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EAN : 9782246828846
240 pages
Grasset (29/09/2021)
3.87/5   357 notes
Résumé :
Le jour où j'ai appris que j'étais une victime, je me suis senti vivant. »On a souvent dit de ses romans qu'ils faisaient du bien. Lui-même a toujours su qu'il écrivait « parce que cela répare ». Que réparait Grégoire Delacourt ? Qui était son père, de plus en plus absent ? Sa mère, qui l'éloignait chaque jour davantage ?


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Critiques, Analyses et Avis (78) Voir plus Ajouter une critique
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Ce dixième roman de Grégoire Delacourt aux allures de biographie est celui qui apporte un nouvel éclairage sur tous les précédents et en particulier sur «Mon Père», où l'auteur livrait un huis-clos écoeurant entre un prêtre pédophile et le père de sa victime, tout en donnant une voix aux enfants abusés qui se murent dans le silence.

D'entrée, l'auteur de «La Liste de mes envies» et d' «Un jour viendra couleur d'orange» nous glace en annonçant que le père de «Mon Père» et l'enfant abusé sont en fait la même personne. Si l'homme qu'il est devenu allait en effet à la recherche de l'enfant abusé qu'il était, dans ce roman il va de surcroît tenter de le réparer…

« Je regarde mon corps et je me demande où cela a commencé. Quelle partie a d'abord été touchée. Engloutie. Caressée peut-être. Les caresses ne laissent pas de trace. Les baisers non plus. Seules les morsures des affamés cisaillent la chair. Je n'ai pas été mordu. Je n'ai pas été brûlé, ni coupé. C'est pire. Il ne reste rien. Aucune preuve. »

Cinquante ans plus tard, le traumatisme est tellement profond que l'esprit en a effacé toute trace consciente. Au fil des pages de cette introspection, les souvenirs longtemps enfouis refont surface et les mots viennent progressivement nommer ce mal qui le ronge depuis l'enfance. En remontant le fil de sa vie, Grégoire Delacourt se met à nu avec beaucoup de franchise, revient sur son enfance, ses amours, le décès de ses parents, sa psychanalyse et finit par comprendre son incapacité d'aimer, ses lâchetés, les traumatismes de ses personnages lors de précédents romans et son incapacité à vivre heureux à cause de cet enfant mort qu'il trimbale depuis le début !

Ce chemin de croix qu'il mène la plume à la main ne révélera pas seulement les abus d'un père, mais surtout l'amour invisible d'une mère qui le changeait de chambre et l'envoyait en pension, non pas pour lui tourner le dos comme il l'a toujours cru, mais pour le protéger comme toute mère se doit de le faire…

Un roman émouvant, bouleversant qui jette un nouvel éclairage sur toute l'oeuvre de cet auteur !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Répare-t-on un être humain ? Répare t- on un enfant , surtout quand il n'a aucune trace de sévices? Répare-t-on le petit innocent blondinet qui acceuille le monde avec tendresse, celui de la couverture du livre ?
« Je n'ai pas été mordu. Je n'ai pas été brûlé ni coupé. C'est pire. Il ne reste rien » dit Grégoire Delacourt. Il va mal, il sent que l'enfant en lui a été tu, obligé de se taire, sa mémoire estropiée, que son ventre est rempli de pierres.
Alors, il essaie, il cherche, il se cherche, à travers les mots de romans un peu bof comme « la liste de mes envies »… mots qui vont le conduire à écrire « Mon père ».
Ce roman le laisse « en vrac , il m'a dénudé, » dit il, comme si le roman lui même était porteur d'un message , l'avait accouché en quelque sorte, l'avait sorti de sa tombe d'oubli, avait présenté à son auteur le petit père assommé par les non-dits, car indicibles .
« Mon père(le roman) n'est pas qu'un livre, mais l'histoire de ce qu'à jamais un livre peut changer à la nôtre. »
Un début.
Une interrogation.
Un bousculement sauvage.

