AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Nucha


Présenté comme un thriller qui sera apprécié de tout le monde, c'est en fait un jeu cérébral et littéraire très détaché. Quelques chapitres relèvent vraiment de l'essai sur Lovecraft, sa création littéraire, le Necronomicon et même, sur le phénomène du livre imaginé en général. Tout cela est très intéressant, mais forcément déroutant pour le lecteur qui s'attendait à un thriller et aussi limité : il n'y a pas de place pour un véritable essai dans un roman.
En même temps, la partie narrative en pâtit aussi. Les scènes d'angoisse sont parfois décevantes, de nombreuses maladresses de style font perdre à la narration sa crédibilité : "le contact de mes pieds s'ancrant sur le sol ordinaire... me rappelait au réel." ou bien "C'était lui qui s'occupait également de la maquette et de la couverture. Cette dernière (la couverture donc ?), d'une soixantaine de pages tout de même, était souvent recouverte de couleurs criardes..." et il y a aussi un passage sur un rire dont le narrateur se demande "s'il est sérieux". Ledit narrateur "frissonne" à toutes les pages...
On finit par comprendre que, plus que le devenir de son personnage ou le maintien d'une ambiance anxiogène, ce qui importe à l'auteur c'est de partager un univers littéraire et cinématographique (Lovecraft, Derleth, Poe, Borges, Lynch, King), d'élaborer une construction ingénieuse, de mener une réflexion sur la puissance créatrice de la littérature et de l'imagination humaine. On finit donc aussi par se détacher émotionnellement du héros et son désespoir existentiel croissant ne nous touche plus. On voudrait connaître la fin non pas pour savoir ce qu'il adviendra de lui mais pour voir par quelle pirouette scénaristique l'auteur terminera son récit.
Un livre sur l'écriture de livres donc, dans lequel l'auteur finit par tirer la couverture à lui, laissant son pauvre personnage dans la plus complète nudité et la plus grande indifférence du lecteur.

Commenter  J’apprécie          00







{* *}