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Critique de SophieLesBasBleus


Un roman découvert grâce au Explolecteurs de la Rentrée Littéraire 2017 de Lecteurs.com.

Mâtin, quel roman ! Et la lectrice que je suis de se trouver bien embarrassée au moment d'exprimer l'entièreté de son plaisir et de son admiration ! Par où commencer et surtout comment rendre compte de toutes les facettes de cet ouvrage foisonnant ? Essayons...

L'intrigue initiale pourrait en quelques mots être résumée : la navette spatiale Farewell 000 est sur le point d'effectuer sa dernière mission vers la station orbitale internationale. Sous les ordres du Commandant Harold Pointdexter, l'équipage suit l'entraînement nécessaire au bon déroulement des opérations avant de s'embarquer pour un voyage qui risque de le conduire bien au-delà de la destination attendue. Sauf qu'à ce scénario finalement assez simple viennent se greffer des histoires d'amour, des récits bibliques, un soupçon de polar, une larme d'éclats de rire, une ombre d'espionnage, le tout lié par une écriture qui se plie à toutes les bouffonneries et aux situations les plus rocambolesques...

Car l'équipe que Pointdexter tente de diriger est une sorte de Tour de Babel en réduction qui réunit des spationautes professionnels comme Sergei, colonel de l'armée russe à tendance dépressive, Beth, jeune astronaute américaine au rôle hésitant, Antonio, mexicain amoureux de la précédente, et Chaïm Rosenzweig, candide spatial, juif, français, écrivain de seconde zone sous le pseudonyme de Vincent Delecroix, philosophe de pressing et inénarrable narrateur de ces aventures intersidérales et métaphysiques.

Pourquoi la NASA a-t-elle jugé bon d'intégrer Chaïm à cette mission de la plus haute importance ? Est-ce parce qu'il est juif ? Ecrivain ? Français ? Incompétent en matière d'astrophysique ? Frère d'un philosophe de renom nommé Abel ? Peut-être pour toutes ces raisons à la fois, car, endossant le rôle d'une Shéhérazade moderne, Chaïm manipule l'histoire à son gré et utilise sa virtuosité de conteur pour tenir captifs ses partenaires, les temporalités, la navette elle-même... et ses lecteurs ! Et c'est vertigineux !

Vincent Delecroix se permet tout et réussit tout dans ce roman, qui, pour moi, est une extraordinaire leçon de théorie littéraire et de philosophie. En jouant avec les conventions et les codes romanesques, il met en évidence leur fonctionnement et instaure avec le lecteur une complicité espiègle et ironique fort réjouissante. Tout fait sens dans cette richesse formelle, qui marie récits enchâssés, pastiches, intertextualité, éclatement des frontières génériques et un échantillon impressionnant de procédés narratifs ! La construction même fonctionne comme une fusée en pleine ascension dont les étages se séparent progressivement jusqu'à ce qu'il ne reste plus que la structure essentielle : celle qui mène à la destination finale.

En lisant "Ascension", j'ai eu l'impression d'être dans la "centrifugeuse" de la base d'entraînement : bousculée, ballotée, débordée, emportée dans une dimension inouïe où tout est prétexte à rire en réfléchissant et à s'enrichir sans se prendre au sérieux. Un voyage si étourdissant, si éblouissant, que je suis prête à le recommencer pour en apprécier encore davantage tous les charmes et en goûter tous les sucs !
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