AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de jemelire


J'ai pris beaucoup d'intérêt à lire et relire ce récit bien écrit, le récit d'une recherche intérieure, le récit d'une conversion.
L'auteur, Jean-François Delaunay, raconte tout d'abord l'expérience transcendante qu'il a vécue à Tolède en 1981, devant un tableau du Greco, « l'enterrement du comte d'Orgaz ». « Une peinture qui retourne l'être comme on retourne la peau d'un animal, une peinture pour montrer l'âme ». Pour lui, c'est comme si le rideau s'était déchiré et que l'invisible s'était montré à lui. « Dans la fulgurance d'un instant imprévisible, je venais de comprendre que Dieu habitait ce lieu, mais aussi en moi ».
Cette recherche d'absolu le hante depuis toujours, et dans ce récit, il en développe le cheminement, « un cheminement qui engendrait depuis des années insatisfaction, déconvenue, voire dégoût ».
Enfant silencieux, il se ressourçait dans la nature, en communion avec l'invisible. Mais bien que nourri des récits de vies de saints racontés par sa mère, il n'avait aucune appétence pour la religion.
Après quelques années d'études supérieures, il part en Bolivie faire son service dans la coopération. C'est l'occasion de découvrir de nouveaux horizons, aller toujours plus loin, à la suite de Kerouac et de ses « Clochards célestes », d'avaler les kilomètres et multiplier les rencontres, quitte à se perdre en chemin. Intéressé déjà par l'ethnologie et les cultures millénaires, il essaie de sentir « l'énergie » des lieux sacrés, participe à des cérémonies chamaniques, espère une révélation, mais l'émotion n'est pas au rendez-vous. En proie au désenchantement, ne lui reste plus, pour lutter contre une certaine morosité, et une impression d'enfermement, que la rêverie et la poésie.
Mais des douleurs de dos, de plus en plus pénibles, commencent à le tarauder et ne le laisseront plus en paix. Il va devoir affronter le fait que la cause de ses douleurs physiques pourrait être d'origine psychique et a la chance de commencer une psychanalyse au Niger avec un psychanalyste et ethnopsychiatre reconnu. Enfin, il ne cherche plus à l'extérieur la source de ses maux, mais comprend qu'en ce qui concerne l'investigation intérieure, le temps est un facteur qu'il faut prendre en compte. L'auteur détaille ses errements, son cheminement tortueux, son chemin de souffrance : le changement est en cours, il se prépare de façon souterraine, mais extrêmement lente.
Puis il rencontre l'amour. Libération, respiration. Les choses se remettent en ordre. « Ce qui était bancal se redresse, ce qui était obscur s'éclaircit ». L'avenir devient possible.
Pour autant, en lui, le combat spirituel continue à faire rage. Parfois, au milieu des contradictions, des incohérences, apparaissent des moments où les portes s'entrouvrent. Soudain surgit le mot « prière ». Désir de faire le vide pour avoir une chance d'entrer en relation avec le surnaturel, avec le Dieu vivant.
Et un jour…

J'ai aimé le récit de cet itinéraire spirituel qui s'étale sur une dizaine d'années. Tout d'abord, j'ai retrouvé avec émotion l'ambiance, presque le parfum de la fin des années soixante-dix. Mais apprécié plus encore la description sans concession des états d'âme d'un jeune homme en quête d'absolu, son cheminement douloureux à la recherche du dieu intérieur.
Le seul regret est qu'après avoir passé autant de temps en sa compagnie, l'avoir accompagné dans les méandres de sa quête fiévreuse et douloureuse, avec de nombreux allers et retours dans le temps, il nous laisse brutalement sur le seuil. On aimerait savoir la suite : sa vie en a-t-elle été transformée ? A-t-il trouvé la paix ?
A moins que ce soit l'objet d'un nouveau livre…



Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}