trois contre un se reflétaient dans l'activité incessante de la Division dont la sérénité était cependant impressionnante ; des hommes extraordinairement jeunes renforçaient les tranchées et nettoyaient leurs armes avec tout le calme dont avaient fait preuve les Spartiates au défilé des Thermopyles, du moins tels qu'Arturo les imaginait. » C'est la fin du monde ou presque, comme dans l'excellent Deux dans Berlin, mais c'est une apocalypse qui se joue dans un registre différent. Outre un contexte historique passionnant (l'enlisement des troupes alliées aux Nazis sur le front de l'est, et le début d'un retournementde situation en faveur des Russes, un de ces instants où l'histoire semble basculer), on trouvera dans Empereurs des ténèbres de vraies qualités d'écriture, empreintes d'une certaine poésie qui sait éviter avec finesse l'écueil d'une hypothétique esthétique de la violence.

Glaçante enfin la confrontation avec l'horreur de l'extermination par balles sur le front oriental. « Tant de morts en si peu de temps … cela restait toujours aussi incompréhensible, sans pour autant exclure une fascination maladive. » Car Empereurs des ténèbres est bien plus qu'une enquête policière : celle-ci apparaît rapidement comme le prétexte d'une réflexion éthique, lucide et exigeante, envoûtante et en même temps assez terrifiante. « Dans la bulle de temps qui se forma, Arturo les observa tous, Kehren, Hilde, les SS : l'indolence de leurs regards, qu'il avaient déjà remarquée chez l'Einsatzgruppe, donnait l'impression que leur cerveau était toujours en retard sur leurs mains. Et il comprit que c'était eux, les nouveaux empereurs. Etranges pour eux-mêmes et pour le monde, n'ayant aucune notion du passé ou de l'avenir ; des enfants égoïstes et solitaires jouant sous le cil infiniment pur de la cruauté, tuant sans haine, sans raison, inaugurant ainsi pour le monde une époque implacable. »

Pas loin d'être magistral, avec une envie certaine de lire le second volet, Les Démons de Berlin.
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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critiques presse (1)
Telerama
18 avril 2012
Ignacio Del Valle réussit une œuvre ambiguë et originale sur la folie des hommes, avec une écriture charnelle et poétique.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
Arturo était affamé. Sur la commode, il prit une boîte en bois dont le sceau de plomb était brisé et se rassit sur le lit pour y fouiller avidement. C’était ce qui restait de son colis de Noël : (…) Chaque fois qu’il ouvrait la boîte, il avait la sensation de pressurer un pays accablé par la disette et les cartes de rationnement. Le fond de la boîte avait été garni d’une page du journal ABC qui apportait sa contrepartie tragi-comique. En consommant le contenu, il avait progressivement dévoilé le texte d’une réclame au centre de la feuille :

POUR MAGRIR MALIN
SALEBIN
MELANGE DE PLANTES MEDECINALES
Efface toute trace d’obésité en raffermissant les chairs
SANS AUCUN DANGER

Dans un pays de crève-la-faim où on rêvait tous les jours de homards thermidor et de pot-au-feu madrilènes, cela faisait vraiment l’effet d’une plaisanterie macabre.
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- Comment avez-vous deviné que j'avais fait de la prison?
[...]
- Je l'ai su quand vous avez regardé le ciel. En prison, il ne se passe pas grand chose et du coup, on apprend à tout observer attentivement. Pour avoir cette sorte de regard, il faut avoir été prisonnier, avoir passé des heures à contempler ce qui ressemble le plus à la liberté.
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Rituels... Les rituels facilitent les choses, ils aident à survivre. Autrefois, tous les péchés d'une ville étaient chargés sur le dos d'un bouc que l'on expulsait pour la délivrer de ses errements. C'était le bouc émissaire. Celui d'Arturo vint à sa rencontre, malgré le froid que propageaient les flocons de neige, en dérapant sur ses pattes, haletant, enragé.
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Dans la fumée grise et la neige, il y avait des soldats partout, tirant, tombant, poussant des hurlements, pleurant. Les empereurs étranges, centrifuges et désintégrateurs, avaient inauguré leur sinistre règne. Des divinités noires qui niaient le monde. Des enfants solitaires finalement. Mais Arturo ne désespéra pas et appela Alexandre à la rescousse. Vous portez un enfant en vous. Les enfants détruisaient le présent mais eux seuls étaient capables de construire l'avenir. Vous portez un enfant en vous, souvenez-vous que tant qu'il en sera ainsi, vous pourrez échapper au mal en vous réfugiant sous le manteau de l'innocence. Ils étaient les seuls à oser affirmer la nudité de l'empereur. Vous franchirez des rivières, vous essuierez des tempêtes, vous pourrez même traverser les flammes de l'enfer. Eux seuls pouvaient désormais être porteurs d'espoir. p.409
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Dans la bulle de temps qui se forma, Arturo les observa tous, Kehren, Hilde, les SS : l’indolence de leurs regards, qu’il avait déjà remarquée chez l’Einsatzgruppe, donnait l’impression que leur cerveau était toujours en retard sur leurs mains. Et il comprit que c’étaient eux, les nouveaux empereurs. Étranges pour eux-mêmes et pour le monde, n’ayant aucune notion du passé ou de l’avenir; des enfants égoïstes et solitaires jouant sous le ciel infiniment pur de la cruauté, tuant sans haine, sans raison, inaugurant ainsi pour le monde une époque implacable.
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