C'est un chemin de croix d'une bouleversante vérité, et Delacourt dans le cours de « l'enfant réparé » nous fait revivre le long passage de déni, de recherche, de demande d'explications, de demande de pardon, de doute puisque même sa mère ne parle pas, ne veut pas risquer d'entrouvrir une porte et préfère l'éloigner du prédateur. Comme toujours, comme font toujours ceux qui ont souffert, il parle d'autre chose, ce qu'il a à dire est trop saignant et il ne peut se déballer aussi vite.
Il y a les mots (Lacan : l'inconscient est structuré comme un langage) ceux qu'il dit au psychanalyste, qui repère à travers les confidences en apparence anodines, le mot à relever, le lapsus révélateur :
« le père a tiré sa fille
Non, il a tiré sur sa fille.
Non, il a tiré sa fille. »
Le prêtre de son livre, c'est son père.
« Et moi je suis le père qui cherche à sauver son fils. Et le fils. »

En cherchant dans sa mémoire, dans les murs de son ancienne maison, il découvre sa mère, dont il n'a pas connu les baisers, qui l'a éloigné sans qu'il comprenne, pensant qu'elle ne l'aimait pas. Alors que c'est par amour qu'elle l'éloigne. Elle n'a pas pu parler, elle était terrifiée, et on l'aurait prise pour une folle menteuse. de plus elle a senti que le silence protégeait le petit, puisqu'il avait refoulé l'acte et ne s'en souvenait pas.
Silence plus silence, plus silence du père.
Il est rare qu'un livre reprenne le cheminement de la pensée aussi exactement et c'est pourquoi il m'a tellement touchée. Bouleversée. Enorme discrétion dans la découverte, après l'écriture de son livre « Mon père » de l'urgence qu'il avait à prendre conscience, discrète urgence : les mots lui sautent à gorge et éclairent son mal de vivre et sa difficulté à aimer. le forcent à creuser en lui. « Les silences dégueulent, je dois les contenir ; parfois retenir la colère. Tout remonte. Tout s'assemble. Mon histoire est banale, c'est ce qui la rend triste. »
Cependant, la manière de la dévoiler n'est pas du tout banale. Il a fallu à Grégoire Delacourt toute une vie d'écrivain pour finir par se faire boxer par les mots, et il rapporte ce combat contre le silence, peu à peu, de façon unique, émouvante, troublante par son rythme et par sa lente sortie de la dénégation.
Un grand livre.
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Après la forte émotion suscitée par la lecture de « Mon père », dans « l'enfant réparé » Grégoire Delacourt nous offre un moment de vérité bouleversant.

Au cours de ma lecture, le puzzle se forme et en résonance avec « Mon père », Il ne fait qu'un avec l'enfant réparé.

Il remonte le fil de sa vie, nous parle de ses amours, de ses parents morts, de sa vie professionnelle brillante.

L'auteur nous entraîne dans son enfance, ce malaise qui le taraude, cherche l'origine de son incapacité à accéder au bonheur.

Pourquoi sa mère le fait scolariser en internat ? Cette mère absente dans sa vie le prive de son affection, le conduit à penser qu'elle ne l'aime pas.

Grâce à sa thérapie, c'est la mémoire traumatique qui va l'emmener vers le chemin de la délivrance dans celui de son ancienne maison, dans son enfance, du pourquoi d'absence d'amour maternel. «Que ce n'est pas moi qui avais demandé à partir en pension mais elle qui avait décidé comme dans le grenier, c'est elle qui m'y avait installé (…) Vous pouvez me dire pourquoi. L'escalier faisait office d'alarme, je suppose.
Et la pension ? une autre famille, qui me protégerait cette fois. Et bien voilà dit l'oiseau. C'était ca l'amour de votre mère ».
Étendu sur le divan, il va accéder à l'enfant mort en lui et découvrir son abuseur :

« Ma mère m'avait un jour appris que j'étais né violé, parce que j'avais le cordon ombilical noué autour du cou, à deux doigts d'être étouffé
Violet, violé, une voyelle muette d'écart (…)
L'amnésie traumatique craque. Les mots me tailladent. Je suis un corps en sursis sur canapé rouge, salé de frayeurs.
Je dis.
Je ne me souviens pas mais je sais.
Mon parcours de silence s'achève ici.
Je dis lentement,
Mon père m'a fait du mal et chaque syllabe me poignarde.
Je n'ai pas honte vous savez, je suis triste.
J'avais cinq ans, ma soeur venait de naitre, ma mère était à la maternité. J'étais resté plusieurs jours seul avec lui.
J'essuie mon visage avec un pan de ma chemise.
Ça s'est passé à ce moment là. Puis ma mère et ma soeur sont rentrées et ça été fini. Je crois. »

Il n'a plus peur et comprend quelle était la façon d'aimer de sa mère, il est en train de remonter son cadavre d'enfant.

