Citations sur L'Epouvanteur, tome 10 : Le sang de l'épouvanteur (14)
Que m'était-il arrivé ? Toutes ces années où j'avais vécu en danger, soumis à une peur constante, avaient finalement pris leur revanche, c'était la seule explication.
Oh, Tom ! Tout le monde change. Si tu te voyais dans les années à venir, tu seras stupéfait de te découvrir si différent de ce que tu es aujourd'hui, empli de pensées et de sentiments inconnus. Nous changeons sans cesse, mais graduellement, de sorte que nous n'en avons pas conscience.
Environ une heure avant notre départ, j'écrivis ceci:
"Chère Alice,
Tu as disparu sans prévenir, et je me fais du souci pour toi. Mon maître et moi partons ce matin pour Todmorden, où nous allons examiner une collection de livres dont on nous a parlé. Nous serons de retour dans deux ou trois jours.
Sois prudente ! T me manques.
Tom"
A peine avais-je éplinglé mon message à la porte de derrière toute neuve que je perçus le froid caractéristique annonçant l'approche d'une créature de l'obscur. Puis j'entendis des pas dans mon dos. Mon bâton était appuyé contre le mur; je m'en emparai et pivotai pour faire face au danger.
Alice se tenait devant moi, échevelée, l'air épuisée comme après un long et pénible voyage.
Debout ! Bats-toi ! Tue ton adversaire ! Tue-le avant qu'il ne te tue ! Fais comme moi ! Fais comme Grimalkin ! N'abandonne jamais ! Ne te rends jamais !
Si mon maître avait payé de sa vie notre passage à Todmorden, il n'était pas mort en vain. Conscient de la menace qui pesait sur la Comté, je pouvais désormais y faire face. Mais, d'abord, je devais récupérer la tête de l'Epouvanteur et la brûler pour libérer son âme.
Chaque matin, je m'éveille avec l'espoir de voir Alice revenir de sa quête dans l'obscur. À mesure que les heures s'écoulent, mon humeur s'assombrit. Au crépuscule, le chagrin me submerge à l'idée que je ne la reverrai jamais.
Debout ! Bats-toi ! Tue ton adversaire ! Tue-le avant qu'il ne te tue ! Fais comme moi ! Fais comme Grimalkin ! N'abandonne jamais ! Ne te rends jamais !
Il me rappelle les vieux que je voyais, enfant, assis sur la place du marché, à Topley. Ils semblaient s'être retirés du jeu et attendre la mort, se contentant d'observer et de se souvenir.
- Et tout ça vous appartient? lâcha-t-il stupéfait.
- Personne ne peut prétendre qu'une telle bibliothèque lui appartienne, répliqua Dame Fresque. C'est un héritage du passé. Je n'en suis que la gardienne.
-La mémoire humaine est faillible, et la vérité, parfois perdue pour toujours.