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Critique de Enroute


Dès l'introduction, c'est agaçant : une image, celle d'un grand livre place de la Concorde où tout serait inscrit de manière transparente par n'importe qui, n'importe quand pour n'importe quoi... et qui, pour on ne sait pas quelle raison, ferait rêver. La métaphore, comme ceux qui démarrent leur livre par un Léviathan ou une structure de mondes possibles à parcourir, s'annonce évidemment malheureuse : tout ce qui suit dément, contredit, démonte cette image et cette émotion "fantastique"...

J'ignore pourquoi un professeur d'université en informatique se met à faire de l'économie, surtout quand il indique d'entrée qu'il se moque de la valeur de ses bitcoins, mais a priori, ce n'est pas une piste suffisante pour produire un ouvrage qui a du sens. Pour ceux que cela intéresse, j'indique dessous les contradictions qu'on lit en quelques pages seulement, les premières...
encore quelqu'un qui s'enflamme sur un sujet qu'il ne comprend pas et écrit dessus un livre pour s'enrichir quand il sera acheté et mis à disposition gratuitement par les bibliothèque, pour s'enrichir lui, plutôt que ses lecteurs... à la manière dont il semblerait qu'ait été inventé le bitcoin ?... si l'objectif était de créer de la confiance, c'est raté.



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Dans le chapitre sur l'inventeur du Bitcon, Satoshi Nakamoto, il commence par parler d'un cahier place de la Concorde qui consignerait tous les engagements (promesses, dettes), toutes les déclarations (réputation, lancer une alerte) et revendications (d'invention) que l'on voudrait rendre publics. La transparence est de mise : nom, prénom, adresse, date, heure, le fichier serait ensuite éternel. Puis, très vite, et manifestement sans gêne, l'auteur nous indique que Satoshi Nakamoto est « un pseudonyme et on ignore qui se cache derrière ». Apparemment la transparence n'était pas le moteur premier de l'inventeur...

Après avoir indiqué que le rêve du cahier de la Concorde menait à indiquer le nom, le prénom et l'adresse de Jacques Dupont, 17 rue Louis à Paris, il s'agit ensuite d'affirmer l'anonymat et le secret (des monnaies cryptographiques (?) ; « certains messages pourraient être chiffrés (« cryptés ») et la clef de déchiffrement ne serait dévoilée qu'au moment opportun. (p. 14 "opportun" ?)) et puis tout s'inverse, c'est l'anonymat et le cryptage qui deviennent ordinaires : « Ni l'anonymat, ni le chiffrage des données mises sur un fichier blockchain, ni la présence d'un jeton comme celui du Bitcoin ne sont des caractéristiques fondamentales OBLIGATOIRES d'une blockchain » p.28).

L'article qui aurait fait sensation s'intitule « Bitcoin : A peer-to-peer Electronic Cash System », le résumé, que l'on trouve en ligne indique : « A purely peer-to-peer versio of electronic cash would allow online… » -> il ne s'agit donc que d'argent : dans l'image du livre à Paris, que viennent faire les revendications d'invention, les déclaration de lanceurs d'alerte et les réparations de réputation ?....

Après avoir parlé d'un système de validation des transactions qui fasse consensus puisque sans autorité et transparent, il évoque 2 pages plus loin un « délicat processus permettant d'aboutir au consensus entre les validateurs »… Ce serait le temps, le critère discriminant : « un ajout immédiat de chaque transaction dès son envoi n'est en effet envisageable que si le nombre de validateurs est très petits, ce qui, le plus souvent [?] n'est pas souhaité."

Après avoir indiqué que c'était les messages (les transactions) qui étaient horodatées (p.19), il indique maintenant que ce sont les blocs de messages, qui ont transité vers les ordinateurs validateurs après un délai aléatoire, qui sont horodatés (« chacun des blocs du fichier blockchain est horodaté » p.23)

Après avoir parlé d'une confiance a priori pour tout le monde puisque tout le monde pouvait lire le cahier et y écrire (place de la Concorde…), il s'agit en fait d'une confiance partagé entre un réseau étroit de personnes : « Les informations […] proviennent d'un consensus entre validateurs et constituent un moyen d'établir de la confiance entre eux sans recours à un tiers de confiance." Reste que les non-validateurs devront bien, eux, faire confiance à ce "tiers de confiance" que sont les validateurs....

Après son exemple d'un cahier bien visible, place de la concorde, en joignant une image avec un livre grand comme la place, il s'agit maintenant de s'interroger sur la publicité de l'existence même de la chaine : « L'existence de la blockchain est-elle une information publique ? » p.29... misère...

Après avoir dit que la base était infalsifiable, on a maintenant : « il n'est pas exclu qu'une institution […] écrive de faux diplômes […] mais […] cela n'aura aucun effet sur les diplômes signés par les AUTRES institutions. La blockchain, SAUF pour l'institution fautive, continuera de n'indiquer que des diplômes authentiques » p. 39-40 ….. parmi la somme de n'importe quoi, il y aura de l'authentique, c'est sûr !... comme dans ce livre, en fait...

Après avoir indiqué que les données de la bases sont vérifiées par le système des validateurs, il s'agit en fait de le faire en dehors du système : « pour qu'un étudiant prouve qu'il possède un diplôme, il faudra qu'il en ait gardé une version » p. 40... il faudrait toujours aller récupérer son papier à l'administration à la fin de l'année... quelle révolution !...

Et puis, enfin, pour le professeur émérite qui a bien cerné son sujet : « Il n'existe pas de définition officielle de ce qu'est une blockchain » p.24 ; et surtout : "Écrire un livre sur le sujet est risqué car il se peut que dans trois ou cinq ans tout se soit effondré"... bon ben voilà... merci pour ce moment....
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