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Critique de 1967fleurs


Après la forte émotion suscitée par la lecture de « Mon père », dans « l'enfant réparé » Grégoire Delacourt nous offre un moment de vérité bouleversant.

Au cours de ma lecture, le puzzle se forme et en résonance avec « Mon père », Il ne fait qu'un avec l'enfant réparé.

Il remonte le fil de sa vie, nous parle de ses amours, de ses parents morts, de sa vie professionnelle brillante.

L'auteur nous entraîne dans son enfance, ce malaise qui le taraude, cherche l'origine de son incapacité à accéder au bonheur.

Pourquoi sa mère le fait scolariser en internat ? Cette mère absente dans sa vie le prive de son affection, le conduit à penser qu'elle ne l'aime pas.

Grâce à sa thérapie, c'est la mémoire traumatique qui va l'emmener vers le chemin de la délivrance dans celui de son ancienne maison, dans son enfance, du pourquoi d'absence d'amour maternel. «Que ce n'est pas moi qui avais demandé à partir en pension mais elle qui avait décidé comme dans le grenier, c'est elle qui m'y avait installé (…) Vous pouvez me dire pourquoi. L'escalier faisait office d'alarme, je suppose.
Et la pension ? une autre famille, qui me protégerait cette fois. Et bien voilà dit l'oiseau. C'était ca l'amour de votre mère ».
Étendu sur le divan, il va accéder à l'enfant mort en lui et découvrir son abuseur :

« Ma mère m'avait un jour appris que j'étais né violé, parce que j'avais le cordon ombilical noué autour du cou, à deux doigts d'être étouffé
Violet, violé, une voyelle muette d'écart (…)
L'amnésie traumatique craque. Les mots me tailladent. Je suis un corps en sursis sur canapé rouge, salé de frayeurs.
Je dis.
Je ne me souviens pas mais je sais.
Mon parcours de silence s'achève ici.
Je dis lentement,
Mon père m'a fait du mal et chaque syllabe me poignarde.
Je n'ai pas honte vous savez, je suis triste.
J'avais cinq ans, ma soeur venait de naitre, ma mère était à la maternité. J'étais resté plusieurs jours seul avec lui.
J'essuie mon visage avec un pan de ma chemise.
Ça s'est passé à ce moment là. Puis ma mère et ma soeur sont rentrées et ça été fini. Je crois. »

Il n'a plus peur et comprend quelle était la façon d'aimer de sa mère, il est en train de remonter son cadavre d'enfant.

Dans ce livre, il n'est pas question de pardon mais de compréhension et d'accès au passé et de s'en libérer.

La souffrance demeure en lui comme un tatouage.

Ce dernier opus « l'enfant réparé » est un chemin d'apaisement et de reconstruction avec le regret de ne pouvoir dire à sa mère disparue que maintenant il savait qu'elle l'aimait.

Un livre majeur, qui parvient à remonter sur le silence des maux de l'enfance après une vie d'écrivain abondante. Il n'y a pas d'âge pour renaître.
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