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Critique de LadyDoubleH


« Mon arrière-petite fille ne connaîtra jamais les détails de ma vie palpitante à califourchon entre deux siècles. Et quand s'éteindra dans un râle terrible ou dans un petit hic silencieux la dernière personne qui aura entendu parler de moi, ça sera vraiment fini. Trois pelletées de terre sombre et puis basta. »

Alors cet homme, ce père, la quarantaine, décide d'écrire à une hypothétique future arrière-petite fille, qu'il baptise Anna - quel beau choix, d'ailleurs -. l'imaginant jeune fille (alors que ses propres filles n'ont même pas encore dix ans, ou à peine). Lorsque cette Anna vivra, lui-même aura disparu du monde des vivants. « Quand tu poseras tes yeux sur ces lignes, ça sera à mon tour de me disperser dans le vent, la pluie, les saumons et le fromage. » Cette lettre-testament est un recueil de souvenirs articulé en chapitres parfois très courts. L'auteur se dévoile et se raconte au travers, au détour, de petits souvenirs ou de grands moments vécus enfant, d'instants de vie sauvés du temps, pépites restées intactes au coeur de la mémoire.

Ce genre d'exercice d'écriture est périlleux. On aurait pu s'ennuyer ferme, se perdre, ne pas y croire, se sentir voyeur ou décalé. Et bien il n'en est rien, au contraire : Nicolas Delesalle ici est virtuose. Il nous emporte dans son île aux enfants, et c'est vraiment du bon temps. Comment dire… le rythme du récit est sans faute. Les souvenirs prennent corps à mesure dans un temps qui leur est propre, et pourtant on ne se perd jamais. C'est souvent drôle, parfois vraiment touchant. le ton est toujours juste, et l'écriture, ah, l'écriture de Nicolas Delesalle est magnifique ! « Au plafond, un ventilateur antédiluvien tournait au ralenti et découpait de grosses tranches d'air tiède qui me tombaient sur le visage. » En lisant cette première phrase du livre, j'étais déjà conquise.

Ces souvenirs ont réveillé les miens, et ça a été un coup de coeur. Finalement, j'aurais voulu que ce livre soit deux fois, dix fois plus long, pour ne pas avoir le regret de l'avoir déjà terminé.
… Mais grâce à Babelio et aux éditions Préludes, « Un Parfum d'herbe coupée » trône maintenant dans ma bibliothèque, et donc : je pourrai m'y replonger quand je veux ! Un grand merci.
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