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Critique de Lunabiax


Emma, la quarantaine, mariée et mère de trois enfants, aperçoit un jour à la brasserie André un homme, dont la façon de s'essuyer la bouche avec sa serviette la conquiert immédiatement. Pendant des semaines, ils vont s'épier, s'observer, et se rendre à l'évidence : c'est un coup de foudre, une attirance profonde qui les dépasse entièrement et qui, pour Emma, la fait renaître à elle-même, et au désir. Ils finissent par s'adresser la parole, s'assoir l'un à côté de l'autre, sans que jamais leurs mains ne se touchent. Un baiser, fort, violent, une seule fois, quand ils ont décidé tous les deux de tout quitter et de partir ensemble. Ils sont rendez-vous dans un café de la gare, où Emma l'attend. Mais Alexandre ne viendra pas – un bus est passé, qui a anéanti cette vie nouvelle. Emma s'enfuit, seule, et trouve refuge dans un camping, dans la région du Touquet.

J'ai retrouvé dans ce roman ce que je connaissais de Delacourt, les phrases qui sonnent : "L'idée de laisser partir ceux qu'on aime possède la violence d'un crime" ; "Je le sais maintenant. Notre besoin d'être aimé est insatiable et nos amours, inconsolables." ; ou encore : "Mais je suis restée vivante. Il faut bien des blessés pour témoigner.", parfois même de la poésie :
"J'étais l'allégresse. J'étais la mélancolie. J'étais le languissement, le grain d'une peau et l'éther.
J'étais la jouissance.
J'étais l'amour.
J'étais sans fin."

J'y ai retrouvé aussi l'émotion, qui est sa marque de fabrique, oscillant entre le désir de vie, et le drame absolu – voir les deux romans précédents, "La première chose qu'on regarde" et "On ne voyait que le bonheur" -, une émotion dont on se dit qu'elle est sans doute un peu facile, dont on sent derrière tout ça le projet de nous tirer des larmes.

Mais le roman recèle des surprises : le parallèle avec l'histoire de la chèvre de M. Seguin, qui se languissait d'aller là-haut sur la montagne, de quitter sa longe et son pré, étonnamment bienvenu ; le découpage, dans la première partie, en chapitres dont la numérotation est à l'envers, jusqu'au bus fatal ; enfin le style est là, soigné, il a évolué, est devenu plus littéraire. Et le récit s'achève, malgré tout, sur une note optimiste.

Lien : http://www.usine-a-paroles.fr/
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