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Critique de Merik


Merik
21 septembre 2019
Un livre parmi d'autres. Non pas de ceux dans leur habit de rentrée, parés de brillantine pour mieux se refléter dans la vitrine. Plutôt un ancien, aux multiples étapes domestiques. Il sait encore se faire remarquer à la brocante aux feuilles jaunies, sur l'allée des marronniers. Le lecteur le distingue en tout cas. Il le prend puis consulte ses effluves de poussière. Il se demande pourquoi il ne l'a jamais lu celui-là, pourtant si connu.
Le marchand boit rouge au stand voisin, c'est pas tous les jours qu'ils se retrouvent les forains. Le lecteur le remet sans le connaître, le réseau invisible des liens se tisse déjà entre le livre, son propriétaire actuel et le suivant. Les voilà tous deux face à face maintenant, le livre entre eux. La barbe du vendeur tremblotte le prix, pas même besoin d'aller vérifier en première ligne. Affaire conclue.
Le livre a été déposé dans sa nouvelle demeure, une bibliothèque où il n'y est pas seul. Au milieu des habitués du lieu il paraît incongru. Le temps d'y faire sa place, de se fondre dans le quartier des non lus, il devra apprendre à se faire désirer.
Il faudra que les feuilles se mettent à voltiger à l'extérieur pour que celles du livre se mettent à frémir. L'appel des souvenirs taquine les histoires qu'il sait si bien raconter. Pourtant le lecteur ne le repère pas vraiment, le lecteur ne s'en souvient pas vraiment, le lecteur ne le déloge pas vraiment. C'est le livre qui ondoie ses récits, et qui éclot entre ses mains. C'est lui qui distille ses fragrances, lui fait tâter ses matières, lui infuse ses petits bonheurs. Il lui ouvre la nostalgie pour de bon, à l'abri des feuilles qui valsent au dehors.
Plus tard, le lecteur replace le livre dans le meuble aux feuilles bien rangées. Et il se demande si ce n'est pas le livre, le plus grand des plaisirs minuscules.
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