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Critique de Jolap


Quarante ans. Emma a quarante ans et loin de se contenter de l'ambiance feutrée que lui offre un mari aimant et attentif, loin de se rendre compte du bonheur que lui procurent ses trois enfants, loin de mesurer leurs besoins elle se précipite volontairement dans une aventure qui ressemble à un fantasme, à un orage, à la foudre d'abord puissante, violente et énergisante puis bouleversante, dévastatrice, brûlante. C'est ce qu'elle croit.

Emma des temps modernes plus audacieuse, plus exigeante, plus indépendante, plus entière.

Elle désirait sans vraiment le préciser sans doute, une bonne ondée, rafraîchissante, salvatrice histoire de remettre les points sur les i, de raviver sa pleine conscience un peu ensuquée, de remettre ses sentiments à niveau et de sortir de son quotidien un peu trop facile, trop sage, trop lassant et sans mystère.

L'auteur, se met dans la peau d'une femme pour écrire ses frustations, l'usure du couple, les silences pesants et l'attention qui s'érode et finit par s'épuiser.

Emma s'épuise. le désir d'une autre vie, ce mirage, cette espérance a déclenché un séisme. Emma a eu toutes les peines du monde à maîtriser cette avalanche de douleurs, de souffrances et de deuil.

Seulement voilà ! N'est pas Madame Bovary qui veut….
Emma Bovary bouscule les codes d'une époque où la femme était soumise à un mari tout-puissant. Sa réputation pouvait être entachée d'une manière indélébile surtout en province en 1856. Pour ces raisons elle est une héroïne incontestable qui, malgré la morale et la religion, entrouvre la porte d'une liberté chérie à toutes les femmes d' aujourd'hui. Elle ose. Elle transgresse. Elle tord ses chaines et commence à ouvrir les nôtres.

C'est un homme, aussi, qui a traduit ces sentiments de lutte intérieure, de prise de risques incroyables. Gustave Flaubert, « l'homme-plume » comme il se surnommait lui-même. Une écriture exceptionnellement pure, simple, élégante, essentielle.

Danser au bord de l'abîme met en scène une femme qui ne semble pas si forte que ça. Elle a recours à son mari dès qu'un coup de vent lui fait baisser la tête. Il semble liquéfié devant elle. Il ne lui impose rien. C'est elle qui demande sa protection.

Un jour, elle tombe amoureuse d'une bouche, d'un sourire, d'une image tellement floue qu'elle aurait pu s'appeler utopie ou miséricorde. Cela se passe dans un café. Elle quitte son domicile pour une impression mal définie. Elle n'a ni enjeu, ni dessein et s'installe dans le noir obsédant d'une caravane. Son mari reste pantois, malheureux ne sachant vraiment pas ce qu'il a pu faire ou ne pas faire pour en arriver là !

J'ai lu tout le livre, ses forces souvent, ses incohérences de temps en temps. L'auteur a fait de son héroïne une poupée rassasiée, une amoureuse sans amoureux, une mère sans griffes et une femme marchant dans le vide.

Elle ne ressemble pas à l'histoire qu'elle raconte.

J'ai beaucoup aimé le parallèle avec la chèvre de Monsieur Seguin. A chaque chapitre un passage de ce conte merveilleux vient trôner, un peu comme une ponctuation fort habile, et lui donner un peu plus de corps, de relief, de sens. Bien vu….

Pour conclure j'ai passé un bon moment tout de même mais j'aurai préféré me gratter la tête en lisant une histoire profonde, difficile. J'aurai accompagné avec grand plaisir Emma au lieu de la suivre à distance dans ce périple.

Là j'ai senti très vite qu'elle n'avait pas besoin de moi…..
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