Dans ce livre, il n'est pas question de pardon mais de compréhension et d'accès au passé et de s'en libérer.

La souffrance demeure en lui comme un tatouage.

Ce dernier opus « l'enfant réparé » est un chemin d'apaisement et de reconstruction avec le regret de ne pouvoir dire à sa mère disparue que maintenant il savait qu'elle l'aimait.

Un livre majeur, qui parvient à remonter sur le silence des maux de l'enfance après une vie d'écrivain abondante. Il n'y a pas d'âge pour renaître.
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Un long frisson glacé m'a parcouru à la lecture de ce livre dès les premières pages, il a mis beaucoup de temps à me quitter.
C'est une véritable mise à nu de la part de Grégoire Delacourt, qui se livre pieds et poings liés, nous confie le plus intime, sa difficulté permanente à aimer ceux qui l'aiment, à s'attacher aux autres, ses trahisons.
Ce livre est pour lui l'aboutissement, celui auquel ont mené tous les autres, comme un long et douloureux accouchement pour arriver enfin à la délivrance du corps, la réparation de l'être. Tout cela est narré avec une sincérité désarmante, sans fausse pudeur. Les mots blessent, ils sont difficiles à écrire, difficiles à lire.
Mon humble ressenti est compliqué à formuler car au-delà de l'émotion brute, et de l'empathie évidente que l'on ressent pour l'auteur, j'ose exprimer quelques réticences. J'ai compris que l'auteur livre ici des clés essentielles, pour le comprendre en tant qu'être humain, mais aussi pour comprendre ses précédents ouvrages dont il est beaucoup question, un peu trop à mon gout en tout cas, car je ne les ai pas lus. de ce fait, je ne me suis pas sentie toujours concernée par ces références à ces récits inconnus, et ces multiples miroitements de l'auteur face à lui-même et ses personnages m'ont laissée en marge.
Peut-être pour appréhender pleinement ce livre faut-il avoir lu au préalable tous les précédents mais j'avoue que cette lecture ne m'a pas forcément donné envie de les découvrir, je ne m'en sens pas la force … Peut-être Mon père dans quelques temps …
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Quel contraste entre cette photo sur la couverture, qui respire l'innocence et la confiance, et le contenu de ce livre
Grégoire Delacourt aime les mots. Il les manie d'une façon remarquable, même pour écrire l'indicible. Ils ont été toute sa vie d'adulte, de la publicité qui lui a permis de gagner sa vie à l'écriture qui de livre en livre va lui permettre de retrouver l'enfant en lui :
« Quarante ans plus tard, dans le portrait qu'il faisait de moi pour Libération, le journaliste Édouard Launet écrira-en substance : "Il y a un enfant mort chez Delacourt et cet enfant c'est lui.", Cette phrase me cassera la gueule. Je pleurerai en reposant le journal.
Sur les photos, je ne verrai plus jamais l'enfant qui rit, celui qui saute ; je ne verrai plus que l'autre, l'enfant mort, et n'aurai de cesse que de le retrouver. Pour le réparer »

Dans un livre plus autobiographique que roman, Grégoire Delacourt revient sur sa vie d'adulte, nous en livre les cheminements, les trahisons, les renoncements, les deuils, mais aussi la rencontre avec la femme qui va changer sa vie, celle qui le sauvera :
« Plus tard, quand elle a entendu mon pas dans l'escalier, elle a ouvert la porte, elle m'a pris dans ses bras, sans rien dire, elle a léché mes joues salées et j'ai su que je pourrais vivre »

Il raconte surtout cette plongée en lui, qui roman après roman, séance de psy après séance de psy lui permettra de comprendre ce qui s'est passé l'année de ses 5 ans.
Le texte est comme toujours avec cet auteur très beau et souvent poignant. L'auteur se livre sans fard, retrace tout le chemin parcouru, éclaire ses livres précédents d'une nouvelle compréhension.
C'est un roman très personnel, mais qui sait nous émouvoir. Ce qu'il raconte c'est l'enfance détruite, c'est l'homme qui restera un handicapé de l'amour et en cela ce livre devient universel :
« le principal dommage collatéral de ce qui a été pris à mon corps d'enfant est d'avoir fait de moi un adulte handicapé de l'amour – ce mot girouette. »

Espérons que le titre de l'oeuvre exprime la vérité et qu'il soit enfin « l'enfant réparé »
Merci aux éditions Grasset pour ce partage #LenfantréparéGrégoireDelacourt #NetGalleyFrance
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critiques presse (4)
LaLibreBelgique
10 janvier 2022
"L'enfant réparé", le livre-récit de Grégoire Delacourt pose les questions irrésolues de l’enfant abusé qui a oublié.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeSoir
22 novembre 2021
Le neuvième livre de Grégoire Delacourt est d’une grande puissance. Celle des faits, puisqu’il s’agit d’une enfance violée. Et celle des mots, d’une justesse implacable.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LaCroix
18 octobre 2021
L’auteur de « La liste de mes envies » et « On ne voyait que le bonheur » publie un livre autobiographique, récit d’une enfance abusée. Beau et terrible.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeFigaro
30 septembre 2021
Dans un récit bouleversant, le romancier tente de «réparer» le petit garçon qui a été abusé par son père.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (109) Voir plus Ajouter une citation
Ecrire, c’est parler une langue posthume. C’est se souvenir de l’oubli et se traduire en verbe. Ecrire, c’est se jeter sans avoir vu aucun fond, écouter se briser ses mots comme des os ; prendre le risque de mourir mais aussi de vivre.

Ecrire est périlleux. C’est ouvrir des tombes.
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Car écrire, c’est parler une langue posthume. C’est se souvenir de l’oubli et se traduire en verbe. Ecrire, c’est se jeter sans avoir vu aucun fond, écouter se briser ses mots comme des os ; prendre le risque de mourir mais aussi celui de vivre.
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Bien qu’ils soient plus fins, plus longs, il me semble certains jours que mes doigts ressemblent aux siens. Je m’empresse aussitôt de les dissimuler sous la longueur d’une manche. Ou de les planquer au fond de mes poches. Ces jours-là, je ne peux plus les approcher de moi ; de ma peau. Remettre une mèche en place. Ajuster mes lunettes. Porter à ma bouche un fruit. Je ne peux plus effleurer quelqu’un. Serrer une main. Toucher.
J’ai depuis l’enfance toujours fort mal tenu mes crayons et ils ont déformé mes doigts. J’ai plus tard soigneusement entretenu mes durillons d’écrivain. J’attends maintenant que l’arthrite les torde. Qu’elle les différencie à jamais des siens.
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« Je regarde mon corps et je me demande où cela a commencé. Quelle partie a d’abord été touchée. Engloutie. Caressée peut-être. Les caresses ne laissent pas de trace. Les baisers non plus. Seules les morsures des affamés cisaillent la chair. Je n’ai pas été mordu. Je n’ai pas été brûlé, ni coupé. C’est pire. Il ne reste rien. Aucune preuve. Mon corps n’est pas un témoin. Il est l’ennemi du mal qui m’a été fait. Une neige immaculée. Mon corps est l’acquittement du coupable.
Alors j’essaie de me souvenir des lèvres des femmes qui l’ont goûté plus tard. Mais elles aussi ont disparu. »

« Il faut du temps pour faire corps avec sa douleur ; prendre un jour le risque de l’aimer afin de ne pas mourir. »

…« c’est son cœur de mère qui finalement la consuma ; ce cœur millénaire qui irrigue les hommes et que les hommes ne peuvent s’empêcher d’assécher. »
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Quarante ans plus tard, dans le portrait qu'il faisait de moi pour Libération, le journaliste Édouard Launet écrira-en substance : "Il y a un enfant mort chez Delacourt et cet enfant c'est lui.", Cette phrase me cassera la gueule. Je pleurerai en reposant le journal.
Sur les photos, je ne verrai plus jamais l'enfant qui rit, celui qui saute ; je ne verrai plus que l'autre, l'enfant mort, et n'aurai de cesse que de le retrouver. Pour le réparer.
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Vidéo de Grégoire Delacourt
Extrait du livre audio « La Liste 2 mes envies » de Grégoire Delacourt lu par Odile Cohen. Parution numérique le 17 avril 2024.
https://www.audiolib.fr/livre/la-liste-2-mes-envies-9791035416515/
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